1 – Extrait du dimanche – Karl Marx.
- ” L’histoire de toute société jusqu’ici est l’histoire de la lutte des classes.”
2 – Mot du Dimanche : Faut-il dire « revenons à nos moutons » ou « revenons à nos mots et tons » ?
L’expression tire son origine d’une anédocte de 1464.
Il s’agit d’un avocat douteux qui a volé des marchandises à un commerçant de drap.
Et dans un procès, on juge un berger qui a volé des moutons au même commerçant de drap.
Victime de deux vols et étonné de voir le voleur de ses marchandises dans les lieux où se déroule le procès du voleur de ses moutons, le commerçant de drap s’embrouille et entremêle les deux histoires.
Le juge ne sachant pas pourquoi le commerçant lui parle de draps alors qu’ils font un procès sur le vol de moutons dit: « Revenons à nos moutons » pour dire simplement revenons à l’histoire des moutons.
C’est de cette anecdote qu’est née l’expression « Revenons à nos moutons ».
En connaissance de cause, nous devons, à partir de maintenant, retenir qu’il faut dire « Revenons à nos moutons » et non « Revenons à nos mots et tons ».
3 – Lecture du dimanche – Résumé corrigé.
En réalité, la théorie qui place la raison à la source de la connaissance est, en Grèce, une théorie parmi d’autres. Certains penseurs, au contraire, valorisaient les sens comme on l’a vu avec Protagoras. D’autre part, il convient de rappeler la complexité de la raison des Grecs, sur laquelle d’ailleurs Senghor attire l’attention. Ajoutons qu’excepté les sophistes, ces intellectuels plutôt « hérétiques », et Démocrite, le théoricien de l’atomisme, tous les penseurs grecs divinisent la nature, le divin étant tout ce qui n’est pas humain, tout ce qui échappe au pouvoir de l’homme : donc les conditions atmosphériques, l’air, les vents, le soleil, l’eau. D’une manière générale, les Grecs n’ont pas opposé la foi et la raison.
Par ailleurs, la tragédie grecque a connu son développement prodigieux au 5e siècle avant Jésus-Christ parce qu’il fallait procurer aux Athéniens de l’émotion : on allait voir les pièces de tragédies pour s’émouvoir au destin tragique des héros, ces surhommes accablés par un destin implacable et au crépuscule de leur glorieuse vie !
Pour en revenir aux Nègres, c’est une raison pratique qu’ils ont développée, juste ce qu’il fallait de raison pour diriger et organiser leur société humaine. Senghor a observé leur « mépris de la raison et des spéculations morales », en précisant qu’ils ne méprisent pas, en revanche, la morale pratique. Cheikh Anta DIOP, dans Civilisation ou Barbarie, limite à peu près à la même portée la raison nègre.
Senghor, tout révolté qu’il est contre la superbe occidentale, n’en semble pas moins avoir admis une critique que les Blancs ont dû susurrer maintes fois : les Nègres sont plus riches de « dons » (il s’agit des dons naturels) que d’”œuvres (entendez que de réalisations scientifiques et matérielles).
Senghor se met en effet à nomenclaturer les valeurs des Nègres : celles-là que l’Homme Noir détient face au monde dominant qui, en début de siècle, réclamait justement autre chose que la seule raison. Bergson, dans les Deux sources de la morale et de la Religion, réclame un « supplément d’âme ». Les valeurs nègres ont nom la foi, l’humanité, l’intuition, l’amour, l’ouverture à l’autre et au Cosmos, que l’on rapprochera de « 1’accueil universel » de Gide, la sensualité, la puissance d’émotion. Le monde occidental a besoin de ces valeurs humaines qu’il a perdues. Et voilà que ce sont les Noirs qui peuvent les lui apporter : les Noirs ont donc bien un rôle historique à jouer au sein de l’humanité. Un rôle même messianique. Ainsi, dans « ce que l’Homme noir apporte », on lit : “Le service nègre aura été de contribuer, avec d’autres peuples, à refaire l’unité de l’Homme et du Monde, à lier la chair à l’esprit, l’homme à son semblable, le caillou à Dieu.
Madame Marne SOW DIOUF,
Communication au Colloque senghorien de Dakar, 10-11 Octobre 1996.
Après avoir résumé ce texte de 480 mots au tiers de sa longueur initiale, vous discuterez cette affirmation de l’auteur : « Le monde occidental a besoin de ces valeurs humaines qu’il a perdues. Et voilà que ce sont les Noirs qui peuvent les lui apporter. »
CORRECTION
Proportions : 480 mots au 1/3 = 144 c’est à dire entre 160 et 176
- Analyse de texte
Idée générale : L’apport du Nègre à la civilisation occidentale
Plan détaillé
1°) Les éléments constitutifs de la connaissance chez les occidentaux (1er paragraphe)
– Théorie selon laquelle la raison est la source de la connaissance pas unanimement partagée en Grèce ancienne : beaucoup de penseurs accordent une place importante à l’émotion.
– Ils considèrent que la nature participe du sacré et ne font pas de distinction entre religion et raison…
– Preuve : la place de l’émotion dans la tragédie grecque
2°) Le cas des nègres (2e paragraphe…fin)
– La raison ne commande pas tout : l’émotion joue un rôle important
– Prééminence des valeurs morales qui justement font défaut à l’occident
– L’apport des noirs peut être judicieux dans la quête d’un monde plus humain
Sujet Discussion : « Le monde occidental a besoin de ces valeurs humaines qu’il a perdues. Et voilà que ce sont les noirs qui peuvent les lui apporter »
- Thème abordé : apport du nègre à la civilisation occidentale
– Problématique : le cartésianisme suffit-il à l’Europe ? Ne peut-elle pas profiter de l’humanisme nègre ?
- Plan de développement : dialectique
Opposition des concepts : mythe (opinion généralement admise) et réalité (ce qu’il en est réellement)
Première partie : le mythe
– La prétendue supériorité du monde occidental.
– Esprit cartésien, science et technique
– Retard des Africains dans ces domaines
– Européocentrisme – nombrilisme des Européens qui considèrent leur civilisation comme la meilleure
– Mépris des autres civilisations, théorie de la table rase etc.
Deuxième partie : la réalité
– Supériorité occidentale à relativiser
– Retard dans le domaine des valeurs humaines
– Cf. Rabelais : « Science sans conscience….. »
– Cf. Einstein : « Etrange époque, où il est plus facile de vaincre l’atome que de combattre un préjugé »
– L’occident peut s’inspirer des valeurs morales en vigueur chez les « nègres »
4 – Profil du dimanche – Souleymane Bachir Diagne.
Souleymane Bachir Diagne est un philosophe de la traduction et du dialogue entre Afrique et Occident, islam et modernité. Il est né en 1955 à Saint-Louis, au Sénégal. Lycéen, il se passionne pour la pensée existentialiste de Jean-Paul Sartre, puis pour la philosophie de la durée créatrice d’Henri Bergson, auteur qu’il étudie pour l’agrégation de philosophie. Il étudie à Paris, en classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand, puis à l’Ecole normale supérieure, à la fin des années 1970, sous la férule du « maître marxiste » Louis Althusser et de la star de la déconstruction, Jacques Derrida. Il s’intègre parfaitement au lieu et au moment (agité), sauf qu’il a droit à un menu spécial à la cantine de la rue d’Ulm, lui qui mange hallal. C’est également lui qui raccompagne ses camarades après les soirées arrosées du Palace, puisqu’il est le seul à ne pas boire.
Musulman pratiquant, fils de théologien, Diagne ne voit aucune contradiction entre la recherche de la vérité et sa propre foi. Spécialiste de logique, il remarque, de retour à Dakar, de plus en plus de femmes voilées. C’est alors qu’il cherche des formules neuves pour concilier islam et vie contemporaine. Diagne découvre alors Mahomet Iqbal (1877-1938) ; ce penseur indien, qui a dialogué avec Bergson, promeut un islam dont la nature est d’inventer l’avenir au lieu de répéter un passé figé. À la suite de quoi, Diagne se met à enseigner la pensée islamique et publie plusieurs ouvrages sur le sujet, notamment Comment philosopher en islam ? (2016). Il consacre également un ouvrage sur Bergson postcolonial. L’élan vital dans la pensée de Léopold Sédar Senghor et de Mohamed Iqbal (2011), il dialogue sur l’Afrique avec l’anthropologue Jean-Loup Amselle dans En quête d’Afrique(s). Universalisme et pensée décoloniale (2018), et lors d’un dialogue serré et tendu, il affronte le philosophe catholique Rémi Brague sur toutes les questions qui fâchent à propos de l’islam dans La Controverse. Dialogue sur l’islam (2019).
Professeur à l’Université de Columbia à New York, Souleymane Bachir Diagne est aujourd’hui un « intellectuel global » qui circule entre les États-Unis, la France et le Sénégal, où il fait partie, en février 2019, des observateurs aux élections présidentielles.
5 – Annonce du dimanche
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