L’art est en train de remplacer la Religion. Je ne préconise pas ce changement : je le constate. Il est naturel que, dans une Europe qui se déchristianise à pas de géant, en partie, parce la religion a cessé d’être une œuvre d’art, les hommes se tournent vers l’art. C’est que celui-ci est resté le suprême recours. Nous élevant au dessus de notre condition humaine, l’art nous met en relation directe, en communion avec l’univers et, au centre de celui-ci avec l’être, pour parler comme Martin Heidegger. Qu’on l’appelle Dieu ou d’un autre nom, peu importe. Ce qui importe. Ce qui importe, c’est que cette connaissance-communion, qui nous unit à l’Etre intégral, engage, tout notre moi : nos deux raisons, l’intuitive comme la discursive. mais encore notre sentir et notre vouloir, bref, notre corps et notre âme, tous deux confondus.
La Civilisation des Loisirs provoquera la révolution qu’on annonçait déjà, au milieu du siècle, pour l’an 2001. Les micro-ordinateurs et les machines-outils, dont les robots, auront été poussés à leur perfection, allongeront les loisirs, même pour les travailleurs ruraux. C’est dire que vous autres, ingénieurs et autres techniciens, ne serez pas au bout de votre peine : de votre fonction d’inventeurs. Il vous faudra révolutionner, non peut-être pas l’art mais les conditions de la création artistique et de la participation à la vie de l’ œuvre d’art, comme le faisaient les Chrétiens, autrefois, à la célébration des cérémonies religieuses . Je songe à la révolution des musées, des théâtres, des salles de musique et de danse : à la révolution de leur architecture. et de leur fonctionnement. Je pense que toute notre vie sera une œuvre d’art : jusqu’aux repas, aux vêtements, à la vie familiale dans les maisons, jusqu’aux, sports, au tourisme, à la simple promenade dans un jardin public, sur un trottoir. Songez qu’il y a, aujourd’hui , des professeurs, et donc des ingénieurs, du design. C’est un bien vilain mot pour désigner une belle chose. Si j’en crois Jocelyn de Noblet d’Anglure, professeur de design à l’Université de Metz, c’est un « dessein », c’est dire un « projet », et un « dessin » , c’est à dire un « modèle ». Il s’agit, d’un mot et dans le domaine industriel, d’une science spécialisée, d’un ensemble, de techniques qui permettent, dans la construction d’une usine, d’une machine, d’un instrument de travail, de joindre l’efficacité à la beauté, l’ingéniosité à l’art. C’est dire qu’ici l’ingénieur revient aux nobles sources de sa fonction : il redevient un artisan habile, un savant et un artiste., d’un mot, un créateur, je dis, une fois de plus : un poète.
Léopold Sédar SENGHOR Liberté 5 – PP. 126-127
Vous résumerez ce texte en 130 mots (plus ou moins 10 %).
Puis vous discuterez cette affirmation :
« II est naturel que, dans une Europe qui se déchristianise à pas de géant, en partie, parce que la religion a cessé d’être une œuvre d’art, les hommes se tournent vers l’Art ».
CORRECTION
Proportions : entre 117 et 143
Analyse du texte
Idée générale : pour Senghor, tout comme le poète, l’ingénieur doit se préoccuper de la dimension esthétique de ses œuvres.
Plan du texte
1- « Début…….confondus » : les raisons de la substitution de l’art à la religion
– Constat : l’art est en train de remplacer la religion
– Causes : la déchristianisation
– L’art, moyen de « connaissance- communion
2- « La civilisation……..fin » : nécessité de la prise en compte de la dimension artistique dans la future société de loisirs.
– Futur triomphe des loisirs
– Rôle désormais dévolu aux hommes de sciences : « révolutionner …..les conditions de la création artistique et de la participation à la vie de l’œuvre d’art »
– Place centrale de l’art dans cette nouvelle vie
– Désormais, il est nécessaire en tout d’associer l’utile à l’artistique
Sujet Discussion : « II est naturel que, dans une Europe qui se déchristianise à pas de géant, en partie, parce que la religion a cessé d’être une œuvre d’art, les hommes se tournent vers l’Art ».
Thème abordé : Renaissance de l’art ( Europe)
Problématique : analyse d’une redécouverte de l’Art dans la société moderne européenne.
• Qu’est- ce qui explique ce retour inéluctable vers l’art ?
• A quoi tient l’importance grandissante de l’Art dans la vie d’aujourd’hui ?
Plan de développement.
Thèse : Déchristianisation entraînant le retour vers l’Art
– Prise de conscience d’une société trop matérialiste
– Constat d’une civilisation trop brute ( sans artifice)
– Besoin de rêve et d’évasion dans une société trop utilitaire
– Capacité à élever l’homme vers une forme de spiritualité perdue.
– Remédiation à la soif de redécouverte de l’essence humaine
– Retour à un Ici moins assujetti à un matérialisme scientifique
Antithèse : Déchristianisation ne consacre pas forcément un retour vers l’Art.
– Déliquescence des valeurs
– Attrait de la science comme recours aux problèmes quotidiens de l’humanité
– Engouement pour l’Art ne procède pas forcément d’une déchristianisation mais plutôt de l’amélioration sensible des conditions de vie.
Proposition de modèle de corrigé : texte de L.S. Senghor intitulé « Ingénieur et poète », Bac 1996.
L’art supplante la religion. C’est un fait. Naturellement, en Occident où le Christiannisme fascine de moins en moins, les hommes s’orientent vers l’art. Ce dernier constitue un refuge sûr qui permet la communion avec l’univers et avec Dieu : l’Être supême.
L’ère des loisirs induira une démocratisation des divertissements même pour les campagnards. Aussi vous autres scientifiques devrez repenser les conditions de la production artistique et de l’usage de ses œuvres.
L’art occupera une place centrale dans notre existence. Aujourd’hui, il existe des spécialistes du design. Ce mot désigne une science qui dans tout processus de production industrielle cherche à allier la fonctionnalité à la beauté. L’ingénieur retrouve alors son statut d’esthète, d’inventeur.
Texte reformulé en 125 mots.
Attention ! ceci n’est qu’un exemple de production fait par un élève de terminale. L’ayant jugé assez bonne, cette reformulation a été proposée par l’équipe mais en aucun cas elle ne peut être validée comme modèle type.
4 – Profil du dimanche – Fidel Castro.
Fidel Castro est né le 13 juin 1926 à Colonia Biran (Cuba) et mort le 25 novembre 2016 à La Havane (Cuba). Père de la révolution cubaine contre le gouvernement de Batista, il arrive au pouvoir en 1959 et instaure un gouvernement communiste, anti-nord-américain, auprès notamment d’Ernesto “Che” Guevara et de son frère Raul Castro. Menant une politique de main de fer, il cède sa place à son frère en 2008 et décède en 2016. Marquant l’histoire de Cuba et de l’Amérique latine, il reste un personnage controversé, idéalisé par certains et désigné par d’autres comme dictateur.