Hier soir, la clarté de la lune avait été suffisante pour qu’on n’allumât pas de feu. La danse avait commencé vers huit heures. Aux accents redoublés des tambours, Alouma s’était mise à danser. En tant que grande vedette, on lui avait laissé toute une place. Les doigts des batteurs rebondissaient avec une rapidité inouïe sur la surface tendue du cuir fin. Au milieu des chants, des ovations délirantes et des claquements de mains, la Jeune fille au corps vibrant, les yeux à demi fermés, penchée en avant, avançait, étalait toute sa grâce et sa beauté.
Kocoumbo avait eu cette vision et une jalousie mal définie s’était emparée de son cœur. Sans se soucier des soupçons que son geste pourrait faire naître dans les cœurs, Kocoumbo s’était jeté près d’Alouma. D’ailleurs lui aussi était le roi de la danse.
II n’avait pas hésité ; il n’avait plus eu honte. Son corps s’était mis à se trémousser de bas en haut. Il s’appliquait à faire montre de toute sa science, à ce qu’aucun des gestes de son exhibition n’échappât à la jeune fille. Il tournait sur lui-même en pivotant sur ses talons, contournait Alouma, revenait a son point de départ, se dérobait et retournait la rejoindre… .
Pendant toute cette pantomime, elle feignît d’être inconsciente de la présence de Kocoumbo. Cette indifférence avait obligé le jeune homme à déployer tout son art. Sa danse était devenue endiablée. Il développait sa technique à pas rapides, avec des mouvements prestes. Devant ses prouesses, les spectateurs ne ménageaient pas leurs approbations tumultueuses.
AKE LOBA (Kocoumbo l’étudiant noir)