Le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) s’est prononcé sur les 30 milliards de Fcfa mobilisés sur 3 ans pour doter les élèves en tenues scolaires. Le Sels demande la réorientation de cette enveloppe au bénéfice de l’école sénégalaise.
« Le Président de la République a pris la décision de doter les écoles de tenues scolaires à compter de la rentrée 2021/2022. Ce projet bien que socialement et pédagogiquement compréhensible pose le problème d’opportunités et de priorités à définir dans le système éducatif. Le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), considère que c’est moins en termes de pertinence, que de cohérence, de contexte qui n’y s’y prête pas, d’opportunités mais surtout de priorités qu’il faut analyser le débat. Quand on n’a des ressources financières limitées on s’organise en planifiant ces actions selon les priorités et les urgences pour une gestion durable du secteur de l’éducation et de la formation. Le gouvernement du Sénégal, bien qu’ayant investi environs 946 milliards soit 26% de son budget dans l’éducation, peine à relever les défis des recommandations des Assises de l’éducation et la formation. Il s’y ajoute que le passif social reste à ce jour très lourd avec beaucoup de revendications syndicales et d’accords signés non respectés », affirment le Sels dans une déclaration rendue publique dimanche.
Dès lors «il est urgent de réfléchir sur un mécanisme pouvant aider à résorber ces passifs qui risquent de plomber le système éducatif les mois et ou années à venir », selon le Sels qui «estime que face aux maux qui gangrènent le système éducatif sénégalais, le gouvernement aurait pu solder les passifs qui sont aussi des intrants de qualité du système éducatif à savoir: le programme zéro abris provisoires, le recrutement conséquent d’enseignants bien formés, la dotation en nombre suffisant de tables bancs et de manuels scolaires pour combler les déficits , le dégel des prêts Dmc, le paiement des rappels de validation, d’intégration, de reclassement et d’avancement, la révision des textes portant sur le statut des enseignants non fonctionnaires . Il faut aussi ajouter à cette longue liste la difficulté d’accès à l’eau que connaissent nos écoles en ces moments de pandémie, la démotivation progressive du personnel, la recrudescence de la violence en milieu scolaire, la rupture du dialogue social… ».
Pour les syndicalistes, « le gouvernement gagnerait à ouvrir d’abord des concertations et des consultations avec les différents acteurs pour mieux cerner ces problèmes qui plombent le système éducatif depuis des années et agir en tenant compte des priorités ». Le Sels qui « considèrent qu’il n’est pas encore tard pour rectifier le tir en allant dans le sens de la réorientation de cette enveloppe au bénéfice de l’école sénégalaise », lance « un appel solennel au gouvernement pour un retour à l’orthodoxie du dialogue et de la concertation sur toutes les questions qui concernent l’école sénégalaise. Depuis bientôt deux ans aucune rencontre sérieuse entre le gouvernement et les organisations syndicales ne s’est tenue avec comme conséquence l’accumulation de frustrations et les décisions unilatérales souvent impopulaires. L’école est un bien commun il faut alors créer les conditions d’échanges sur ce qui la concerne dans le cadre d’un dialogue social sincère, inclusif et constructif ». Enfin « nous recommandons à la communauté éducative notamment aux organisations syndicales à se tenir prêts pour faire face. Vivement que notre appel soit entendu par tous pour une école sénégalaise de qualité ! », met en garde le Sels.