INTRODUCTION
Un individu comme son nom l’indique est un être indivisible qui se défini dans la singularité, la solitude et l’isolement. C’est pour quoi on parle d’individualisme, d’individualité.
La société par contre, est une association d’un ensemble d’individu qui vive en communauté ; Elle renvoie alors à l’idée de groupe, de collectivité. Henry Bergson là défini ainsi : « la société est une mise en commun des énergies individuelles ».
Cette analyse nous permet de réfléchir et de dégager la problématique du rapport entre individu et société.
Par conséquent nous essayons de voir si l’individu peut-il réellement se faire dans l’isolement et la solitude ?
Existe-t-il une vie humaine possible en dehors d’un milieu social ?
Par ailleurs, est ce que dans une certaine mesure la vie collective ne présente-t-elle pas des limites
I. La problématique du rapport entre individu et société
I.1. Une société n’est que ce que les individus en font
L’individu entant qu’être singulier occupe une place centrale dans la société car il est l’élément premier sans lequel une organisation sociale ne peut se constituer du point de vue formel. C’est pourquoi les individus influencent dans une large mesure l’avenir de la vie en groupe. En d’autres termes les qualités individuelles déterminent le niveau social. Ce qui veut dire que les ressources humaines ont un impact considérable dans la construction, l’évolution, et le développement d’une collectivité. Celle-ci n’est que le reflet, le miroir des membres par exemple : une société consciente, éveillée, intelligente n’est que le résultat, le produit de l’intelligence de ses membres. En effet, chacun en ce qui le concerne à une lourde responsabilité, un rôle à jouer par rapport au devenir de sa propre communauté. Chacun doit travailler à une compétence à son tour. Tout individu doit participer au progrès, à l’amélioration de sa société d’origine. Celle-ci en réalité est entre ses mains. Par conséquent il ne faut pas vivre l’individualisme, l’enfermement ; au contraire il faut s’ouvrir aux autres dans une dynamique à la relation avec le groupe. Il faut que chacun apporte sa pierre dans l’édification de notre organisation socioculturelle.
I.2. L’Homme n’est que ce que la société fait de lui
L’exemple des enfants sauvages montre qu’isoler de tout milieu social, l’individu risque de s’animaliser. On comprend alors que la société est capitale parce qu’en réalité elle nous humanise. Par exemple : déjà, dès l’enfance au sein de la famille ; elle nous inculque les valeurs, nous éveille ; nous conscientise en orientant notre comportement. Par ce travail, la société en un mot nous éduque. C’est pourquoi la vie en groupe occupe une place prépondérante dans l’avenir ; elle nous permet de nous éloigner de l’animalité. On tient ferme que la vie associative est nécessaire et qu’aucune existence humaine ne peut se faire véritablement qu’à l’existence de celle-ci. Elle nous façonne et participe à la formation de chacun. SPIRKINE a alors raison de dire : « la famille est un instrument essentiel de formation de la personnalité ». Une manière de dire que l’homme se construit et s’accomplit dans l’environnement socioculturelle. C’est pour quoi selon Aristote : « celui qui n’éprouve nullement le besoin de vivre en besoin société parce qu’il se suffit à lui-même est soit un Dieu ou une bête ». Le philosophe Grec semble montrer ici la fonction constructive du milieu sociale ; un milieu sans lequel la vie n’a pas de sens. Elle est donc fondamentale car c’est en son sein qu’un individu devient à la fois personne, personnalité et personnage. Dans le même ordre d’idée Kant écrit : « l’homme ne peut devenir homme que par l’éducation sociale, il n’est que ce qu’elle le fait ».
I.3. Les normes sociales
De façon générale, la norme c’est une règle de conduite, un principe social élaboré par la société pour non seulement de déterminer les limites de la norme par opposition à l’anormal mais aussi pour mettre de l’ordre dans la vie sociale et organiser celle-ci.
L’importance des normes c’est qu’elles constituent les fondements c’est-à-dire les piliers sur lesquelles repose l’organisation de la vie collective. Il n’existe pas de société humaine sans norme socioculturelle car il ya toujours un ensemble de principe, de règle qui structure la vie en groupe. C’est la raison pour laquelle chaque membre doit se conformer à la norme sociale. Autrement dit tout homme doit respecter et se plier à la réglementation et aux exigences sociales ; sinon c’est l’anarchie, le désastre, l’insécurité, l’instabilité. Tous cela pour dire qu’être membre d’une communauté ; c’est se soumettre aux conditions sociales ou obligatoires en évitant la transgression c’est-à-dire la désobéissance sociale. Mais, le paradoxe c’est que selon KANT : « l’homme est à la fois un être sociable et insociable », ce qu’il appelle l’insociable sociabilité des hommes. Il est sociable parce qu’il a un penchant à entrer en société et ç respecter les normes. Il est insociable parce qu’il oppose souvent une secrète résistance à se plier aux normes de la société. Il est vrai que selon Kant : « les attitudes antagonistes sont le moteur du développement de l’évolution sociale ».
Parce que selon le philosophe allemand une société sans conflit n’est ni possible ni souhaitable. Mais, au-delà de cette analyse, ce qui est intéressant avec cette réflexion de Kant c’est que dans toute vie en société il existe des cas et des attitudes anormales dont les plus fréquent sont : marginalité, déviance, folie.
- La Marginalité
Elle pourrait se définir comme l’attitude de quelqu’un qui s’écarte volontairement et en toute connaissance de cause de la norme sociale en vigueur. Par exemple : les voleurs, agresseurs, homosexuels, lesbiennes, prostitués etc. Le marginal ne cherche pas à avoir des adhérents, il est exclu parce qu’il refuse d’obéir à la règle sociale. Cependant, pour chaque crise sociale la société a besoin de bouc émissaire c’est-à-dire un instrument pour orienter le comportement de certain et les éduquer. Le marginal joue justement cette fonction. C’est pourquoi il est paradoxal de le dire mais, toute organisation sociale a besoin de marginaux lesquels influence les normaux à prendre conscience du danger de la norme.
- La déviance et progrès sociale
C’est l’attitude d’un homme qui refuse de respecter les normes en vigueur dans la société au nom du progrès et de la transformation sociale. Ainsi il cherche en permanence des adhérents. C’est le cas par exemple : des prophètes, des héros, des leaders politiques.
C’est pour quoi dans une certaine mesure toutes les sociétés ont besoin des déviants parce qu’ils sont porteurs de modernité. Il peut arriver qu’un homme dans la force de ses idées et de son courage, change positivement une société donc la déviance est quelque part bénéfique pour l’évolution sociale.
- La folie
Elle est vue sous plusieurs angles : c’est la rupture avec la raison d’où la déraison ; avec la règle d’où le dérèglement ; avec la mesure d’où la démesure ; avec le mode de sociabilité d’où l’insociabilité.
Mais quel que soit l’image que l’on donne du fou, sa définition parait énigmatique car son corps, ses gestes, son langage rappellent l’homme. Ce qui veut dire que discourir sur la folie est en fait une folie ou bien, tous les hommes sont fous ou bien encore nul n’est fou car il remarqué que la folie c’est toujours l’autre. Dans cette analyse deux questions se posent : Toute société n’aurait-elle pas besoin de fou ?
Celui-ci ne serait-il pas l’être sur lequel la norme décharge ses contraintes ? Autrement dit n’est-ce pas c’est celui qui montre les limites à ne pas franchir c’est-à-dire ce qui est normal ?
Enfin il faut retenir que néanmoins toute société a besoin d’avoir des individus sur lesquels la négativité sociale s’impose.
II. La critique de la société
Il est vrai que la société est positive ; mais lorsqu’on prendra un peu de recul et qu’on l’analyse sous un autre angle on remarque qu’elle présente quelque part des aspects négatifs. Il n’ya pas de doute la société peut être destructrice. Elle peut avoir des influences désastreuses pour l’individu. C’est en tout cas le point de vue de Rousseau lorsqu’il affirme ce ci « l’homme nait bon, c’est la société qui le corrompt ». L’auteur du contrat social veut montrer par-là naturellement n’est que bonté mais sous l’influence du déterminisme social celui-ci est souvent corrompu. Rousseau semble soutenir qu’avec la vie en société l’homme peut devenir méchant, mauvais… De ce point de vue il a alors une conception négative du milieu social. C’est pourquoi avec Rousseau on peut dire que la société dénature l’homme en ce sens qu’elle lui fait perdre sa nature, son essence. On comprend alors qu’elle est déshumanisante dans la mesure où elle nie ce qui fait l’humanité selon Rousseau de tout homme. Toutefois on ne peut pas écarter le conditionnement social dans l’explication du comportement humain. D’ailleurs la plupart de nos vices viennent d’une certaine détermination sociale donc le caractère totalement humanisant de la société est à prendre avec beaucoup de réserve. Donc la question qui se pose est : est ce que certains comportements anormaux rejetés par la société ne sont pas causés par celle-ci ? Autrement dit est ce que l’homosexualité, la pédophilie, la prostitution etc. N’ont pas comme explication l’influence sociale ? Dans un autre registre on voit aussi que la société fonctionne comme une contrainte car elle …oblige indépendamment à notre volonté à obéir à des normes. Elle nous impose des modes de conduite qui, généralement entrent en conflit avec nos propres aspirations. C’est en cela qu’on peut voir l’organisation sociale comme une réalité qui anéantit la liberté humaine. Les exigences socioculturelles font souvent obstacle à l’expression de la liberté. Or selon Jean Paul Sartre « l’homme par essence est liberté ».