Sujet.
Dans Cahier d’un retour au pays natal (1939), s’adressant à son peuple meurtri, Aimé Césaire écrit : « si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai ».
Expliquez d’abord pourquoi certains écrivains s’autoproclament avocats des communautés opprimées. Ensuite, montrez que, pouvant se réduire entre l’artiste et son texte, ce discours littéraire peut être beaucoup plus intime. Enfin, justifiez comment l’activité créatrice littéraire est, avant tout, une forme de conversation avec les mots de la langue.
√ Le travail au brouillon proprement dit :
ÉTAPE 1 : LE THÈME (À dégager).
Cette étape permet au candidat de ne pas s’exposer à un hors-sujet. Il est conseillé de subdiviser le thème en deux parties :
- Thème général.
Il répond à la question suivante :
De qui ou de quoi parle-t-on dans le sujet ?
* Dans ce sujet, on parle du destinataire du projet d’écriture littéraire de l’écrivain (dans la littérature en général puisque aucun genre littéraire n’a été précisé dans le sujet).
- Thème particulier.
Il répond à la question suivante :
Qu’est-ce que l’auteur des propos émis dans le sujet en pense ?
* L’auteur pense que l’écrivain doit être le porte-parole de son peuple, d’où la fonction engagée qu’il doit jouer.
ÉTAPE 2 : L’ORIENTATION (À identifier).
Cette étape permet au candidat de se limiter à ce que demande le sujet. Généralement, au bac, on soumet à l’élève l’un de ces deux sujets :
- Sujet à orientation analytique :
C’est un sujet où le thème particulier est indiscutable. La consigne demande de l’analyser, de l’expliquer, de l’éclaircir, de l’expliciter ; donc il faut le JUSTIFIER, de le VÉRIFIER (ces deux derniers verbes synonymes proviennent l’un de l’adjectif »juste » et l’autre de l’adjectif »vrai »). Devant ces genres de sujets, on démontre donc tout simplement qu’on est tout à fait d’accord avec les propos qui y sont émis.
- Sujet à orientation dialectique :
C’est un sujet où les propos émis contiennent une contradiction, une polémique parachevée par une réconciliation : au moins deux avis distants (thèse et antithèse) réconciliés par un verdict (synthèse si elle est exigée dans la consigne). Devant ces genres de sujets, dans un premier temps, on VÉRIFIE (c’est la thèse) ; dans un deuxième temps, on RECTIFIE (c’est l’antithèse) ; dans un troisième temps, avec beaucoup de hauteur d’esprit, on les RÉCONCILIE (c’est la synthèse).
Généralement, trois raisons prioritaires peuvent autoriser à dire que l’orientation d’un sujet est analytique ou dialectique.
- Priorité 1 : la consigne.
Si nous découvrons un RAPPORT D’ADDITION entre les deux premières parties, l’orientation est ANALYTIQUE.
Si nous découvrons un RAPPORT D’OPPOSITION entre les deux premières parties, l’orientation est DIALECTIQUE.
- B. Pour les anciennes consignes, c’est le verbe employé dedans dont on cherche à comprendre le sens pour s’autoriser à affirmer que l’orientation du sujet est analytique ou dialectique. Si cette consigne est floue, ténébreuse à notre entendement, on se rabat sur la priorité 2.
- Priorité 2 : les connaissances.
Nos connaissances acquises (dans les courants et genres littéraires) confrontées au thème particulier peuvent autoriser à affirmer que l’auteur a tout à fait raison (analytique) ou non (dialectique). Notre avis définitif sur l’orientation à donner au sujet peut être corroboré (fortifié) par la priorité 3.
- Priorité 3 : le mot lacunaire.
C’est le mot de trop où se situe l’erreur, erreur qui témoigne d’un oubli, d’une négligence, d’une exagération. S’il est employé, l’orientation a des raisons d’être dialectique ; s’il n’est pas employé, l’orientation, non contredite par la consigne, est analytique.
Néanmoins, les données ont changé depuis l’instauration de ce qu’on appelle communément »la consigne améliorée ». Au Sénégal, depuis quelques années, les consignes du genre :
√ »Qu’en pensez-vous ? »
√ »Que vous inspirent ces propos ? »
√ »Expliquez et discutez »
√ »Commentez cette opinion »
√ Etc.
sont désormais abolies.
Par conséquent, pour ce sujet (présenté tout en haut) et soumis à la réflexion du candidat, l’orientation est évidemment dialectique. L’énoncé qui obéit à une structure ternaire est sans ambiguïté au vu et au su du sens et des connecteurs logiques employés dans la consigne. Les deux premières phrases entretiennent une relation d’opposition et pas d’addition.
ÉTAPE 3 : LE PLAN (À schématiser).
Cette étape permet au candidat de parler de tout le sujet, de répondre à toutes les attentes de l’examinateur. Il devra donc tracer une bonne feuille de route qu’il suivra pas à pas, dans le corps du devoir (le développement).
Avant tout, il faut harmoniser le plan avec l’orientation !
- Si l’orientation est analytique, le plan sera analytique.
Il s’agit d’un plan avec, au minimum, deux parties. Chacune d’elles doit être validée par deux ou trois arguments. Ce sont les propos de l’auteur EXPLIQUÉS de part en part.
- Si l’orientation est dialectique, le plan sera dialectique.
Il s’agit d’un plan avec, au minimum, deux parties également. La première VÉRIFIE là où l’auteur a raison ; la deuxième RECTIFIE là où l’auteur a tort. Les deux verbes riment ( »vérifier » et »rectifier ») mais ne signifient pas la même chose. L’un dit, l’autre dédit. Néanmoins, ces deux parties, à mon humble avis, ne s’opposent pas ; la deuxième complète plutôt la première : relation de complémentarité. Cette pensée personnelle est d’ailleurs validée par cette dernière partie appelée synthèse.
Il faut, au moins, deux parties pour traiter un sujet de dissertation.
Il faut, au moins, deux arguments pour valider une partie.
- Voici l’objectif qu’on se fixe devant un sujet à orientation analytique et réduit à deux parties par exemple :
- Première partie du thème particulier (à vérifier)
- Justification 1
- Justification 2
- Deuxième partie du thème particulier (à vérifier)
- Justification 1
- Justification 2
- Voici l’objectif qu’on se fixe devant un sujet à orientation dialectique articulée autour de trois parties par exemple :
- La part de raison du thème particulier (à vérifier)
- Justification 1
- Justification 2
- La part de l’erreur du thème particulier (à rectifier)
- Rectification 1
- Rectification 2
III. L’accord des deux avis controversés (à réconcilier)
- Justification 1
- Justification 2
* Pour le sujet qui nous est soumis, voici le plan formalisé de façon squelettique, synoptique ou simplement schématique (au brouillon). Les courants littéraires sont incontournables. Précisons au passage que la troisième partie n’est pas vraiment une synthèse mais juste une partie qui se projette dans la même mouvance que la deuxième par rapport à la première :
- Pourquoi certains écrivains contestataires font-ils du peuple le principal destinataire du texte littéraire ?
LA NÉGRITUDE : l’auteur défend la race noire opprimée par des événements historiques tels que l’esclavage, la colonisation, les indépendances et dénoncent les auteurs de cette oppression…
- B. Un candidat peut bien être inspiré par un autre courant littéraire ou plusieurs : l’humanisme (D’Aubigné), le romantisme (Hugo), le réalisme ou le naturalisme (Zola), le surréalisme (Desnos) ; l’essentiel étant de n’évoquer que l’engagement pour lequel il le / les invoque.
- Comment ce discours littéraire peut-il se passer entre l’auteur et son texte ?
- LE ROMANTISME : l’auteur espère que l’expression de ses sentiments personnels arrivera, par l’écriture, à le soulager quelque peu ; l’art devient pour lui une véritable thérapie.
Exemple : « j’écrivais moi-même pour moi-même ; ce n’était plus un art ; c’était le soulagement de mon propre cœur qui se berçait de ses propres sanglots » (Alphonse de Lamartine).
- B. Un candidat peut être inspiré par un autre courant littéraire ou plusieurs, l’essentiel étant de se limiter à l’évocation du lyrisme admis dans ces courants littéraires : l’humanisme (Ronsard), le surréalisme (Éluard), la négritude (Senghor).
III. Dans quelle mesure l’activité créatrice littéraire est, avant tout, esthétique ?
LE PARNASSE : c’est le courant littéraire qui voudrait réduire le projet d’écriture artistique à un seul projet : l’expression de la beauté (thématique et esthétique.
Exemple : « il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid » (Théophile Gautier)
- B. Un candidat peut être inspiré par un autre courant littéraire ou plusieurs, l’essentiel étant de se limiter à l’évocation de l’importance que ce ou ces courants littéraires soient évoqués seulement pour en démontrer l’aspect esthétique : le classicisme (Boileau), le symbolisme (Baudelaire), le surréalisme (Apollinaire) :
Voilà !
Pour récapituler ce travail de brouillon que j’ai détaillé du mieux que j’ai pu, en voici les trois étapes constitutives :
1) La découverte du Thème (T)
Le sujet
2) L’identification de l’Orientation (O)
Rien que le sujet
3) La schématisation du Plan (P)
Tout le sujet
Pour s’en rappeler, additionnez les trois lettres (T.+O.+P). On obtient ainsi, et de façon mnémotechnique, un mot, une interjection (top !)
Lorsque vous êtes sur la ligne de départ, que faites-vous quand votre prof d’E.P.S dit :
– Top !
Oui ! Vous avez compris ! Ça signifie que c’est parti. En effet, c’est maintenant que vous pouvez démarrer la rédaction de l’introduction, du développement et de la conclusion. Jamais avant une démarche rondement élaborée !
D’abord une petite précision :
L’introduction se constitue de trois séquences essentielles.
En effet, quand on introduit, il faut :
- Amener le sujet.
- Poser le problème.
- Annoncer le plan.
Et si, dans notre brouillon, nous prenions le sens inverse ? En pratique de classe, j’ai expérimenté une nouvelle façon de rédiger l’introduction et que je soumets à votre entendement. Cette manière de procéder, harmonisée avec la façon habituelle, sera (je l’espère) une source d’enrichissement.
Donc nous allons, au brouillon :
- Annoncer le plan d’abord.
- Poser le problème ensuite.
- Amener le sujet enfin.
Il en va de soi que, lorsque viendra le moment de mettre toute l’introduction au propre (rédigée proprement dans la copie à rendre au correcteur), on n’y inversera pas les trois séquences.
Voici un sujet :
Paul Valéry affirme : « ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers ; c’est avec des mots ».
Vous démontrerez qu’être poète, c’est d’abord savoir manier le style avec adresse. Justifiez par la suite que, plus sociales, ces idées promettent pourtant une meilleure marche en avant de l’humanité. Expliquez enfin que d’autres poètes préfèrent se servir des mots pour soigner leurs maux.
Organisons le T. O. P
THÈME :
Général : primauté entre le fond et la forme de la parole poétique.
Particulier : la poésie est une affaire de style plus que de thématiques utilitaires.
ORIENTATION :
Dialectique : l’aspect esthétique de la poésie est certes essentiel (thèse) mais cela n’exclut en rien l’importance que revêt ses autres fonctions, engagées et lyriques en particulier (antithèse).
PLAN :
PREMIERE PARTIE.
Fonction esthétique ou ludique.
DEUXIEME PARTIE.
Fonction engagée ou didactique
TROISIEME PARTIE.
Fonction lyrique ou sentimentale
Ce sujet maintenant balisé, voici ci-dessous les trois séquences de l’introduction ; avant de proposer un modèle illustratif de chacune d’elles, nous rappellerons chaque fois les fondamentaux.
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Séquence 3 : ANNONCER LE PLAN.
RÈGLES.
- a) On n’annonce que les grandes parties ; pas les sous-parties.
- b) On n’emploie qu’un type de phrases (déclaratives ou interrogatives).
- c) On n’intervertit pas l’ordre de présentation des parties.
MODÈLE.
√Modèle de phrases déclaratives :
Nous montrerons d’abord pourquoi des poètes accordent un soin très particulier à leurs vers au point de faire de l’esthétique une fonction à part entière. Nous justifierons ensuite que la parole poétique peut arriver à vaincre le mal d’où qu’il provienne et qui empêche le progrès de l’homme. Nous montrerons enfin comment, employés de façon thérapeutique, ces mots peuvent servir à soigner les maux d’autres poètes.
√Modèle de phrases interrogatives :
Dans quelle mesure la poésie se définit-elle avant tout par l’esthétique ? Quelle importance un texte poétique engagé revêt-il ? Comment une poésie lyrique arrive-t-elle à apaiser la souffrance de son auteur ?
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Séquence 2 : POSER LE PROBLEME.
CITATION ET REFORMULATION
RÈGLES.
On a l’habitude de dire ceci :
- a) si le sujet est court, on le cite.
- b) si le sujet est long, on le reformule.
Mais il y a problème…
- Par quel instrument de mesure évalue-t-on la longueur du libellé d’un sujet ? C’est trop aléatoire…
- L’avis sur la primauté de la citation ou de la reformulation ne fait pas l’unanimité parmi les professeurs de français. Les uns imposent la citation, les autres exigent la reformulation, d’autres encore font des deux une obligation.
Que faire ? Quoi choisir ?
Néanmoins, cette équation à plusieurs inconnus a pourtant une solution…
Je vous raconte une petite histoire où nous essayerons de nous mettre dans la peau du personnage principal : Ramatoulaye !
« » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » »
Il s’agit d’une femme nouvellement mariée qui doit rejoindre son mari Abdoulaye dans un village voisin : Tattaguine ; dans celui-ci, il est de tradition qu’après la fête du mariage, après la lune de miel, la nouvelle mariée doit préparer le repas de la mi-journée pour son mari. Arrivée au marché, Ramatoulaye acheta les condiments qui doivent servir à la cuisson mais elle voulut acheter aussi des fruits pour le dessert ; toutefois, une fois face au vendeur de pommes et de bananes, elle hésita :
– Si j’achète des pommes, se dit-elle, mon cher Abdoulaye peut bien préférer les bananes ; si j’achète des bananes, mon papa chéri peut aussi préférer les pommes. J’ignore ses goûts… Que faire ? Quoi choisir ?
À la place de Ramatoulaye, que feriez-vous ?
On achèterait, à coup sûr, des pommes et des bananes (Mdr !)
« » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » »
À mon humble avis, en tant que candidat au bac, on est à peu près dans la même situation, étant donné qu’on est confronté à un choix : la citation ou la reformulation) face à un inconnu (le correcteur).
Je crois honnêtement que, face à toutes ces trois résolutions qui s’imposent,
- La citation (à l’image des pommes)
- La reformulation (l’exemple des bananes)
- La citation et la reformulation (à l’instar des pommes et des bananes)
il faut choisir la troisième option : citer et reformuler. Là, on ne mécontente personne (les correcteurs au bac). Chacun y trouve son compte : si l’examinateur exige la citation, s’il tient à la reformulation ou s’il préfère les deux en même temps, tout y est !
√MODÈLE. (Citation + Reformulation)
C’est dans cette mouvance (un des nombreux termes introducteurs de citation) qu’on affirme : « ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers ; c’est avec des mots ». Autrement dit (un parmi plusieurs termes introducteurs de reformulation), la poésie est une affaire de style plus que de thématiques utilitaires.
REMARQUE : Ici, il faut juste restituer le thème particulier découvert et déjà consigné par écrit dans le travail au brouillon.
LA PROBLEMATIQUE
Cette problématique pose beaucoup de problèmes, il faut l’avouer… Si des apprenants confondent ses exigences et ne répondent pas aux attentes lorsqu’ils la formulent, c’est peut-être parce que, dans différentes matières enseignées au second cycle (histoire, géographie, philosophie, français) elle est exigée et différente l’une de l’autre. En français, qu’en est-il au juste ?
Dans le travail au brouillon, la première question à se poser pour ne pas faire hors-sujet est la suivante :
De quoi nous invite-t-on à parler dans ce sujet ?
La réponse à cette question doit être précise, c’est-à-dire formulée avec un complément du nom (exemple : la maison du voisin ; DU VOISIN a ici pour fonction grammaticale complément du nom ; il complète le nom MAISON, le rend plus précis). Donc on doit pouvoir faire de la littérature ou d’un genre littéraire (roman, théâtre et poésie) un complément du nom dans la réponse à la question.
Pour ce sujet (Paul Valéry affirme : « ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers ; c’est avec des mots »), notre réponse à cette question (de quoi nous invite-t-on à parler dans ce sujet ?) peut être la suivante : dans ce sujet, on parle de l’importance à donner au fond ou à la forme de la parole poétique.
A présent, on peut formuler la problématique de ce sujet. Il faut juste en faire une question (interrogation directe ou indirecte) englobante, c’est-à-dire une question dont on verra la réponse disséminée dans toutes les composantes ou parties du développement.
- Modèle (Problématique)
Faut-il accorder la primauté au fond ou à la forme de la parole poétique ?
Ainsi, nous verrons bien que cette question trouvera sa réponse aussi bien dans la première, dans la deuxième que dans la troisième partie du développement à venir. En un mot, c’est le thème général questionné qui fait naître la problématique d’un sujet de dissertation. Il s’agit d’une seule question ; pas deux ou trois, sous risque de se répéter dans l’annonce du plan ou, pire, de susciter la confusion entre ces deux séquences pourtant bien distinctes.
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Séquence 1 : AMENER LE SUJET.
Voici les deux raisons pour lesquelles, dans mon explication de la technique de rédaction de l’introduction, j’ai pris le sens inverse lors d’un travail au brouillon :
- D’une part, c’est une possibilité très aisée qui consiste à passer du plus simple au plus complexe.
- D’autre part, c’est un procédé qui pousse à bien créer le lien solidaire, le rapport de dépendance, le cordon ombilical en quelque sorte, entre cette première séquence et les deux autres.
Beaucoup d’élèves avouent parfois à leur camarade :
– Boy, je ne savais vraiment pas par quoi démarrer mon introduction…
Pour eux, voici un remède peut-être à la hauteur de leur inquiétude et bien au-dessus de leur stylo méchamment mâchonné. Additionnez mentalement la troisième et la deuxième séquence déjà ébauchées, vous trouverez à dire.
RÈGLE :
Justement, il n’y a pas de règle ni d’amorce préfabriqué. Tout l’objectif est là, un prétexte à partir duquel on accroche, on connecte, on enchaîne tout le reste et la citation plus particulièrement. Généralement, des élèves atterrissent sur la deuxième séquence en disant « c’est dans cette mouvance » alors que, justement, ils n’ont pas su créer »cette mouvance » (fil logique, fil conducteur, fil d’Ariane).
Voici quelques procédés possibles pour réussir à amener un sujet :
- a) La définition.
On ne définit pas n’importe quoi. Ce qui importe, c’est le mot autour duquel gravite le thème particulier du sujet. Définissez-le non pas en feuilletant nerveusement votre dictionnaire ou en lorgnant votre IPhone (c’est de la triche !) mais en mobilisant ce que vous savez de ce mot et qui soit en rapport avec le thème à débattre.
√ Modèle de définition :
Beaucoup oublient que ce sont les vingt-six lettres de l’alphabet français qui permettent de concevoir des mots qui, assemblés avec adresse, forment un discours à l’image de la parole poétique. Si certains auteurs habillent le mot jusqu’à ce qu’il devienne une pensée, d’autres s’adonnent à son toilettage juste pour charmer celui qui le reçoit. [C’est dans cette dynamique de pensée que Paul Valéry affirme 🙂
- b) La polémique.
C’est un débat où les avis sont partagés. Quand les uns disent ceci, d’autres disent cela. Jamais de consensus, pas d’accord, aucune harmonisation des attitudes, des idées, des opinions… Ici, il faudrait commencer par l’avis opposé au thème particulier avant d’en arriver à celui émis dans le sujet, mais sans rien expliquer. Cela crée plus de logique de continuité.
- Modèle de polémique :
Dès qu’on parle de la véritable fonction de la poésie, très souvent la polémique s’installe tant entre poètes que parmi les lecteurs. De ce fait, les uns pensent que la parole poétique permet à l’écrivain de s’épancher ; d’autres ne voient l’utilité de ce genre littéraire que si son auteur s’acharne contre les maux sociaux ou politiques. D’autres encore restent persuadés que la poésie véritable est celle qui, avant tout et après tout, témoigne du don artistique de son auteur. [C’est dans cette dernière mouvance qu’il faut inscrire les propos de Valéry selon qui
- c) La similitude.
Il n’y a rien de nouveau. C’est juste une façon de créer une certaine ressemblance entre un soleil qui fait son apparition (petit à petit, rayons à rayons, jusqu’à éclairer toute la terre) et une relation qu’on entretient (mot à mot, selon une fine progression logique des énoncés émis), jusqu’à entrer de plain-pied dans le vif du sujet. Ici, on pique la curiosité du lecteur car il ne peut voir le lien de ce dont on parle que s’il poursuit la lecture. C’est pourquoi, au lieu de « amorce », certains emploient « accroche » cette séquence ô combien importante.
√ Modèle de similitude :
La mythologie grecque apprend l’existence d’une divinité marine dont le nom est Protée et qu’Homère a mentionné d’ailleurs dans L’Odyssée. Ce vieillard de la mer et gardien des troupeaux de phoques de Poséidon est réputé pour son don de se métamorphoser. Si nous faisons allusion à lui alors que nous parlons du mot, c’est parce que celui-ci semble avoir hérité des mêmes attributs car il est si protéiforme que les poètes ont su lui donner différentes fonctions. Parmi elles, il y en a une [sur laquelle Paul Valéry a jeté son dévolu lorsqu’il affirme : …]
Voyez, parmi ces trois éléments déclencheurs (relevant de la logique, du constat, de l’inspiration), celui où vous sentez le plus à l’aise face à un sujet donné et choisissez-le pour créer le rapport entre le thème particulier et vos dires.
Je crois que nous venons de réussir un grand coup : terrasser notre adversaire (l’introduction) par la technique bien huilée du »weur ndomb » (l’inversion, au brouillon, des séquences).
Je reprends ci-dessous l’intégralité de l’introduction, selon l’ordre normal de présentation des trois séquences d’abord travaillées au brouillon :
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La mythologie grecque apprend l’existence d’une divinité marine dont le nom est Protée et qu’Homère a mentionné d’ailleurs dans L’Odyssée. Ce vieillard de la mer et gardien des troupeaux de phoques de Poséidon est réputé pour son don de se métamorphoser. Si nous faisons allusion à lui alors que nous parlons du mot, c’est parce que celui-ci semble avoir hérité des mêmes attributs car il est si protéiforme que les poètes ont su lui donner différentes fonctions. [C’est l’amorce]. Parmi elles, il y en a une [sur laquelle Paul Valéry a jeté son dévolu lorsqu’il affirme : …] : « ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers ; c’est avec des mots » [c’est la citation] ; autrement dit, selon cet auteur, la poésie est une affaire de style plus que de thématiques utilitaires [C’est la reformulation]. Faut-il donc accorder la primauté au fond ou à la forme de la parole poétique ? [C’est la problématique] Pour répondre à cette question, nous montrerons d’abord pourquoi des poètes accordent un soin très particulier à leurs vers au point de faire de l’esthétique une fonction à part entière. Nous justifierons ensuite que la parole poétique peut arriver à vaincre le mal d’où qu’il provienne et qui empêche le progrès de l’homme. Nous montrerons enfin comment, employés de façon thérapeutique, ces mots peuvent servir à soigner les maux d’autres poètes. [C’est le plan]
Voici le sujet :
Paul Valéry affirme : « ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers ; c’est avec des mots ».
Vous démontrerez qu’être poète, c’est d’abord savoir manier le style avec adresse. Justifiez par la suite que, plus sociales, ces idées promettent pourtant une meilleure marche en avant de l’humanité. Expliquez enfin que d’autres poètes préfèrent se servir des mots pour soigner leurs maux.
En voici le plan :
PREMIERE PARTIE.
Pourquoi des poètes font-ils de l’esthétique une fonction à part entière ?
- Le classicisme (respect des règles d’écriture)
- Le parnasse (la théorie de l’art pour l’art)
DEUXIEME PARTIE.
Dans quelle mesure les mots sont-ils capables de sauver l’humanité ?
- Le surréalisme (les guerres mondiales)
- La négritude (la colonisation)
TROISIEME PARTIE.
Comment les mots peuvent-ils devenir thérapeutiques ?
- L’humanisme (lyrisme amoureux ou nostalgique)
- Le romantisme (lyrisme consolateur)
N.B :
Beaucoup tolèrent que ces sous-parties (les courants littéraires) soient réunies pour en faire un seul paragraphe, si celui-ci est bien structuré, étant donné qu’il existe plusieurs types de texte argumentatif. Ainsi, des examinateurs sensés admettent même que le candidat se limite à l’invocation d’un seul courant littéraire pour chaque partie (s’il y en a trois), à condition que celui-ci respecte toutes les exigences imposées à un paragraphe argumentatif bien structuré.
Personnellement, je préfère ne pas entrer dans ces querelles d’école qui embrouillent l’élève, d’une école à une autre, d’une classe à une autre, d’un professeur à un autre. J’approuverai plutôt toute démarche constructive car ce qui est surtout recherché dans un paragraphe argumentatif, c’est la conformité d’une démarche Par rapport à la consigne et aussi au respect de la technique de rédaction. Pour rien au monde je ne sanctionnerai un élève pour avoir produit un paragraphe ou une partie où démarche et technique répondent aux attentes canoniques.
En tout état de cause, j’invite les collègues à faire preuve de retenue, d’avoir plus de hauteur, d’être souple, flexible, pour être à mesure d’approuver toute production écrite conforme aux réelles attentes.
D’ailleurs, pour être plus concret dans mon explication, j’expose ci-après ma propre rédaction suivie de son analyse pour mieux montrer comment construire un texte argumentatif qui répond aux normes standard afin de bien en explorer les arcanes, c’est-à-dire les différentes séquences successives qui l’élèvent.
LE CAS DU PARAGRAPHE DÉVELOPPÉ
Ce qui suit est mon développement du petit 2 de la première partie, c’est-à-dire le parnasse qui justifie l’importance de l’esthétique.
[D’AUTRES artistes, les parnassiens en l’occurrence, sont pratiquement incontournables lorsqu’on parle d’esthétique, de forme, de travail stylistique.] [C’est parce qu’ils ont D’ABORD commencé par déposséder la poésie de toute fonction utilitaire, quitte à banaliser l’objet observé, le lieu peint, le personnage décrit… afin de donner plus d’amplitude aux mots les plus justes ayant servi à y parvenir ; d’ailleurs, rien de surprenant si ces poètes jettent leur dévolu sur des espaces si éloignés ou des temps très reculés de la « civilisation moderne ». C’est pour eux un bon moyen de ne point exposer leur poésie à une inspiration proche de l’épanchement personnel, liée au militantisme ou relative à une poésie moraliste. ENSUITE, s’ils ont privilégié la poésie plutôt que tout autre, c’est parce que c’est ce genre littéraire qui sait le mieux donner à la forme scripturale son caractère visuel, formel et sonore, ENFIN, les parnassiens se donnent pour mission de se faire artisan comme condition sine qua non de devenir artiste ; en d’autres termes, le poète est à l’image du sculpteur qui taille, lime, cisèle ses mots pour en faire naitre une œuvre de beauté.] [Nous en avons l’illustration dans ces propos de Théophile Gautier qui déclare « j’aimerais mieux avoir mon soulier mal cousu que de faire des vers mal rimés » ; il sous-entend par là être capable de tout négliger, même les thèmes d’ordre social et autres, sauf son texte qu’il ne songe qu’à bien écrire.] [En un mot, chez des artistes tels que les parnassiens, l’art (le style) pour l’art (la beauté), dans le sens propre du terme, passe avant toute autre considération, et ce travail s’exécute moins avec des idées qu’avec des mots tout bonnement.]
Quelle est la structure adoptée ci-dessus ?
PETITE ANALYSE EXPLICATIVE.
Par les crochets qui les délimitent, on parvient à identifier les quatre séquences constitutives de cette production écrite dont la structure est plus simplifiée :
1) L’idée directrice (du début à « travail stylistique »).
Plus courte que toutes les autres, cette séquence sert à annoncer ce dont on parlera tout au long du paragraphe. En une phrase, cette formule introductive sert d’élément déclencheur de l’avis à développer.
2) L’argumentation (de « c’est parce que » à « œuvre de beauté »).
Plus longue que toutes les autres, cette séquence mobilise les principales raisons (deux ou trois) qui justifient l’idée de départ énoncée dans la première séquence. C’est l’endroit où il faut expliquer (du latin « ex » = hors de, et « plicare » = plier). C’est comme si, après avoir formulé l’idée directrice, on cherchait à justifier celle-ci dans une argumentation bien structurée, dans une logique de progression observable et articulée par des connecteurs logiques ou des expressions de transition. Relevez ces mots ou expressions que j’ai employés et écrits en gros caractères et sachez les réemployer à bon escient.
3) L’illustration (de « nous en avons l’illustration » à « bien écrire »).
Cette séquence apporte la preuve littéraire de ce qui a été dit dans l’argumentation. Si ici l’illustration est une citation accompagnée de son analyse succincte en direction de la thèse jusque-là défendue, elle peut aussi être de deux autres natures différentes : un texte connu commenté ou une biographie d’écrivain commentée. Comme on peut le remarquer, introduit par une expression qui illustre (en guise d’exemple, à titre illustratif, pour preuve, etc.) quoi qu’il en soit, l’exemple doit toujours être agrémenté par son commentaire tuteur.
4) La conclusion partielle (de « en un mot » à la fin).
Aussi courtement formulée que l’idée directrice, cette séquence résume ce qui a été finalement retenu dans ledit paragraphe. Toujours introduite par un connecteur qui conclut (en somme, donc, en un mot, pour tout dire, en résumé, ainsi, etc.), elle est une sorte de réponse à une des questions posées dans l’annonce du plan de l’introduction.
LE CAS DE LA PARTIE DÉVELOPPÉE
Ce qui suit est le développement de la dernière partie qui regroupe la thérapie qu’on connait du lyrisme humaniste et romantique.
[Le lyrisme est une tendance thématique très élastique à l’échelle du temps mais toujours est-il que son rôle thérapeutique est latent, à l’instar de la façon dont humanistes et romantiques en ont fait usage.] [En effet, chez les uns, c’est-à-dire des auteurs du XVIème siècle, le lyrisme personnel de l’auteur est d’une part nostalgique, voire patriotique, nationaliste à la limite ; l’auteur célèbre la France dont il magnifie la culture et l’histoire. C’est le cas de Joachim du Bellay dans la plupart de ses poèmes à l’image de celui qui commence par « France, mère des arts, des armes et des lois » ou encore « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ». D’autre part, ce lyrisme est aussi pétrarquiste, amoureux et moraliste, dans la mesure où l’auteur s’exalte, s’extasie, exprime littéralement son profond sentiment qui l’instruit et le pousse à écrire des poèmes dédiés à l’être aimé, comme peuvent le justifier des poèmes de Pierre de Ronsard, tels que « Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle » ou encore « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose ». Néanmoins, il sera bien difficile de parler du lyrisme en faisant abstraction du romantisme parce personne autant qu’eux ne s’était encore si abondamment abandonnés à l’épanchement. C’est parce qu’ils ont découvert que la confidence noie la douleur et, comme les mots le peuvent, ils ne s’en sont point économisés. [Pour preuve, lorsqu’on avait demandé à Alphonse de Lamartine à quoi l’art pouvait bien lui servir, il avoua en ces termes le pouvoir consolateur de ses vers : « j’écrivais moi-même pour moi-même ; ce n’était plus un art ; c’était le soulagement de mon propre cœur qui se berçait de ses propres sanglots ».] [Pour tout dire, que ce soit dans les écrits de poètes de la pléiade ou romantique, les mots qu’on croyait destinés au style ou encore à la révolte peuvent bel et bien servir à exprimer l’intimité sentimentale de l’écrivain par la fonction lyrique que joue la poésie.]
Quelle est la structure adoptée ci-dessus ?
PETITE ANALYSE EXPLICATIVE.
1) L’idée directrice (du début à « fait usage »).
L’objectif reste le même sauf qu’ici sont énoncés avec précision les deux courants littéraires (l’humanisme et le romantisme) autour desquels on articulera l’essentiel des propos à expliciter dans la séquence suivante.
2) L’exemple argumentatif (de « en effet » à « point économisés »).
Cette structure est un peu plus complexe : pour préciser la particularité propre à chaque tendance liée à son époque, après chaque courant littéraire expliqué dans la même mouvance, on produit une illustration. Toutefois, en termes de volume, cette illustration ne doit ni égaler ni dépasser celui de l’argumentation mais lui être inférieur. De plus, il faut éviter les digressions à laquelle beaucoup sont souvent attirés comme l’appel des Sirènes qui ont failli perdre Ulysse et son équipage ; tous les propos émis doivent tendre vers la démonstration de la partie concernée. Cette digression, je la surnomme « dissertation tigadégué ». J’entends par cette formule un devoir où l’élève veut, du lyrisme par exemple, tout dire de ce qu’il en sait. Cet élève est à l’image de cette épouse à qui le mari remet 10.000F comme dépense quotidienne parce qu’il n’a pas de menues monnaies. Logiquement, ce dernier attend de recevoir sa monnaie, surtout qu’il doit voyager dans l’après-midi. Il lui précise au passage qu’il voudrait manger du bon « thièbou djeun » (riz au poisson) à treize heures. Personnellement, je ne m’y connais pas du tout en cuisine, mais ce dont je suis sûr, c’est que le « tigadégué », cette délicieuse pâte d’arachides, n’entre pas dans le plat commandé par l’époux. Et je ne comprendrais pas non plus la raison pour laquelle, en se rendant au marché, cette femme s’approcherait du vendeur de « tigadégué ». (Mdr !)
3) La conclusion partielle (de « pour preuve » à la fin).
Comme précédemment, cette séquence fait le bilan de ce qui aura été retenu, comme s’il s’agissait de l’aboutissement d’une démonstration. C’est l’endroit où il faut dire où on voulait en venir.
À présent, inspirez-vous de cette explication pour rédiger la dernière partie, celle qui concerne l’engagement.
QUELQUES CONSEILS À CE SUJET (L’ENGAGEMENT)
Quand vous décidez de parler de cette thématique souvent soumise à la réflexion des candidats au bac, abandonnez cette pratique qui consiste à vous limiter à la définition de l’écrivain engagé (le poète devient le porte-parole de son peuple, prend la plume qu’il transforme en arme pour lutter contre les maux qui gangrènent la société, et patati et patata… Mdr !) Si vous voulez être profond, original, sensé, dense, convaincre en un mot, articulez vos propos autour d’événements historiques d’une part mais sans se mettre à produire un texte narratif. Ramassez !
– humanisme (guerres de religion)
– romantisme (révolution industrielle / Napoléon Bonaparte)
– surréalisme (guerres mondiales)
– négritude (colonisation)
D’autre part, expliquez que c’est cet événement historique qui a justifié l’engagement de l’auteur et vous serez sans doute beaucoup plus juste et convaincant.
PETITE PRÉCISION.
Précision 1. Si le candidat est soumis à un sujet de dissertation constitué de deux parties seulement, dans chacune d’elles, il faut au moins deux paragraphes.
Précision 2. Si le candidat est soumis à un sujet de dissertation constitué de trois parties, dans chacune d’elles, il a le choix entre :
- a) un paragraphe qui fait office de partie
- b) deux paragraphes au moins dans chaque partie
LE CAS DE LA PHRASE DE TRANSITION
- a) Emplacement.
Elle se situe entre la fin d’une partie et le début de la suivante.
- b) Objectif.
Elle résume ce qui a été dit et annonce ce qui sera dit.
- c) Modèle :
– La phrase de transition entre la première et la deuxième partie :
Comme nous venons de le voir à travers le classicisme et le parnasse, la poésie est avant tout une affaire de style certes mais est-ce une bonne raison pour dévaloriser ou discréditer les idées dont le vêtissent d’autres poètes ?
– La phrase de transition entre la première et la deuxième partie :
En somme, pouvant servir à instruire ou à se révolter, ces mots qui, ici, sont d’une grande utilité publique, comme peuvent l’attester l’humanisme et le romantisme, employés dans un but plus personnel, parviennent par ailleurs à soigner le mal du poète.
LE CAS DE LA TYPOGRAPHIE
On entend par typographie la forme de présentation recommandée lorsqu’on rédige un exercice de production écrite telle que la dissertation.
DANS L’INTRODUCTION ET LA CONCLUSION.
Avec un alinéa au début (décalage de deux à trois carreaux), l’introduction et la conclusion forment un seul bloc, un seul paragraphe. Pas besoin d’aller à la ligne entre les séquences qui constituent chacune d’elles.
ENTRE L’INTRODUCTION ET LA CONCLUSION.
Entre l’introduction et le développement, de même qu’entre le développement et la conclusion, il faut sauter deux ou trois lignes.
POUR LE DÉVELOPPEMENT.
Quant au développement, il s’agit d’un ensemble de paragraphes unis, solidaires. Chacun est précédé d’un alinéa. Pour passer d’un paragraphe à un autre, il faut juste un retour à la ligne et un alinéa.
POUR LA PHRASE DE TRANSITION.
La phrase de transition est à l’image d’un pont et celui-ci n’est ni sur une rive ni sur une autre mais au milieu ; par conséquent, elle est à séparer des parties entre lesquelles elle se situe par un saut de ligne aussi bien avant de la rédiger qu’après l’avoir rédigée.
Juste après la rédaction de l’introduction d’un sujet de dissertation, il est bien possible d’en rédiger la conclusion. D’ailleurs, cet ordre de progression n’exposerait pas du tout le candidat à un semblant ou un soupçon de conclusion (hâtive, expéditive, escamotée) à cause d’une mauvaise gestion du temps qui fait pourtant partie intégrante de l’évaluation.
La conclusion est la dernière étape d’un devoir de dissertation, l’ultime impression également qu’on laisse à l’examinateur ; par conséquent, elle ne doit pas être négligée.
Voici le sujet :
Paul Valéry affirme : « ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers ; c’est avec des mots ».
Vous démontrerez qu’être poète, c’est d’abord savoir manier le style avec adresse. Justifiez par la suite que, plus sociales, ces idées promettent pourtant une meilleure marche en avant de l’humanité. Expliquez enfin que d’autres poètes préfèrent se servir des mots pour soigner leurs maux.
Voici les articulations de notre plan de départ :
PREMIERE PARTIE.
Pourquoi des poètes font-ils de l’esthétique une fonction à part entière ?
- Le classicisme (respect des règles d’écriture)
- Le parnasse (la théorie de l’art pour l’art)
DEUXIEME PARTIE.
Dans quelle mesure les mots sont-ils capables de sauver l’humanité ?
- Le surréalisme (les guerres mondiales)
- La négritude (la colonisation)
TROISIEME PARTIE.
Comment les mots peuvent-ils devenir thérapeutiques ?
- L’humanisme (lyrisme amoureux ou nostalgique)
- Le romantisme (lyrisme consolateur)
Si j’ai proposé ce sujet et reconduit le plan, c’est parce que celui-ci est essentiel pour rédiger une conclusion. Celle-ci se constitue de trois séquences :
- Le résumé des parties du devoir
- L’opinion personnelle
- L’ouverture des perspectives
- RÉSUMÉ DES PARTIES (obligatoire)
Au préalable, il faut employer un connecteur logique qui annonce la conclusion (en définitive ; pour conclure ; somme toute ; en guise de conclusion…). De même, il en faut aussi entre les parties résumées car on en connait déjà le rapport après identification de l’orientation. Pour faciliter la compréhension de ce résumé des parties, il est donc conseillé de construire trois phrases reliées entre elles par des connecteurs logiques ou expressions de transition choisis sur la base du rapport (d’opposition, d’addition, de concession…) qui unit l’une à l’autre.
- Modèle :
Somme toute, classicisme et parnasse justifient comment les mots à eux seuls peuvent constituer l’essence de l’esthétique si soignée au point qu’elle devienne une fonction poétique à part entière. Néanmoins, employés pour un usage d’utilité plus sociale, ces mots peuvent sauver l’humanité du mal auquel elle est constamment exposée, tels que le prouve l’engagement des surréalistes ou encore la poésie contestataire de la Négritude. Par ailleurs, à l’image des humanistes ainsi que des romantiques, des poètes lyriques se servent de ces mêmes mots qui peuvent s’avérer essentiellement thérapeutiques.
- OPINION PERSONNELLE (facultative)
Voici deux situations qui peuvent rendre mes propos encore plus clairs :
Situation 1.
Papa revient à la maison avec un ballon de foot et un dictionnaire ; il s’adresse à son fils Georges et lui demande lequel des deux il préfère : le ballon ou le dico ? Après avoir choisi, le père demande à Georges de dire pourquoi il a préféré tel objet plutôt que tel autre.
Situation 2.
Maman revient du marché avec deux robes de même modèle mais avec des couleurs différentes et demande à sa fille Rama laquelle elle préfère : le bleu ou le rose ? Après avoir choisi, la mère demande à Rama de dire pourquoi elle a préféré telle couleur plutôt que telle autre.
Ces deux situations sont comparables à celles d’une opinion personnelle. On doit donc CHOISIR et JUSTIFIER le choix fait ; il arrive même que ce choix porte sur deux avis plutôt qu’un et réconcilie des avis opposés afin de faire aboutir cet avis personnel à une synthèse. Toujours est-il que, dans toute dissertation, il y a au moins deux avis sur une même question soulevée par le sujet. Dans celui autour duquel nous sommes en train de réfléchir, il est question de la finalité des mots que le poète emploie. Ici, il y en a trois : la fonction esthétique, engagée et lyrique. Là, c’est l’occasion de dire, parmi ces trois fonctions, celle qui vous séduit le plus et puis de dire pourquoi. Il y a donc un choix sur lequel repose notre sympathie que nous devons faire et puis l’expliciter ou le justifier.
Attention : généralement introduit par des termes propres (à notre avis, personnellement, selon notre opinion personnelle…), cette opinion personnelle ne peut vraiment avoir sa raison d’être que si elle a un rapport direct avec le sujet traité mais aussi quand elle aura été justifiée, comme si on nous avait demandé « pourquoi préférez-vous ceci au lieu de cela ? »
- Modèle :
Selon notre opinion personnelle, il ne faudrait pas imposer à un poète une vision, faire porter à l’artiste des œillères. C’est parce que ce dernier obéit à une inspiration personnelle ou écrit avec un style qui lui est propre selon les besoins du moment ou par rapport à des exigences esthétiques adaptées aux circonstances ; d’ailleurs, il arrive qu’un même poète soit tantôt lyrique dans un texte, tantôt engagé dans un autre, parfois exclusivement esthétique ailleurs.
III. L’OUVERTURE DES PERSPECTIVES (facultative)
C’est le mot de la fin. On prend appui sur le thème débattu tout au long du sujet pour créer un lien entre celui-ci et un autre avec lequel il entretient un rapport de voisinage. L’ouverture des perspectives est un questionnement (comparable à la formulation d’un autre sujet de dissertation) mais à laquelle on ne répond pas. Elle peut porter sur :
– le thème et un auteur
– le thème et une époque
– le thème et un genre littéraire
– le thème et une règle …
- Modèle
Est-ce que ces diverses fonctions se retrouvent dans d’autres genres littéraires tels que le roman ?
Rappel : la première séquence de la conclusion (le résumé des parties) est obligatoire tandis que les deux autres (l’opinion personnelle et l’ouverture des perspectives) sont facultatives. Pour ma part, pour deux raisons, je conseille de considérer toutes les trois séquences comme prioritaires.
- Primo, entre collègues, nous ne nous accordons pas toujours sur le caractère (obligatoire) d’une séquence par rapport à une autre (facultative).
- Secundo, il faut prendre au mot l’adjectif « facultatif » ; en d’autres termes, cette séquence n’est pas obligatoire mais c’est un plus qui sera apprécié s’il est soigné comme il faut. Ne bâclez pas cette dernière impression à laisser à l’examinateur. Faites-la, je vous prie, et faites-la bien ! C’est par l’entrainement et un peu d’esprit imaginatif qu’on y parvient.
« C’est facultatif » ne veut pas dire qu’il faut mépriser royalement cette séquence. Autrement dit, c’est comme le bonus que les opérateurs téléphoniques offrent un jour de promo : acheter du crédit ce jour-là, c’est bénéficier du bonus ; ne pas en acheter ce jour-là n’entrainera pas une résiliation du contrat de l’abonnement certes mais l’abonné ne bénéficiera pas du bonus. Que faut-il alors faire si vous en avez les moyens, à la hauteur de la bourse ?
Enfin, pour vous laisser distinguer de façon plus synoptique ces trois différentes séquences de la conclusion, je restitue celle-ci intégralement ci-après.
Somme toute, classicisme et parnasse justifient comment les mots à eux seuls peuvent constituer l’essence de l’esthétique si soignée au point qu’elle devienne une fonction poétique à part entière. Néanmoins, employés pour un usage d’utilité plus sociale, ces mots peuvent sauver l’humanité du mal auquel elle est constamment exposée, tels que le prouve l’engagement des surréalistes ou encore la poésie contestataire de la Négritude. Par ailleurs, à l’image des humanistes ainsi que des romantiques, des poètes lyriques se servent de ces mêmes mots qui peuvent s’avérer essentiellement thérapeutiques. Selon notre opinion personnelle, il ne faudrait pas imposer à un poète une vision, faire porter à l’artiste des œillères. C’est parce que ce dernier obéit à une inspiration personnelle ou écrit avec un style qui lui est propre selon les besoins du moment ou par rapport à des exigences esthétiques adaptées aux circonstances ; d’ailleurs, il arrive qu’un même poète soit tantôt lyrique dans un texte, tantôt engagé dans un autre, parfois exclusivement esthétique ailleurs. Est-ce que ces diverses fonctions se retrouvent dans d’autres genres littéraires tels que le roman ?