Introduction
Selon Sponville : « l’homme est un être naturel capable non seulement d’évoluer mais aussi de se transformer lui-même en transformant son milieu ». Pour le philosophe français l’être humain est à la fois un être naturel et culturel qui a le pouvoir d’auto- transformation et de transformation de son monde extérieur. C’est pourquoi, l’homme a un pouvoir sur lui-même et une capacité d’évolution car la culture est une activité transformatrice de l’homme envers son milieu de vie. De ce point de vue, peut-on dire que l’homme aussi est un être culturel dans le naturel ? N’existe-t-il pas une différence entre l’homme et l’animal ?
Qu’appelle-t-on le relativisme et l’universalité ?
La relation entre la nature et la culture
- Qu’est-ce que la nature ?
Le concept de nature se définit au moins de trois façons :
D’abord il désigne en premier lieu le milieu physique c’est-à-dire l’environnement dans lequel vit l’homme. La nature s’entend aussi biologiquement, héréditaire. Ainsi, une chose est naturelle lorsqu’elle est innée à l’homme. A ce propos Descartes affirme : « la nature signifie ce avec quoi l’homme nait. Ce qui chez lui est donné ou est transmis, l’hérédité biologique ».
Elle renvoie donc aux aptitudes, aux prédispositions que l’homme apporte avec lui à la naissance.
Exemple : La tête, les cheveux, le besoin de manger, dormir, le besoin sexuel….
Enfin la nature signifie aussi l’essence c’est-à-dire ce qui fait l’identité de l’être profond d’un homme.
- Qu’est-ce que la culture ?
La culture signifie un acquis. C’est tout ce que l’homme requiert dans le milieu après la naissance. C’est donc le produit de l’apprentissage, de l’éducation… Ainsi on peut dire que la culture est une activité transformatrice par laquelle l’homme change, adopte le milieu pour qu’il puisse répondre à ses aspirations. C’est pourquoi est culturel tout ce que les hommes ajoutent à leur propre nature environnante. Dans cette perspective la culture renvoie à tout ce que l’on invente pour satisfaire ses besoins en tant qu’être humain. Exemple : la langue, la tradition, les coutumes, la manière de manger etc. C’est dans ce cadre qu’Eduard Burnet Taylor écrit dans son ouvrage intitulé Primitive culture : « la culture ou la civilisation entendue dans son sens ethnographique étendu est cet ensemble complexe qui comprend les croyances, l’art, le droit, la morale, les coutumes, les aptitudes et habitudes qu’acquiert l’homme en tant que membre d’une société ». 3. La culture et la nature sont interdépendantes
La nature a besoin de la culture mais aussi la culture à besoin de la nature. En effet, la culture occupe une place incontournable dans la positivisation, l’humanisation de la nature de l’homme car ce dernier n’arrive pas au monde comme une feuille vierge, une table rase. Il y a toujours en lui des prédispositions génétiques, des virtualités que le professeur Lucien Malson appelle des structures d’accueil c’est-à-dire des possibilités de façonnement de notre être. Mais ces aptitudes génétiques sommeillent en l’homme ; elles sont à l’état de nature. C’est la culture qui a pour fonction d’éveiller, de développer, ces dispositions génétiques qui dorment en l’homme. Laissé à lui seul quel que soit la valeur de sa nature, l’être humain risque de s’animaliser. C’est pourquoi selon Jean Salem : « les enfants sauvages témoignent que la personnalité humaine, morale ne peut jamais se constituer que si le milieu, par sa valeur éducative offre à l’enfant les accords sociaux, culturels opportuns à son développement.» On comprend alors le rôle de la culture c’est d’éduquer, valoriser, socialiser, orienter la nature de l’homme afin qu’elle soit plus humaine. Par conséquent, la culture façonne et participe au devenir de l’individu en l’accomplissant. On se rappelle, l’homme ne nait pas, il le devient par la culture, par la société. C’est le point de vue de Spirkine :« ces potentialités proprement humaines que l’enfant portent en soi ne se développent qu’au cours de sa vie ultérieure dans la société et grâce au déterminisme culturel ».
Inversement, il faut retenir aussi que la culture à son tour ne vaut rien ; elle ne peut être efficace et productive que l’ors qu’il y a déjà une nature humaine qui est là. Autrement dit une culture sans nature ne sert à rien et n’a pas sa raison d’être. Ce qui veut dire que pour agir et remplir sa mission d’éducation et d’éveille, il faut toujours un existant naturel. En d’autres termes, la nature est le socle, le fondement de la création culturelle. En effet, on voit donc qu’il ya pas une distinction en la nature et la culture ; aucune ne peut se passer de l’autre. Généralement on s’y amuse à dire que l’homme est naturellement culturel et culturellement naturel. Une façon de dire que les comportements, les conduites humaines relèvent de la nature et de la culture. N’est-ce pas EDGAR MORIN qui écrit ceci : « l’homme est un être bioculturel ». Une façon de dire qu’il est à la croisée des chemins entre le naturel et le culturel
- La différence entre l’homme et l’animal par rapport à la nature et à la culture Il est vrai que naturellement nous avons des points de ressemblance avec les animaux par exemple :
Manger, boire, dormir, se reproduire, l’instinct…, mais, notre différence réside particulièrement sur le fait que nous sommes doués d’intelligence. Autrement dit, l’homme est le seul être raisonnable. C’est pour quoi PASCALE le définissait comme : « un roseau pensant ». Une façon de dire que là ou l’animal n’a aucun pouvoir sur soi, l’homme parce qu’il est intelligent a par contre un pouvoir sur sa nature et sur la nature. Autrement dit l’être humain peut maitriser par exemple son instinct animal ; sa nature lui permet de l’humaniser, de le socialiser afin qu’il soit humainement acceptable.
L’animal par contre subi totalement la nature. Il n’a aucune possibilité de prise de recule. C’est pour quoi selon le philosophe FITCHTE : « un animal est fini avant sa naissance ; il est tout ce qu’il doit être avant qu’il n’arrive à l’existence ». On comprend ici qu’il est programmé génétiquement et tout ce qu’il fait n’obéi qu’à un code biologique. Il ne peut pas agir autrement que dans la direction dictée par sa nature. Par contre l’homme peut se dépasser et transcender le naturel. Donc entant qu’intelligent, l’homme peut créer une culture pour organiser son cadre de vie comme il l’entend.
Le relativisme et l’universalisme culturel
- Le relativisme culturel
Le relativisme culturel signifie que la culture par définition est diverse. Elle varie, change selon que l’on passe d’un peuple à l’autre, d’une société à une autre. Ainsi chaque société possède sa propre culture, ses propres valeurs. C’est pour quoi celle-ci est relative dans la mesure où elle ne peut être pensée qu’en rapport avec le passé, l’histoire propre d’un peuple donné. Dans cette perspective, il n’existe pas au monde une communauté qui n’a pas de culture. Chacune selon sa trajectoire a sa manière d’organiser, de structurer la vie collective. A ce titre, aucune civilisation, aucune société n’a le monopole de la culture. De même aucun peuple du point de vue culturel n’a la supériorité sur les autres. En réalité toutes les cultures se valent même si elles sont différentes. Mais le problème c’est que le relativisme de la culture en ce 21éme siècle est à l’origine de beaucoup de fléaux moderne par exemple : les conflits religieux, les violences ethniques, les génocides, l’ethnocentrisme, le racisme… . Ainsi, notre monde actuel court un grand danger à cause d’une certaine façon de voir la culture. Par exemple : considérant qu’ils sont supérieur, le blanc sous-estime le noir ; le musulman et le chrétien s’entre déchirent. Pourtant, personne n’est supérieur à personne. Toutes les cultures sont sur un même pied d’égalité. C’est la raison pour laquelle au lieu d’être en guerre, elles doivent dialoguer et de tendre vers ce qu’on appelle universalité ou mondialisation culturel. 2. Le dialogue des cultures ou l’universalité culturelle
Nous vivons aujourd’hui dans un monde mondialisé qui correspond à la disparition des frontières culturelles. Au lieu de s’enfermer sur elle-même, les cultures doivent s’ouvrir, échanger entre elles tout en conservant leurs différences. Donc pour résoudre les guerres, le choc des civilisations, il faut que les sociétés soient tolérantes entre elles. La globalisation actuelle invite aux dialogues des civilisations. Le poète président SENGHOR a toujours défendu l’idée d’un métissage culturel, d’un brassage des cultures, tout en gardant notre identité.