Du lancement de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) en 2008 par le président de la République d’alors Abdoulaye Wade jusqu’en 2022 en passant par le Programme national d’autosuffisance en riz, actualisé par le président Macky Sall, qui s’était fixé comme objectif d’atteindre l’autosuffisance en riz en 2017, le Sénégal peine toujours à voir le bout du tunnel. Pourtant, plus de 100 milliards, de 2014 à nos jours ont été injecté dans ce secteur. Un défi d’autosuffisance alimentaire plus que pressant au regard des crises cycliques exogènes (covid-19, conflit Russo-ukrainien) et endogènes (changement climatique, faible production céréalière) qui menacent lourdement les dynamiques de croissances économiques et durables pour un développement harmonieux.
Fortement déficitaire depuis 1960, pour défaut de production agricole suffisante à même de couvrir nos besoins céréaliers (riz, maïs, sorgho, mil), en produits horticoles (fruits et légumes) d’une part et largement tributaire du marché extérieur et sur une très large gamme de produits allant des biens de consommation intermédiaire aux biens de consommation courante, en passant les produits de consommation d’autre part, le Sénégal tarde encore à équilibrer la balance commerciale, voire à l’inverser. Et ce, en dépit des nombreux efforts enclenchés par l’ancien président de la République Abdoulaye Wade en 2008 pour faire face à l’augmentation du prix des denrées alimentaires, à la diminution des stocks et la difficulté d’approvisionnement des marchés locaux (crise alimentaire), par la mise en place de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana).
Le visé de cette politique était d’augmenter la production agricole relativement aux principales cultures consommées au Sénégal. Ceci, dans le but d’assurer la sécurité alimentaire, de réduire la dépendance nationale aux importations et de garantir la souveraineté alimentaire. Une orientation qui intégrait et transcendait les différents programmes spéciaux, notamment d’autosuffisance en riz. Quatorze ans après, l’objectif principal est encore le même et les enjeux de maîtrise de l’eau ; de régénération des sols ; de reconstitution des stocks de semences ; de modernisation du secteur par l’intensification des productions ; de soutien aux producteurs approfondi ; de promotion des cultures d’exportation ; de promotion des cultures énergétiques ; de protection des cultures ; et de promotion d’une agriculture saine et durable sont plus que des défis à relever.
Macky et l’autosuffisance en riz pour 2017
A son accession à la magistrature suprême (2012) et deux ans plus tard (2014), le président Macky Sall avait proclamé sa volonté de réaliser l’autosuffisance en riz en 2017, une des denrées de base au Sénégal. Pour y arriver, il avait appelé les commerçants à contribuer à cet effort de ‘’guerre alimentaire’’. Faute de quoi, il sera très difficile. Le chef de l’état avait estimé urgent de produire suffisamment pour satisfaire les besoins du Sénégal en riz. Dans sa ferme volonté, le président Sall s’était résolu à relever le défi de l’autosuffisance en riz en 2017.
Après cette échéance que nenni ! Et pourtant, en 2014, l’Etat Sénégal avait injecté 74 milliards de FCFA pour l’atteinte de cet objectif. Le coordonnateur du Programme national d’autosuffisance en riz (Pnar), Waly Diouf, en marge de l’ouverture des rencontres régionales d’harmonisation faisait part de sa satisfaction relativement à ce niveau d’engagement des pouvoirs publics devant permettre d’atteindre cet objectif.
«Cette année, j’avais besoin environ de 74 milliards. Et l’Etat a tout mis à ma disposition », avait-il dit. Aujourd’hui, même si cet objectif est de loin atteignable, tout de même, le président Sall peut s’enorgueillir d’avoir réalisé des résultats encourageants en terme de rendement agricole inédit et assez encourageant pour conduire le pays vers une autosuffisance alimentaire.
Ainsi, la récolte de céréales a été satisfaisante en 2020/2021. Selon le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Pr Moussa Baldé, «la production de graminées s’est chiffrée à 3,64 millions de tonnes au terme de ladite campagne. Ce volume est en hausse de près de 1 million de tonnes comparativement au résultat de la saison précédente (2,7 millions de tonnes) ».
Dans les détails, toutes les cultures ont affiché une progression par rapport à leur moyenne quinquennale. La principale céréale à savoir le riz a vu sa récolte atteindre 1,3 million de tonnes contre 1,15 million un an plus tôt.
Pour ce qui est de la production de mil, elle a grimpé à 1,14 million de tonnes, soit 44 % de plus que le volume moyen de ces 5 dernières années. Le maïs et le sorgho ont affiché respectivement 761 883 tonnes et 377 323 tonnes.
Le département agricole entend maintenir la dynamique en tablant sur une nouvelle production record de 4 millions de tonnes de céréales pour 2021/2022.
Covid-19, invasion Russe en Ukraine plombent l’autosuffisance alimentaire
La pire crise sanitaire jamais connue au monde a mis à terre des pans entiers de l’économie mondiale (tourisme, transport, matières premières…). Une situation inédite aux conséquences économiques, sociales assez considérables. Deux ans après cette pandémie aux allures finissantes, la guerre en Ukraine continue d’exacerber la flambée des prix des matières premières énergétiques et agricoles. Ce qui menace fatalement la sécurité alimentaire de millions de personnes, notamment dans les pays en développement comme l’Afrique.
Dans un récent rapport de la FAO (Food and agriculture organisation) les experts renseignent que l’indice des prix des produits alimentaires a augmenté de 12,6% en mars 2022 et a atteint son plus haut niveau jamais enregistré. Selon eux, «la hausse des prix alimentaires affecte de manière disproportionnée les plus pauvres car, ils dépensent une part plus importante de leurs faibles revenus pour se nourrir». En moyenne, souligne le rapport «la part de l’alimentation dans les dépenses totales des ménages atteint 40% en Afrique subsaharienne, contre 17% dans les pays riches». Ces menaces interpellent à plus d’un titre, l’urgence pour les Etats en voie d’émergence comme le nôtre (Sénégal), à développer une politique agricole accrue devant permettre d’arriver à une autosuffisance alimentaire dans le cours terme, du moins sur certaines denrées à forte consommation.