- I. La deuxième guerre civile (1945-1949) et la victoire des communistes
Après la capitulation japonaise du 2 septembre 1945, la guerre civile reprend entre les nationalistes de Tchang Kaï Chek soutenus par les Etats-Unis et les communistes de Mao Zedong soutenus par l’Union soviétique. Ce conflit dévaste la Chine de 1945 à 1949.Les troupes communistes victorieuses s’emparent du pouvoir le 1er octobre 1949 et les nationalistes se réfugient dans l’île de Formose pour y créer la République de Chine nationaliste (Chine Taiwan).
II. L’évolution de la Chine de 1949 à 1976
En 1949, la Chine est déjà un pays très peuplé (500 millions d’habitants en 1949), très pauvre et très divisé qu’il faut reconstruire.
1. La reconstruction économique (1949-1952)
Pour mettre le pays en marche, le Parti communiste chinois (PCC) adopte trois mesures principales :
– la réforme agraire du 28 juin 1950 qui détruit le système de propriété traditionnelle et permet aux paysans pauvres de disposer de terres ; les paysans disposent des lois de terres
– la réforme de l’industrie par la nationalisation d’entreprises appartenant aux grandes familles capitalistes liées au Kuo Min Tang (Guomindang) et aux capitalistes étrangers ;
– les mesures politiques, sociales et culturelles : lois sur le mariage du 30 avril 1950 visant l’émancipation de la femme, effort de scolarisation grâce à la réforme de la langue, campagne pour la conversion des intellectuels au marxisme-léninisme.
2. La mise en place du régime socialiste (1953-1957)
Ayant besoin de l’URSS pour se reconstruire après 15 ans de guerre, la Chine adopte le modèle soviétique. Cette période est marquée par l’adoption de trois grandes mesures :
– le 1er Plan quinquennal (1953-1958), qui donne la priorité à l’industrie lourde pour stimuler la production industrielle et désenclaver la Chine intérieure ;
– la réforme agraire de 1955 qui met en place une agriculture de type collectiviste sur le modèle soviétique ;
– la Nouvelle Constitution adoptée en 1954, qui présente beaucoup de ressemblances avec celle de l’URSS et garantit les libertés fondamentales (liberté d’opinion, liberté d’expression, liberté d’affichage à travers les dazibaos).
Toutefois des restrictions à ces droits montrent bien les limites imposées aux libertés. Par exemple, la campagne des « Cent Fleurs » (« déstalinisation à la chinoise ») initiée en 1956 est suspendue l’année suivante. La campagne des cents a été mise en place pour permettre à la population de critiquer les régimes en place. Le pouvoir de Mao est sévèrement critiqué et le grand Timonier en profite pour identifier les opposants au régime composés essentiellement d’intellectuels qui seront exécutés plus tard. Mao reprend la main sur le parti et en profite pour rompre avec l’URSS et répond par le « Grand bond en avant ».
3. Le « Grand bond en avant » (1958-1961)
Les objectifs du « Grand bond en avant » sont définis dans le 2e Plan quinquennal de 1958. Il est question, selon Mao, d’accélérer le rythme de la production par une mobilisation des masses pour atteindre 250 % de croissance dans la production céréalière et doubler la production d’acier en un an. 26 000 communes populaires de 5 000 familles chacune sont créées ainsi que 2 millions de petits hauts-fourneaux. La nouvelle stratégie invite la Chine à «marcher sur ses deux jambes» mais le « Grand bond en avant » connaît un cuisant échec avec près de 40 millions de morts. En conséquence, la tendance de Liu Shaoqi, favorable à la recherche du progrès économique, connaît une ascension fulgurante dans la vie politique.
Le régime communiste vacille. Mao est mis en minorité au sein du Parti communiste chinois. Il doit abandonner la présidence du Parti à Liu Shaoqi. Mais il contre-attaque et lance la « Grande révolution culturelle prolétarienne ».
4. La « Grande révolution culturelle prolétarienne » de 1966 et ses prolongements
Dernière grande initiative du « Grand Timonier », cette révolution a pour objectif officiel de combattre de révisionnisme. En réalité, à travers la « Grande révolution culturelle prolétarienne », Mao cherche à éliminer ses principaux adversaires dont Liu Shaoqi et Deng Xiaoping et à récupérer le pouvoir perdu. Elle se traduit par de violentes attaques contre les cadres du PCC et les intellectuels, la répression féroce effectuée par les « Gardes rouges » contre les dirigeants opposés, la publication du Petit Livre Rouge et, enfin, la création de comités révolutionnaires ouvriers dans toutes les grandes entreprises. Le bilan économique et humain de la « Grande révolution culturelle prolétarienne » est lourd (2 millions de victimes).
Cependant, à partir de 1969, la Chine entre dans une période de reconstruction et accède à la scène internationale. Elle devient membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU en 1971 et reçoit le président américain Richard M. Nixon en visite officielle à Pékin en février 1972. La fin de la « Grande révolution culturelle prolétarienne » est officiellement annoncée en 1977, un an après la mort de Zhou Enlai (8 janvier 1976) et de Mao (9 septembre 1976). Cette année 1977 marque la défaite des radicaux maoïstes (la « Bande des Quatre » dont la femme de Mao Jiang Qing) et le rétablissement de Deng Xiaoping à la tête du Parti et de l’Etat.
III. L’après Mao ou l’ouverture sur l’extérieur
A partir de 1977, la politique des « Quatre modernisations » (idée de Zhou Enlai de moderniser l’agriculture, l’industrie, la recherche et la Défense nationale) devient la doctrine officielle. L’entreprise privée est autorisée dans les industries de consommation. L’économie s’ouvre de plus en plus sur l’extérieur : la Chine entre au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale en 1980. Des Zones économiques spéciales (ZES) sont créées à partir de 1978 sur le littoral pour attirer les investissements étrangers.
Sur le plan politique, la Chine entretient des relations officielles avec les Etats-Unis, le Japon et l’URSS. Les actes de Mao sont critiqués mais sa pensée politique est intouchable, c’est-à-dire que les changements politiques sont limités. Le massacre de la place Tian’anmen (3-4 juin 1989, « Printemps de Pékin ») contre les étudiants et les intellectuels qui réclamaient plus de démocratie, montre que les libertés fondamentales sont souvent bafouées (plus de 700 morts). Lors du XIVe Congrès du PCC (octobre 1992), la politique d’économie socialiste de marché est lancée. En 1993, la Chine devient le 2e pôle d’investissements derrière les États-Unis.
Conclusion
Pays longtemps replié sur lui-même, la Chine s’est engagée dans la voie socialiste pour se développer. Après la mort de Mao Zedong, Deng Xiaoping développe un socialisme pragmatique et apparaît comme le précurseur de la « perestroïka » à la chinoise. Cependant des limites sont imposées à la restructuration du modèle chinois. Aussi le peuple réclame-t-il avec insistance une « cinquième modernisation » : la démocratie.