La système Licence Master Doctorat, dit réforme LMD, a été institué dans notre pays par la Loi numéro 2011 – 05 du 30 mars 2011 relative à l’organisation du système LMD ( Licence, Master, Doctorat) dans les établissements d’enseignement supérieur.
Le LMD est en fait un système d’organisation des enseignements, de simplification des grades, des titres et des diplômes délivrés, qui permet leurs reconnaissances par d’autres établissements d’enseignement supérieur au niveau national, régional et international.
C’est en fait un système connu depuis longtemps dans les pays anglo-saxons qui s’est étendu dans les universités asiatiques et d’Amérique.
Afin de favoriser la création d’un espace européen intégré d’enseignement supérieur qui favorise la mobilité des étudiantes et des étudiants à travers la reconnaissance de leurs enseignements validés, de leurs titres, de leurs grades et de leurs diplômes, vingt-neuf (29) pays européens ont signé la déclaration de Bologne de 1999.
Cette déclaration marque le démarrage du processus politique de rapprochement et de convergence des systèmes d’enseignement supérieur des pays européens appelé processus de Bologne.
L’espace européen de l’enseignement supérieur fut créé en mars 2010. Il intègre des pays comme la Russie, la Turquie, etc.
C’est par l’Europe que la réforme LMD nous est parvenue.
Situation avant l’instauration du système LMD
Il y avait plusieurs modalités d’organisation de l’enseignement, des évaluations et plusieurs diplômes.
Ainsi y-avait-il des enseignements annuels, semestriels et même trimestriels. De même il y avait toute sorte de modalités d’évaluations annuelles.
Les enseignements du système d’enseignement supérieur pouvaient être organisés en unités de valeur (UV), en module, en certificat et beaucoup de filières d’enseignement supérieur étaient organisées comme au lycée donnant lieu à la fin de l’année à des examens sur toutes les matières, au calcul de la moyenne générale à partir de laquelle l’admissibilité et l’admission étaient prononcées.
Les diplômes étaient nombreux et variés selon les facultés, les universités.
Le diplôme de deuxième année s’appelait le DEUG, le DUEL, le DUES, etc.
Le diplôme de troisième année s’appelait la licence, le diplôme de quatrième année s’appelait la maîtrise, le diplôme de cinquième année s’appelait le DEA ou bien le DESS.
Il y avait deux doctorats : le doctorat de Troisième Cycle de deux années, le Doctorat d’ingénieur de trois années et le Doctorat d’État, d’au moins trois années à plus de dix années particulièrement en lettres.
Les principes du LMD
Les enseignements sont organisés par semestre.
Le crédit est l’unité de mesure des activités de formation de l’étudiant.
Au Sénégal un crédit vaut 20 heures d’activités pédagogiques : cours, travaux dirigés (TD), travaux pratiques (TP), ateliers, dossiers, visites de terrain, apprentissage en entreprise, stage, projet, mémoire, travail personnel de l’étudiant, etc.
Il faut souligner que la charge de travail personnel de l’étudiante ou de l’étudiant (le travail personnel de l’étudiant (TPE)) est évaluée et pris en compte ce qui n’était pas le cas dans l’ancien système.
Le semestre de formation est réparti en unité d’enseignement (UE).
Chaque unité d’enseignement suivant son volume horaire de charge de travail à un certain nombre de crédits qui lui sont affectés.
Une unité d’enseignement est composée d’une ou de plusieurs matières appelées éléments constitutifs (EC) qui concourent à la réalisation de son objectif pédagogique. Une unité d’enseignement est accompagnée d’une fiche descriptive.
L’évaluation de l’unité d’enseignement comprend l’évaluation de ses éléments constitutifs.
En général un calcul de moyenne est utilisé en mettant des coefficients selon l’importance de l’élément constitutif.
Il peut arriver qu’une note obligatoire minimale soit imposée à un élément constitutif pour l’obtention de l’UE.
En définitive une note sur 20 est attribuée à l’UE. L’obtention d’une note supérieure à 20 entraîne la réussite à l’unité d’enseignement, l’obtention des crédits correspondants et son engrangement définitif.
Lorsque l’étudiant ne réussit pas à l’unité d’enseignement une évaluation de rattrapage est organisée à la fin du semestre, au cours du second semestre ou en fin de l’année.
Cette unité d’enseignement obtenu, cette brique de formation, est attachée à l’étudiant. Il pourra la conserver lorsqu’il passe d’une université à une autre d’un pays à un autre.
Le total des crédits des unités d’enseignement d’un semestre est de trente (30).
L’année universitaire est constituée de deux semestres de formation. Ainsi l’année universitaire correspond à soixante crédits (60).
Les trois diplômes du système LMD
Le système LMD simplifie le nombre de diplômes et les ramène à uniquement trois diplômes : la Licence, le Master et le Doctorat.
La Licence est obtenue après trois (3) années d’études, soit six (6) semestres, après le baccalauréat ou un diplôme équivalent. La Licence donne lieu à cent quatre-vingt (180) crédits soit 6 x 30 crédits.
Le Master est obtenu après deux années d’études, soit quatre (4) semestres, après la Licence ou un diplôme équivalent. Le Master donne lieu à cent vingt (120) crédits soit 4 x 30 crédits. Au second semestre de la deuxième année de Master l’étudiant doit soutenir un Mémoire.
Le Doctorat est obtenu après trois (3) années d’études, soit six (6) semestres, après le Master ou un diplôme équivalent. Le Doctorat donne lieu à quelques unités d’enseignement cependant l’essentiel des crédits est affecté au travail de recherche soutenu sous forme de thèse de doctorat à l’issue des trois années. Le Doctorat donne lieu à cent quatre-vingt (180) crédits soit 6 x 30 crédits.
Des anciens diplômes subsistent. Dans certains pays on les appelle des titres réservant les grades aux trois diplômes fondamentaux que sont la Licence, le Master et le Doctorat.
C’est le cas des diplômes délivrés après deux années d’études : le diplôme universitaire de technologie ( DUT), le diplôme des Instituts supérieurs d’Enseignement professionnel ( DISEP) ou même le Brevet de Technicien supérieur (BTS).
C’est aussi le cas des diplômes d’ingénieur qui sont des diplômes délivrés à l’issue de cinq années d’études après le baccalauréat ou un diplôme équivalent.
Ces cinq années sont souvent réparties dans notre système d’enseignement supérieur en deux (2) années préparatoires suivies de trois (3) années proprement dites de formation d’ingénieur.
Globalement l’obtention du diplôme d’ingénieur est équivalente à l’obtention d’un diplôme de master, dans les pays comme les États Unis d’Amérique, il est délivré un Master of engineering tandis que pour les autres études de sciences, il est délivré un Master of Science.
Comme vous le voyez, le système LMD, contrairement à l’ancien système, est normalisé, simplifié, transparent et lisible.
Le Sénégal a mis en place dès 2012 l’Autorité nationale d’Assurance qualité de l’Enseignement supérieur ( ANAQ Sup) qui est chargée d’évaluer les institutions d’enseignement supérieur et les formations qu’elles délivrent.
L’ANAQ Sup est une institution autonome par rapport au Minière de l’Enseignement supérieur.
L’ANAQ Sup donne des habilitations et des accréditations.
L’ANAQ Sup a défini des référentiels d’évaluation des institutions de formation de l’enseignement supérieur, des formations de l’enseignement supérieur et de formation à distance de l’enseignement supérieur.
L’ANAQ Sup est en train de travailler sur le référentiel d’évaluation de la recherche.
L’un des rôles esssentiels de l’ANAQ Sup est de garantir la crédibilité objective des diplômes délivrés dans notre système d’enseignement supérieur.
Jusqu’à la création de l’ANAQ Sup notre système d’enseignement supérieur fonctionnait avec les préjugés que l’enseignement supérieur public est à priori de qualité et l’enseignement supérieur privé est médiocre.
L’ANAQ Sup à travers ses évaluations successives et nombreuses a démontré que la qualité est aussi bien présente dans le public que dans le privé.
De même la médiocrité se retrouve aussi bien dans l’enseignement supérieur public que dans l’enseignement supérieur privé.
La preuve, il y a toujours des formations de l’enseignement supérieur public qui n’ont pas encore reçu leur habilitation par l’ANAQ Sup.
Pour obtenir l’habilitation par le CAMES, il faut au préalable obtenir l’habilitation par l’ANAQ Sup.
Tous les rapports d’évaluation de l’ANAQ Sup sont publics. Ils sont publiés sur le site de l’ANAQ Sup.
Le Sénégal a adopté le décret 2015 – 582 du 11 mai 2015 relatif à la reconnaissance, au classement et à l’équivalence des diplômes de l’enseignement supérieur.
Ce décret met sur le même pied d’égalité tous les diplômes délivrés par les établissements d’enseignement supérieur ( public comme privé) dès lors qu’ils sont classés par-là la Commission de Classement logée au Ministère en charge de la Fonction publique dans laquelle l’ANAQ Sup joue un rôle fondamental.
Cependant ce décret n’est pas complètement appliqué en raison de l’insuffisance de leadership du Ministère en charge de la Santé.
La réforme LMD que les étudiants appellent avec dérision et humour, réforme Lutte, Musique et Dance, n’est souvent pas expliquée, ou elle est assez souvent mal expliquée.
Elle draine beaucoup de préjugés infondés que nos institutions d’enseignement supérieur public ont du mal à éclaircir faute de culture de transparence dans la mise à disposition de l’information pédagogique et en l’absence de structure opérationnelle d’accueil, d’orientation et d’accompagnement des nouveaux bacheliers.
J’invite mes collègues à corriger les erreurs qui ne peuvent pas manquer dans cette présentation succincte, de compléter les omissions importantes et d’éclaircir certaines explications pas suffisamment claires.
J’encourage les étudiantes et les étudiants à prendre le temps de lire ce texte, d’aller sur Internet compléter leurs informations et enrichir leurs connaissances du système LMD.
Je vous souhaite un excellent week-end sous la protection divine.
Dakar, 1er octobre 2022
Mary Teuw Niane