A. LA METAPHYSIQUE
INTRODUCTION
Le mot métaphysique fut créé pour désigner une collection particulière des ouvrages de ARISTOTE.
Après la mort de ce dernier laissant derrière lui beaucoup d’œuvres sans titre ANDRONICOS DE RHODES, son disciple fait la classification de ses œuvres et se rend compte après étude qu’il y’a des œuvres qui réfléchissaient sur les réalités physiques, donc matériel et d’autres qui s’intéressaient aux réalités abstraites donc immatérielles puisque dans la langue grecque META veut dire au-delà, derrière, après et PHUSICA renvoie au monde sensible, physique, apparent…. Il appela ces dernières Meta-taphusica (métaphysique).
L’origine du mot nous apprend alors que métaphysique est un questionnement philosophique qui étudie les réalités qui se situes au-delà du monde sensible, physique. Autrement dit, elle est une interrogation philosophique qui porte sur les réalités cachées derrière les apparences exemple : l’âme ; DIEU, la mort, le bonheur, le destin, l’idée ….
Ce qui veut que la métaphysique cherche à répondre à des questions du genre : d’où venons-nous ? Où allons-nous ? Avons-nous des raisons d’espérer une vie dans l’au-delà ?
De ce point de vue :
- Est-ce qu’on peut définir la métaphysique comme une science de l’être ?
- Est-ce qu’aujourd’hui la métaphysique est toujours d’actualité n’est –elle pas une réflexion inutile et insensée ?
- Est-ce que par contre elle n’est pas nécessaire pour l’homme, la vie et le monde ?
I.La métaphysique : la science de l’être
Selon Arthur Schopenhauer : « j’entends par métaphysique toute connaissance ayant la prétention de dépasser l’expérience ».
Le mot expérience renvoie à la réalité physique qui peut être perçue et expérimentée. Or, la métaphysique dépasse l’expérience, l’expérimentation ; c’est une connaissance qui n’est saisi que par la pensée et l’esprit. En ce sens la métaphysique désignée chez Aristote par l’expression : « philosophie première » peut se définir comme l’ensemble des spéculations qui dépassent les sciences de la nature ou « philosophie seconde » et permette des fondées en remontant à leurs principes. La philosophie première est donc la science de l’être entant qu’être. La science des premiers principes des causes premières et en particulier les causes finales. Des lors, le questionnement métaphysique de ce point de vue peut être définie comme l’étude de l’être mais la question est : qu’appelle-t-on- être ? ARISTOTE répond : » l’être c’est ce qui est réellement ». Mais, cette réponse ne règle pas le problème car on peut se demander : Qu’est ce qui est ? En ce sens nous pouvons dire que c’est la réalité cachée derrière les apparences qui est. En effet donc l’être signifie l’essence c’est-à dire ce qui fait une chose et ce qu’elle est et non pas autre chose (ce qui existe réellement). Des lors, l’être revoit à ce qui constitue et fonde une réalité quelconque. C’est ce qui est absolu, éternel, qui ne change pas parce qu’il est même quel que soit les variations.
L’être ne connait pas alors le mouvement, le dynamisme, il est primordial et essentiel c’est pour ça qu’il se distingue de l’étant qui est variable changeant et relatif.
Voilà alors comment HEIDEGGER le définit « l’étant désigné les diverses réalités particulières. » Autrement dit il renvoie au paraitre, à la matière au monde sensible. Ainsi, la recherche métaphysique entend dépasser les étant pour saisir l’être des choses parce que justement elle est une quête passionnée des essences. C’est pourquoi, la métaphysique cherche à répondre les questions du genre : d’où VENONS-
NOUS? Où ALLONS-NOUS ? AVONS-NOUS DES RAISONS D’ESPERER UNE VIE DANS l’AU-DELA ?
La réponse à ces questions nous conduit à la quête du sens de notre existence. Autrement dit, à s’interroger sur le sens de la vie et sur les valeurs qui là rende digne d’être vécue.
- Métaphysique et notion de vérité (réalité)
Du point de vue métaphysique, lorsqu’ on interroge la pensée de PLATON mais aussi d’ARISTOTE, nous pouvons dire que ces derniers ont révolutionnés la notion de vérité mais aussi de la réalité car ils ont redéfini autrement le vrai. Pour ces philosophes métaphysiciens, celui-ci n’est plus ce que l’on perçoit qui est physique et matériel. Il n’est non plus l’apparence. Bien au contraire, c’est ce qui est inaperçu et se cache derrière le paraitre. N’est-ce pas PLATON qui soutenait ceux-ci : « l’être c’est n’est pas le paraitre » pour dire tout simplement que : « l’être est le non être n’est pas »
Pour PLATON, celui-ci est changeant, il est faux parce qu’il connait le mouvement.
Or, la vérité c’est ce qui est essentiel, qui ne tombe pas sous le sens et qui ne change pas.
Qu’appelle-t-on philosophie du point de vue métaphysique ?
Entre autres définitions, on peut dire que la philosophie est une recherche de la vérité. Autrement dit la quête philosophique cherche à saisir, à comprendre le vrai dans les choses.
C’est ce que Karl Jaspers appelle « l’acte de philosopher » or cette vérité pour les métaphysiciens ne se trouve pas dans ce que l’on perçoit dans les réalités physiques. Autrement dit, elle n’est pas dans le paraitre donc le monde sensible qui est faux. Au contraire au-delà de l’apparence de la matière.
C’est la raison pour laquelle s’il veut accéder à la vérité le philosophe doit toujours rechercher l’essentiel inaperçu. On comprend alors que le questionnement philosophique doit se démarquer du perçu. Parce qu’il n’est pas vrai. Ainsi, philosopher c’est donc se méfier des sens et de l’apparence.
N’est-ce pas c’est Descartes qui disait que : « le sens est trompeur » s’il en est ainsi c’est parce qu’il est changeant, contradictoire, le vrai ce n’est pas la contradiction par conséquent le philosophe doit se détacher du monde sensible il doit prendre du recul par rapport à la vérité (réalité physique) parce que le monde sensible nous maintient dans une prison où nous voyons que des copies des ombres qui nous empêchent de percevoir les êtres. De ce point de vue philosopher c’est quitter le matériel en allant au-delà du paraitre.
II.Les critiques de la métaphysique
- La critique de l’empirisme (David Hum)
L’empirisme est une école de pensée, un système philosophique qui définit la vérité, donc la réalité avec l’expérience. Selon l’empirisme, une chose est vraie lorsqu’elle peut être vérifiée, démontrée de façon expérimentale. Or justement l’expérience renvoie au monde physique.
Dans cette perspective il devient clair et net que l’empirisme est une critique de la conception métaphysique de la vérité. Il s’inscrit en faux et rejette l’idée de la réalité métaphysique.
Le philosophe Berkeley est très explicite « l’être se limite aux perçus ». Donc selon l’empirisme la métaphysique est une réflexion absurde parce qu’elle s’intéresse à des choses qui ne sont pas qui n’existent pas.
- La critique positiviste (Emmanuel Kant, Auguste Comte)
Le positivisme est une doctrine, un système épistémologique qui définit la vérité en rapport avec la démonstration. Il fait penser à la science.
Or pour le savant une chose est vraie lorsqu’elle se démontre, s’éprouve et peut être vérifiée par des expériences concrètes. C’est pour quoi selon le positivisme une vérité métaphysique n’existe pas car elle est insaisissable, inexplicable par la raison. De ce point de vue le questionnement métaphysique devient une absurdité dans la mesure où il n’y a pas de valeur scientifique. D’ailleurs le savant doit se méfier des réalités métaphysiques parce qu’elles ne se justifient pas du point de vue démonstratif et objectif. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre la critique de Kant : « la métaphysique est une connaissance imprécise et non positive de la réalité ».
- La critique marxiste
Karl Marx est un philosophe allemand fondateur du Marxisme. Penseur matérialiste, Marx est athée ; c’est pourquoi qu’il n’existe de vérité que matériel selon sa conception. Ainsi, le marxisme dans ses principes est antireligieux. C’est pourquoi Marx rejette la métaphysique parce que c’est un obstacle pour la révolution sociale. A ce propos il écrit : « la métaphysique est une mystification de la conscience ouvrière ».
- La critique de Nietzche
Le philosophe allemand Nietzche rejette aussi la métaphysique car dit il elle n’a pas de place dans l’existence humaine. Il estime que ce sont les vaincus de la vie, les pauvres, les démunis qui vont inviter la fiction, l’illusion de l’au-delà pour se consoler de leur situation de misères et de pauvreté. Il écrit : « soyez fidèles à la terre l’au-delà n’existe pas».
III. Nécessité et actualité de la métaphysique
Il est vrai que la métaphysique a été critiquée de partout mais aussi elle est actuelle. L’homme ne peut pas s’en passer parce qu’en réalité le questionnement métaphysique donne sens et valeur à l’existence de l’individu. De ce point de vue, il n’existe pas alors une discussion stérile et dépassée.
Notre monde actuel est fait de problèmes où l’homme en permanence est angoissé. Nous vivons dans l’insécurité ; de plus dans la société contemporaine d’aujourd’hui nous sommes habités par le désespoir.
C’est justement un tel contexte qui explique l’actualité de la métaphysique.
Elle est donc fondamentale car elle devienne un refus qui nous permet de nous consoler et de garder l’espoir face aux difficultés de l’existence.
L’interrogation métaphysique est incontournable vue les problèmes de notre temps. C’est d’ailleurs pour cette raison que Georges Gusdorf écrit : « le temps présent semble fournir la preuve d’une préoccupation métaphysique particulièrement vraie. Loin d’affirmer la déchéance de celle-ci il faudrait souligner que la métaphysique s’est universalisée et qu’elle a acquise une sorte de suprématie ».
Les questions métaphysiques ne demeureront-elles pas toujours présentes tant que l’homme demeurera un être malade de sa propre finitude ? Comme le dit Schopenhauer : « si notre vie était finie et sans douleur, il n’arriverait à personne de se demander pourquoi il a précisément telle nature particulière, mais toutes choses se comprendraient d’elles-mêmes ».
Nous rejoignons ainsi la pensée de Kant selon laquelle il est impossible à la raison humaine de renoncer à la métaphysique : « il y’aura donc toujours dans le monde et bien plus encore, chez tout homme, surtout s’il réfléchit, une métaphysique que, faute d’un étalon public, chacun se taillera à sa façon ». Par conséquent, les attaques contre la métaphysique ne suppriment pas pour autant les interrogations métaphysiques, même si l’homme reconnait qu’il ne peut pas les résoudre. En ce sens, DESCARTES considère que l’interrogation sur les premiers principes, le souverain bien, est présente en tout homme, justifiant ainsi la définition de l’homme comme animal métaphysique.
C’est pourquoi il affirme que : « la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale ».
B.L’ANTRHOPOLOGIE
L’anthropologie, discipline appartenant aux sciences humaines et sociales préserve encore aujourd’hui le projet qui la définit ; c’est-à-dire de rester la science qui se donne pour objectif d’appréhender l’unité de l’homme social dans la multiplicité de ses œuvres.
L’anthropologie comme discipline scientifique vient de deux mots grecs : Atropos (homme) et Logos (science, étude, discours…). Elle est donc une science, une étude sur l’homme ; elle est constituée de deux parties : l’ethnographie et l’ethnologie.
L’ethnographie est l’étude descriptive des ethnies en référence aux caractères morphologique et culturelle. Quant à l’ethnologie c’est l’étude des rapports sociaux et culturels des ethnies. Cette dernière est dénommée anthropologie sociale en ce sens qu’elle constitue la phase ultime d’interprétation des faits sociaux et culturels. Elle mérite même la dénomination d’anthropologie culturelle ; c’est pour quoi Marcel Mouss définit l’anthropologie comme étant : « la recherche de l’homme total ».
A ce propos Claude Levy Strauss dit que : « l’anthropologie est une connaissance globale de l’homme ». Ainsi, nous ne pouvons pas parler d’anthropologie sans évoquer l’anthropologie philosophique. Cette dernière est selon Kant « la connaissance de l’homme d’un point de vue pragmatique » c’est-à-dire qui cherche à le définir en tant qu’être à la fois naturel et libre et à l’améliorer dans son bien-être, dans la réalisation de sa destination morale.
Mais l’homme c’est d’abord et avant tout l’être libre qui se fait lui-même parce qu’il se représente ce qu’il doit faire de lui-même.
Les questions qu’il se pose sur sa propre nature :
- Que puis-je savoir ?
- Que dois-je faire ?
- Que m’est-il permit d’espérer ?
s’achèvent et se résument pour Kant dans la question :
- Qu’est-ce que l’homme ?
Car à la première question répond la métaphysique ; à la seconde la morale ; à la troisième la religion et à la quatrième l’anthropologie.
Mais, au fond on pourrait tout ramener à l’anthropologie puis que les trois premières questions se rapportent à la dernière.
C. L’AXIOLOGIE
L’axiologie comme théorie des valeurs morales nous renvoie au terme éthique qui vient de l’adjectif grec « Ethikos » qui caractérise ce qui est morale (mœurs et coutumes).
L’éthique donc est la partie de la philosophie qui réfléchit sur la morale par conséquent sur la science du bien et du moral. Elle s’intéresse ainsi à l’ensemble des règles ou normes de conduites propres à un individu ou à une société. Elle varie dans le temps et dans l’espace et se modifie avec l’histoire des sociétés. Par ailleurs, l’analyse des mécanismes psychologiques qui nous permet de déterminer ce qui est bien et ce qui est mal s’explique par ce que l’on appelle l’exigence morale ou l’obligation morale ou encore conscience morale.
Kant la décrit comme étant « le tribunal intérieur de la conscience ». Cette conscience morale n’est rien d’autre en l’homme que la voix intérieure de sa raison. Elle est nécessairement présente en tout l’homme car comme être sensible, l’homme éprouve comme une sorte d’humilité devant sa souveraineté à laquelle il se soumet. Ce sentiment l’élève à la dignité d’être raisonnable capable de se représenter cette loi et d’y obéir. Il en tire donc une estime de lui et de tout être raisonnable. Le respect de la loi morale est le fondement du respect de la personne humaine.
C’est pourquoi pour Kant l’exigence morale se présente à la conscience sous forme impérative du devoir. En ce sens à la question kantienne « Que dois-je faire ? » ; Kant répond par l’impératif catégorique « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle ». Ici Kant s’oppose à la relativité de la morale donc le devoir moral est au fond que la forme de cette exigence : « ce qui doit valoir pour moi doit valoir aussi pour tout autre homme ». Je suis donc auteur de cette loi que pose ma conscience à laquelle j’adhère librement par ma volonté et pourtant comme loi elle représente une universalité, une nature à laquelle ma subjectivité particulière doit se soumettre nécessairement.