INTRODUCTION
L’Etat peut se définir comme une organisation sociale, un ensemble d’institutions que se donne un peuple pour structurer l’existence communautaire et collective.
C’est pourquoi pour André Lalande : « l’Etat est une société organisée ayant un gouvernement autonome jouant le rôle d’une personne morale, distinct des autres sociétés avec lesquelles elle est relation ».
- Mais pourquoi l’Etat est née ?
- Quelles sont ses fonctions et finalités ?
- Qu’est-ce qu’un Etat démocratique ? Qu’est-ce que la monarchie ?
- Quelles critiques pouvons-nous adresser à l’Etat
I. L’origine de l’Etat.
1. Selon Rousseau.
- Hypothèse de l’état de nature pour expliquer la nécessité de l’Etat, Rousseau part d’une hypothèse célèbre : l’état de nature.
La raison dit il c’est qu’il est impossible de parler de l’Etat de ce qu’il est de sa vocation et de ses missions sans remonter l’histoire et invoquer la question de l’état de nature.
Par conséquent, comment peut-on le caractériser ? De quoi s’agit-il ?
Rousseau répond : « Il faut un état paradisiaque, de bonheur total en l’homme se suffisant à lui-même ; il n’avait pas besoin des autres ni d’une société, ni de relations sociales pour survivre et être heureux. Il était totalement indépendant ; on pouvait même parler de liberté entière. »
Pourtant s’il en est ainsi, c’est parce que l’état de nature fut un état où tout était abondant. La nature satisfaisait à l’ensemble des besoins de l’homme. Celui-ci n’avait alors aucun problème pour manger, boire et se reproduire. Mais la vie va basculer parce qu’en un moment la nature va se raréfier et devenir insatisfaisant à cause des calamités naturelles comme les volcans, les tremblements de terre, la foudre etc. Cette nouvelle situation va conduire les hommes dans des conflits interminables, ce sera « La guerre de tous contre tous » (Tomas Hobbes). C ‘est-à-dire se sera la loi du plus fort ; le désastre total et l’insécurité. L’humanité tombe dans ce que Rousseau appelle le second état de nature par conséquent tout le monde sera en danger parce que rien ne garantit la protection. La seule solution qui les restait c’est : « s’associer ou périr ».
2. Selon Thomas Hobbes.
Il part de la même hypothèse que Rousseau c’est-à-dire l’état de nature pour expliquer la genèse mais aussi les fonctions que devrait jouer celui-ci. Il imagine que les hommes ont vécu sans loi dans un pur état de nature où c’est le règne de la terreur, de la violence : « L’homme devient un loup pour l’homme ». C’est dans un tel contexte que l’Etat est né car il fallait trouver une organisation qui va garantir la protection et la sécurité des hommes.
II. Les différentes formes d’Etats.
- Rousseau et la Démocratie.
L’état de nature devenu invivable, les hommes décidèrent de fonder une association de signer un contrat social entre eux : c’est l’Etat. Mais, la question est qu’est ce qui fonde le pouvoir politique ? Rousseau répond que : « c’est la démocratie ». Maintenant comment l’Etat s’est formé selon Rousseau ? En chaque homme il existe deux types de volontés : la volonté individuelle et la volonté générale. La première dit Rousseau tend toujours vers l’égoïsme, l’intérêt individuel tandis que la seconde poursuit toujours par nature l’intérêt général, elle vise le bien commun. En s’associant, chacun volontairement aboutit à une volonté générale au profit de l’Etat. C’est pourquoi le pouvoir politique est constitué de l’ensemble des volontés individuelles contractées entre le peuple. C’est la raison pour laquelle écrit Rousseau : « l’Etat c’est l’expression de la volonté générale », or puis que celle par nature poursuit toujours le bien commun, alors l’Etat doit viser l’internet du peuple donc de la collectivité. En effet, Rousseau explique par la que l’Etat ne doit pas être l’Etat de quelque uns, ni d’une minorité. Il ne doit pas être également arbitraire et subjectif car c’set le peuple dans le système démocratique qui détient le pouvoir. Par conséquent, la seule volonté que le peuple doit reconnaitre, c’est la volonté générale. D’ailleurs, la démocratie se définit comme : le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.
- La monarchie absolue (Hobbes).
Thomas Hobbes est le théoricien de la monarchie. Ainsi il pense que pour mettre en terme la violence qui caractérise l’état de nature, les hommes ont décidé de déposer leur vie, leur liberté, leurs intérêts entre les mains d’un chef qui détient les lois, une autorité incontestable et absolue : c’est le monarque. Ce dernier eut toute souveraineté décide de la marche des affaires de la société ; il n’a de compte à rendre à personne et il n’a pas besoin de consulter le peuple. Les sujets lui doivent une obéissance inconditionnelle par ce que l’homme, marquée par le péché originel, est radicalement mauvais. Par conséquent, seul le souverain tout puissant responsable des sujets devant Dieu peut les empêcher de s’entre déchirer et leur assurer l’ordre et la paix. Hobbes assimile ici le monarque à un Léviathan c’est-à-dire un monstre prêt à dévorer ses ennemis. Il veut montrer que dans la monarchie le pouvoir doit être fort et puissant.
III. Fonctions et finalités de l’Etat.
De manière générale, on peut retenir de la fonction première de tout Etat est de protéger et de sécuriser la vie des citoyens. Cette mission s’explique depuis l’état de nature. Autrement dit, l’Etat doit défendre non seulement les individus mais aussi leurs biens. Il doit faire en sorte que le plus fort ne domine pas le plus faible. Il doit donc préserver la paix sociale, ce qui veut dire que la vocation première de tout pouvoir politique est de permettre à chacun d’échapper à la violence, à la guerre. L’Etat doit prendre en charge la gestion de la cité, la préservation des droits humains et la garantie de liberté car laissés à eux même sans loi ni autorité légitime, les citoyens ne peuvent échapper à l’affrontement, aux conflits. C’est la raison pour laquelle la finalité de l’Etat doit être : assurer la paix, la sécurité, la protection et l’ordre nécessaire dans toute vie en communauté. Pour cela, l’homme politique et écrivain italien Machiavel qui fut le premier à utiliser le terme Etat considère que tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. A travers son ouvrage célèbre Le prince, on comprend mieux sa fameuse formule : « la fin justifie les moyens.» Par conséquent, la séduction, la tromperie, la ruse, le mensonge, la violence etc, peuvent être utilisées par l’Etat pour assurer l’ordre public et se maintenir au pouvoir. Mais Machiavel précise que cette violence comme vertu de l’Etat, n’est qu’un moyen pour atteindre son but à savoir protéger et sécuriser les citoyens. Par ailleurs, le sociologue allemand Marx weber montre que la caractéristique prise de l’Etat moderne réside dans le fait qu’il possède en tant qu’il est maitre des forces armées et des forces de police c’est-à-dire « le monopole de la violence physique légitime.» Bien que ce monopole soit la condition de l’exercice de la souveraineté de l’Etat, mais son usage est à prendre avec réserve. L’union de la force et du droit dans l’Etat peut déboucher sur des modes de domination arbitraire où l’exercice du pouvoir est confisqué par un individu ou une minorité. En ce moment l’exercice du pouvoir entraine souvent l’abus du pouvoir. Par conséquent, l’Etat fait de la violence non seulement un moyen mais un principe au nom duquel les actions les plus inhumaines sont permises. Ainsi, pour Freud la fonction de l’Etat est d’bord de canaliser la violence car l’homme en tant qu’« angoisse sociale » est l’objet de tendance agressive inconsciente dont la violence destructive menace l’individu et le bien social. La société doit alors empêcher l’expression de ses tendances par l’éducation et la morale. Mais, quand la guerre pousse l’Etat à légaliser la violence, les conditions créées pour que les individus défoulent une agressivité que rien ne pourra limiter. Pour éviter pareilles situations, le pouvoir politique doit poursuivre le droit commun, l’intérêt général ; il doit éviter l’arbitraire et prendre en charge les aspirations du peuple car c’est cela même la texture de l’autorité politique.
IV. Les critiques de l’Etat.
- La critique Marxiste
Pour MARX l’Etat et au service d’une minorité, celle de la classe dirigeante. Donc pour MARX et ENGELS, l’Etat ne sert pas les intérêts du peuple. Il n’est qu’un appareil qui utilise la bourgeoisie pour préserver ses propres intérêts. Il ne poursuit pas en réalité le bien commun. MARX considère que l’Etat est un instrument d’oppression dans la mesure où il est une exploitation du peuple. ENGELS confirme ce point de vue en affirmant « l’Etat c’est l’Etat de la classe la plus puissante… celle qui grâce à la loi, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert de nouveau moyen pour mater et exploiter la classe opprimée.» On voit alors que KARL MARX et ENGELS ont une considération négative de l’Etat car ils soutiennent que le pouvoir politique est le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression. Pour toutes ces raisons l’Etat doit disparaitre pour céder la place à une société sans classe communisme.
- La critique anarchiste de l’Etat
L’anarchisme signifie littéralement absence de commandement, d’autorité. C’est un système politique qui rejette l’obéissance parce que parce qu’elle détruise la personnalité. C’est pourquoi, les anarchistes voient en l’Etat, au même titre que les MARXISTES un appareil d’oppression au service de la classe supérieure.
C’est ainsi par exemple le russe BAKOUNINE de même que le français PROUDHON considère l’Etat comme un mal radical. Il est un obstacle réel à la réalisation d’un véritable épanouissement individuel. A ce propos BAKOUNINE écrit : « l’Etat est un immense cimetière ou viennent s’enterres toutes les manifestations de la vie individuelle.»
Ce que le philosophe russe veut montrer ici c’est que l’Etat est une contrainte ; il sacrifie la liberté naturelle des individus. Ainsi l’anarchisme propose pour une vie sociale meilleur de supprimer l’Etat et tout pouvoir politique parce qu’en réalité il est une aliénation.
- La critique de Nietzsche
Dans son ouvrage intitulé Ainsi parlait Zarathoustra, NIETZSCHE écrit : « l’Etat est le plus froid de tous les monstres froids, il ment froidement et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : moi l’Etat je suis le peuple ; c’est un mensonge. » Le philosophe allemand montre ici que l’Etat est un menteur et qu’en réalité il ne sert pas le peuple ni le bien commun. Introduction