Introduction
Le travail peut être défini comme une activité transformatrice consciente et volontaire qui se fixe un but. Il suppose l’intelligence et la raison. C’est pour quoi PROUDHON disait : « le travail est une émission de l’éprit » une question alors se pose : n’est-il une activité exclusivement humaine en tout cas une chose est sure le travail est positif parce qu’il humanise et libère l’être humain. Mais philosophes comme KARL MARX soutiennent le contraire parce que le travail selon eux est négatif, plein d’inconvénient, surtout il aliène et prive l’individu de sa liberté.
Ainsi quelques interrogations se posent à nous :
- Le travail est-il une libération ou une aliénation ?
- Pourquoi il est le propre de l’homme ?
- Quelle critique pouvons-nous adresser au travail ?
I. Le travail source d’humanisation
Le travail en tant qu’activité transformatrice permet à l’homme de modifier exploiter et de maîtriser la nature afin qu’elle soit vivable humainement.
En ce sens, il humanise dans la mesure où en travaillant l’homme se travaille car il développe les facultés naturelles qui sommeillent en lui.
A ce propos MARX écrit : « en même temps qu’il agit sur la nature extérieure et la modifie l’homme, par le travail modifie aussi sa propre nature et développe les facultés qui sommeillent en lui. » De ce point de vue, le travail devient une activité fondamentale. Il nous permet de devenir maitre et possesseur de la nature mais aussi il nous permet de quitter le stade animal primitif pour le stade humain.
Autrement dit il éloigne de notre animalité en faisant de nous des hommes au plan physique et psychique, le travail nous transforme positivement. Il est un acte constatif de notre être dans la mesure où il est un processus grâce aux quelle l’homme se fait et devient. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre cette phrase célèbre des EXISTENCIALISTES : « en faisant l’homme se fait. » c’est dire alors comme le soutient EMMANUEL MOUNIER : « tout travail travaille à faire un homme.» Donc aucune existence humaine ne peut se passer du travail qui devient justement le passage obligé pour toute réalisation parce qu’en travaillant, l’homme s’affirme mais aussi se forme, se forge une personnalité et s’accompli en tant qu’être humain. C’est pour quoi comme l’écrit HENRY BERGSON : « le travail est l’acte humain par excellence.» Il faut donc travailler c’est la raison d’être de l’homme dans ce monde. A ce propos ENGELS déclare « le travail est source de toute richesse ; il est la condition fondamentale de toute vie humaine parce qu’il crée et produit l’homme.»
C’est pourquoi le travail du point de vue social est d’une impotence capitale. Il socialise dans la mesure où il est un puissant vecteur d’interrogation sociale. Le travail comme le soutient GEORGE
CANQUILLEM : « rend à l’homme son indépendance et sa dignité sociale.»
II. Le travail source de liberté
La question principale posée ici c’est : en quoi le travail est libérateur ? Selon SARTRE : «la liberté c’est le pouvoir qu’a l’homme de refuser les contraintes et dominations naturelles. » De ce point de vue on constate qu’il n’existe de liberté véritable que dans la capacité de ce qui est donné. Dans ce cadre, refusé renvoi au verbe transformer, modifier, changer.
Ainsi, on voit que le travail libère dans la mesure où il est une activité permettant à l’homme d’adopter sa nature et la nature en fonction de ses aspirations. Dès lors le travail donne à l’individu une supériorité sur la nature dans la mesure où il peut désormais modifier cette dernière comme il entend.
Par ailleurs avec le travail il devient clair que si l’homme n’est pas soumis totalement au naturel c’est parce que contraire à l’animal il peut le travailler pour JEAN HYPOLITE « le travail est formateur et libérateur.» En ce sens l’homme est tenu de travailler s’il veut être indépendant et autonome au plan naturel et social.
Pour confirmer cette vocation libératrice du travail, nous allons convoquer cette épisode célèbre de HEGEL : la dialectique du maitre et de l’esclave.»
L’esclave passe la plupart de son temps à travailler en étant au service de son maitre mais cette situation lui permet de dompter la nature et de gagner en expérience le maitre devient oisif, paresseux et fortement dépendant de son esclave. Il ne peut rien faire sans lui.
HEGEL nous fait remarquer qu’en se vouant au travail l’esclave devient paradoxalement le maitre de son maitre alors que le maitre est devenu l’esclave de son esclave.
Ce que HEGEL veut montrer par là c’est qu’avec le travail uniquement qu’on peut accéder à la liberté. Si le maitre est devenu dépendant de son esclave, c’est parce qu’il a perdu l’habitude du travail. En effet l’autonomie et l’indépendance ne peut vraiment s’effectuer que lorsqu’on se met au travail. En tout cas l’écrivain français VOLTAIRE nous apprend que : « le travail nous éloigne de trois mots : l’ennui, le vice et le besoin.»
III. Le travail une activité spécifique à l’homme
Certains points de vue défendent l’idée de travail animal. On nous parle des abeilles, des castors, des guêpes maçonnes mais du point de vue philosophique, l’animal ne travaille pas et il en est incapable. S’il arrive qu’il le fasse c’est grâce à l’intervention de l’homme qui, par la domestication peut le faire travailler selon ses besoins.
Le travail suppose la réflexion, l’anticipation, la conscience. Dans cette perspective on remarque que l’animal est exclu parce que par nature il n’est pas doué de raison ; il est instinctif.
D’ailleurs tous les animaux de la même espèce répondent à un programme génétique. Par exemple tous les oiseaux de la même espèce fond de nid de la même manière partout.
On constate ici le caractère répétitif invariable du travail. Or, le travail humain parce qu’intelligent est créateur, variable. L’homme peut travailler de différente manière ou refuser même de travailler. S’il en est ainsi c’est parce qu’il a ses capacités d’invention qui lui procure la raison.
Quant au travail d’animal il est biologiquement dans l’espèce ; il ne peut être autrement. Pour montrer qu’il n’existe pas de travail animal, KARL MARX écrit : « ce qui distingue le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.»
- Les critiques du travail
- La critique de la tradition judéo-chrétienne
Lorsqu’ on analyse l’histoire du judaïsme et du christianisme, on ne peut pas ne pas s’arrêter sur la genèse. Celle-ci nous apprend les causes pour lesquelles l’homme doit travailler dans le paradis Adan et Ève n’avaient pas besoin de travailler pour vivre, mais lorsqu’ils ont violé l’interdiction, DIEU condamne le premier à gagner désormais sa vie a la sueur de son front. Quant au second elle est obligée d’enfanter dans la douleur. On voit ici que le travail est un châtiment une punition divine pour avoir transgressé l’interdiction de DIEU. Des lors, on remarque que le travail a un entendement négatif selon la tradition judéo-chrétienne parce qu’il sonne malédiction, souffrance et preuve. 2. La critique de la tradition gréco-latine
Il suffit d’interroger l’origine du mot pour se rendre compte que le travail vient du mot latin ^^tripalium ^^ qui signifie un instrument dont se server les grecs anciens pour ferrer les chevaux. De ce point de vue, le travail vu son origine symbolise la torture, la souffrance, la peine. Par ailleurs il exprime la servitude de l’homme qui réussit à survivre que par un effort douloureux.
Dans une autre perspective, la structuration et l’organisation de la société grecque et latine nous apprennent que le travail est réservé uniquement aux esclaves. L’homme libre ne travaille pas. On retient alors que le travail exprime la misère de l’homme et non sa noblesse de même il n’est pas si libérateur qu’on le croit.
- La critique marxiste
KARL MARX situe son analyse dans le système capitalisme. Ainsi il remarque avec une telle idéologie que ce qui compte pour le patron c’est maximiser le profit. Par conséquent, dans les sociétés capitalistes l’ouvrier n’est qu’une simple marchandise sans valeur. Il compte que tant qu’il participe au développement de l’entreprise.
Ainsi sa dignité est piétinée. C’est pour quoi MARX soutient que le travail est une exploitation de l’ouvrier. IL est une dépossession de la dignité humaine parce que l’ouvrier ne fait qu’obéir à un patron qui procède toutes les richesses entre ses mains.
Dans ce cadre est-il possible de parler de liberté ? MARX répond négativement car il soutient avec fermeté que le travail est source d’aliénation.
Etre aliéner c’est devenir étranger à soi-même, ne plus s’appartenir, ne plus être soi-même. A ce titre, le travail semble détruire la liberté humaine d’autant plus que le travailleur n’est plus maitre de soi. C’est tout le sens de cette phrase de MARX: « avec le travail, l’ouvrier ne s’affirme pas, mais il se nie, il ne se sent pas libre mais malheureux ; il ne déploie pas une libre activité physique et intellectuelle mais, mortifie son corps et ruine son esprit.»