Plus de la moitié des projets du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida) en sa phase 2 sont encore dans les tiroirs des initiateurs. Une contrainte majeure pour l’Afrique, qui tente de combler son gap criard en infrastructures. Le Sommet Dakar 2 sur le financement des infrastructures en Afrique (Fds 2) ambitionne de relever les défis en mettant à la table des échanges, 20 projets prioritaires qui vont servir de cas d’école, afin d’intéresser les investisseurs aux dossiers dormants.
Plus de la moitié des projets prioritaires de la 2ème phase du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida) peinent à trouver investisseurs. Le Président Macky Sall, qui l’a fait savoir hier dans son discours inaugural au Sommet sur le financement des infrastructures en Afrique (Fds 2), qui se tient au Cicad de Diamniadio, espère que Dakar 2 va permettre d’y pallier, en permettant aux uns et aux autres de prendre exemple des 20 projets qui y seront présentés. «61% des 69 projets du 2e Plan d’action prioritaire du Pida n’ont pas encore fait l’objet d’études de faisabilité pour être susceptibles d’attirer des investisseurs privés», a noté Macky Sall. «Il y a lieu de créer une synergie entre les banques multilatérales de développement, les partenaires techniques et financiers, et le Fonds de préparation des projets du Nepad, pour améliorer les études de faisabilité des projets prioritaires», a-t-il plaidé, se voulant optimisme à travers le sommet. «J’espère que la présentation des 20 projets sélectionnés dans le cadre des sessions de boardroom pourra servir de cas d’école pour aider à lever les obstacles sur ces différentes étapes», estime-t-il, mettant en exergue la nécessité de relever les défis de la planification et de l’ingénierie technique et financière des projets pour les rendre bancables. Au-delà de ces considérations, le président en exercice de l’Union africaine (Ua) a mis sur la table d’autres facteurs bloquants à la réalisation d’infrastructures. Parmi ceux-ci, les notations abusives de certaines agences d’évaluation et la perception surévaluée du risque d’investissement en Afrique toujours plus élevée que le risque réel. «En Afrique, les infrastructures restent encore sous-financées en volume et mal financées en termes de taux d’intérêt et de délais de remboursement», a indiqué le Président Sall, assurant que pour l’année 2020, le financement des infrastructures en Afrique a porté, selon les chiffres du rapport annuel du Consortium pour les infrastructures en Afrique, sur un total de 81 milliards de dollars Us. «L’Afrique a toujours payé cher ses projets, à cause de taux d’intérêt élevés. En outre, pour des financements aussi lourds et des infrastructures de longue durée, nos pays sont souvent tenus de rembourser leurs dettes dans des délais souvent courts, à quelques exceptions près», a-t-il-noté comme autre facteur bloquant. «La problématique du financement restera entière tant que perdurent les règles et pratiques de la gouvernance économique et financière mondiale qui entravent l’accès de nos pays à des ressources conséquentes, et à des conditions soutenables», a-t-il encore relevé, exhortant les dirigeants du continent à poursuivre le plaidoyer pour inverser la tendance. «En dépit de nos difficultés structurelles et des effets de la pandémie du Covid-19, l’Afrique est en chantier», croit toutefois savoir Macky Sall, énumérant à ce propos, plusieurs projets dans son pays et dans d’autres du continent. Il s’agira ainsi pour lui, à travers le Sommet Dakar 2, d’une synergie des parties prenantes au Pida 2 pour relever les défis face à l’insuffisante criarde d’infrastructures pour l’Afrique.
Pour Paul Kagamé, président du Comité d’organisation du Nepad, réussir le pari des infrastructures, c’est réduire le coût des affaires, booster le commerce régional et devenir plus résilients face aux chocs futurs. Dakar 2 est, d’après lui, une opportunité pour nouer des partenariats avec le secteur privé. Ceci, a dit le Président rwandais, pour faire en sorte que les projets d’infrastructures soient bancables.
Aimene Benabderrahmane, Premier ministre d’Algérie, et son homologue égyptien, Mostafa Madbouly, le président de la Commission de l’Ua, Moussa Faki Mahamat, et plusieurs personnalités prennent part au sommet qui porte sur le thème : «Maintenir l’élan vers des infrastructures de classe mondiale en Afrique.»
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