Lauréate du deuxième prix de la communication scientifique orale au Niger, Fatoumata Sy, étudiante en licence 2 en pharmacie rêve grand. Et elle se donne à fond pour atteindre le sommet.
Il y en a de ces hommes et femmes qui ne doutent jamais de leurs capacités. Fatoumata Sy en fait partie. Étudiante en licence 2 en pharmacie à l’Université Cheikh Anta Diop, cette demoiselle a remporté le deuxième prix de la communication scientifique orale. La compétition a eu lieu du 7 au 14 août dernier, lors des assises au Niger organisées par la FESPAO (Fédération des Etudiants en Sciences Pharmaceutiques de l’Afrique de l’Ouest).
Son intervention a porté sur le thème de la problématique des médicaments de qualité inférieure et falsifiés et leur impact sur la santé humaine. Partie représenter le Sénégal, l’étudiante était quasi certaine d’être sur le podium. Elle n’a jamais imaginé un instant qu’elle pouvait rentrer les mains vides, en dépit du fait que c’était sa première expérience hors du pays.
« Je savais que j’étais meilleure, je pouvais avoir le prix avec mes capacités et l’aide de mes camarades ». Mais Fatoumata voulait surtout donner la preuve qu’au Sénégal, il y a du potentiel et de la compétence. Le système éducatif reste de qualité malgré les soubresauts. « Quand on est ici, on a tendance à minimiser, on ne sait pas ce qu’on vaut, mais quand on est confronté aux autres, on se rend compte que le Sénégal a un certain niveau », témoigne-t-elle.
Avant de partir, Fatoumata Sy s’est donné les moyens de réussir. Elle s’est préparée avec l’aide de la commission scientifique de l’Association des étudiants en pharmacie du Sénégal (AEP.Sn). Il y a eu une recherche de données à la Pharmacie nationale d’approvisionnement et au laboratoire national de contrôle des médicaments.
Malgré cette consécration, Fatoumata n’est pas totalement satisfaite car elle visait la première place. Un classement qu’elle explique par un délai assez serré. « Nous avons eu moins de deux mois pour préparer nos documents alors que les autres pays ont eu des mois pour se préparer », regrette-t-elle.
« Je veux aller au-delà d’une pharmacienne… »
Mais ce n’est que partie remise. En effet, la détermination et la confiance en soi de Fatoumata dépassent largement un trophée à la FESPAO. Elle veut devenir leader. Une ambition qui ne peut se suffire des leçons classiques enseignées en classe. « Dans les amphis, on ne nous apprend pas à diriger, à travailler en équipe, à parler en public », souligne-t-elle.
Fatoumata a donc décidé de combler ce déficit dans les structures associatives. Déléguée de son amphi, membre du club anglais et de l’Aep Sénégal, la native de Médina Gounass cherche à acquérir plus de compétences (soft skills) pour percer dans le milieu professionnel. « Je veux aller au-delà d’une pharmacienne et impacter la population », dixit la teint noir. Et pour cela, dit-elle, il faut une tête pleine et un réseau pour être connecté à son milieu.
Issue d’une famille modeste, Fatoumata a eu tout le soutien et l’accompagnement nécessaires de la part de ses parents. Ces derniers qui n’avaient pas eu l’occasion d’aller à l’école étaient fiers des exploits de leur fille. De son côté, l’écolière avait très tôt compris qu’elle devait se battre pour soutenir sa famille.
Cet engagement a fait d’elle une élève assez remarquée au Cem Ogo Diop à la fois pour ses bonnes notes et son omniprésence dans les clubs, le gouvernement scolaire… « J’aimais les études, toutes mes activités tournaient autour de l’école ». Hors du champ de l’école, la native de Médina Gounass préfère les séances religieuses aux activités festives. Hadra jummah, zikr ou lecture sont ses loisirs.
L’orientation et les larmes
Enfant, Fatoumata rêvait de passer ses journées dans les avions. « Je voulais être hôtesse de l’air », s’esclaffe-t-elle. Elle va ensuite changer d’avis en voulant devenir médecin. Ne pouvant pas accéder à l’Ecole militaire de santé, elle se résout à aller à la Faculté de médecine munie d’un baccalauréat en série S2. A la publication des listes, c’est la consternation.
« J’ai été orientée en pharmacie. Je ne voulais pas du tout. J’ai pleuré toute la journée », se souvient-elle. Après des explications sur les opportunités en pharmacie, la bachelière venue du lycée Limamou Laye accepte d’essayer. Une fois dans les amphis, c’est l’agréable surprise. « Lorsque j’ai commencé les cours, je me suis dit : réellement, c’est ça que je voulais ».
La voie est donc toute tracée. Aujourd’hui, la pharmacie étant très large, la biologie, l’industrie, l’agro-industrie, ou la police judiciaire sont autant de domaines qui s’offrent à elle. Même si Fatoumata reste encore indécise par rapport à sa spécialisation. Une chose est sûre : quelle que soit sa spécialisation, elle sera un leader. Incha Allah !