I. LE CHAMP LEXICAL
– il m’a raconté un tissu (fabrication) de mensonges.
– cet homme est un grand vendeur de tissus (fil cousu)
II. LE CHAMP SEMANTIQUE
Le mot “cafard” admet un sens propre (cette bestiole souvent abhorrée) et plusieurs autres sens : “faux dévot”, “mouchard”, “mélancolie”.
III. LES NIVEAUX DE LANGUE
1. Familier.
Exemple : la meuf du boss s’est tapé une bagnole.
2. Courant.
Exemple : la femme du patron a acheté une voiture.
Soutenu.
Exemple : l’épouse de l’autorité s’est approprié un véhicule.
IV. LES TYPES DE PHRASES
1. Déclaratif.
Exemple : l’international sénégalais Sadio Mané est atteint du coronavirus et sera absent des terrains pendant deux semaines.
2. Interrogatif.
Exemple : Préfères-tu le livre ou le téléphone portable ?
a. interrogation totale.
Exemple : est-ce que le président Poutine stoppera de sitôt son offensive armée contre le peuple ukrainien ?
b. Interrogation partielle.
Exemple : pendant combien de temps l’opposition entre le président Alassane Ouattara et les opposants politiques ivoiriens va-t-elle durer ?
c. Interrogation oratoire.
Exemple : qui osera dire que deux et deux ne font pas quatre ?
3. Exclamatif.
Exemple : que Rose est belle sous sa robe rose !
4. Impératif.
Exemple : « Va-t-en, gueule de flic, gueule de vache ! »
V. LES TYPES DE TEXTE
1. Narratif.
EXTRAIT.
Pendant l’époque coloniale, témoin oculaire, Toundi assiste à des scènes de bastonnade à l’image de celle à laquelle s’adonne ici M. Moreau sur deux de ses compatriotes sous prétexte que ces derniers ont été soupçonnés d’avoir volé l’argent d’un Blanc, M. Janopoulos.
En présence du patron du cercle européen, M. Moreau, aidé d’un garde, fouettait mes compatriotes […] Mâchonnant son cigare, le gros Janopoulos lançait son chien contre les suppliciés. L’animal mordillait leurs mollets et s’amusait à déchirer leur fond de pantalon […] Ndiangoula donna un coup de crosse sur les reins. Les Nègres s’affaissaient et se relevaient pour s’affaisser sous un autre coup plus violent que le premier. Janopoulos riait. M. Moreau s’essoufflait.
Ferdinand Oyono, Une Vie de Boy, 1956.
2. Descriptif.
EXTRAIT.
Ibrahima Dieng reçoit de Paris un mandat qu’il doit retirer. Ici, il s’adresse à l’agent de la Poste. Une nouvelle de Sembène qui restitue, sur un fond de désenchantement, l’arrivée des indépendances africaines.
Derrière le guichet, ne dépassait qu’une boule ovale noire, mal proportionnée sur des épaules de phtysique […]. Les commissures de ses lèvres étaient dures. Jusqu’au cou, il n’était que sévérité […]. Ils se dévisagèrent. Il sembla à Dieng qu’un air moqueur naissait aux paupières du fonctionnaire. Dieng souffrait. Une sueur froide d’humiliation lui venait. Il sentait une morsure cruelle sur lui.
Ousmane Sembène, Le Mandat, 1965.
3. Argumentatif.
EXTRAIT.
C’est un passage de la pièce théâtrale historique où le roi réunit les dignitaires pour leur ouvrir les yeux sur l’imminence d’un exil afin de mieux préparer une riposte de taille et vaincre l’ennemi envahisseur.
Albouri
Je connaissais la ruse du gouvernement ; je voyais tous les royaumes crouler autour de moi. Aussi, depuis bientôt un an, j’ai demandé au fils d’Omar à Ségou de conjuguer nos forces ; je savais que le Djoloff ne pourrait demeurer longtemps un bastion alors que l’ennemi s’infiltrait partout. Nous sommes courageux mais peu nombreux. Nous n’avons que des fusils, des sabres, des lances. Au fur et à mesure que les Spahis avancent, les dynasties tombent. Vous êtes au courant du guet-apens de Tivavon où mon beau-frère, Samba Laobé Fall, roi du Cayor, a trouvé la mort. Je ne vous dirai rien de la traîtrise de Déhelé.
Cheik Aliou Ndao, L’exil d’Albouri, 1967.
4. Injonctif.
EXTRAIT.
Il s’agit d’une fable, “Le Laboureur et ses enfants”, où un père, au crépuscule de sa vie, donne un conseil testamentaire à ses fils.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents ;
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit mais un peu de courage
Vous le fera trouver. Remuez votre champ
Dès qu’on aura fait l’août.
Vous en viendrez à bout.
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Jean de La Fontaine, Fables, 1668.
VI. TYPES DE DISCOURS
1. Direct.
EXTRAIT : Meursault a été invité à assister à la mise en bière de sa mère décédée. Ici, il s’entretient avec l’ouvrier commis d’office et à l’œuvre.
À ce moment, le concierge est entré derrière mon dos. Il a bégayé un peu : « on l’a couverte mais je dois dévisser la bière pour que vous puissiez la voir ». Il s’approcha de la bière quand je l’ai arrêté. Il m’a dit : « vous ne voulez pas ? » J’ai répondu : « non ». Il s’est interrompu et j’étais gêné parce que je sentais que je n’aurais pas dû dire cela. Au bout d’un moment, il m’a regardé et il m’a demandé : « pourquoi ? » mais sans reproche, comme s’il s’informait. J’ai dit : « je ne sais pas ». Alors, tortillant sa moustache blanche, il a déclaré sans me regarder : « je comprends ».
Albert Camus, L’Étranger, 1942.
2. Indirect.
EXTRAIT : j’ai moi-même transformé l’extrait précédent de L’Étranger au discours indirect.
À ce moment, le concierge est entré derrière mon dos. Il a bégayé un peu qu’on l’avait couverte mais qu’il devrait dévisser la bière pour que je puisse la voir. Il s’approcha de la bière quand je l’ai arrêté. Il m’a dit si je ne voulais pas. J’ai répondu que non. Il s’est interrompu et j’étais gêné parce que je sentais que je n’aurais pas dû dire cela. Au bout d’un moment, il m’a regardé et il m’a demandé pourquoi mais sans reproche, comme s’il s’informait. J’ai dit que je ne savais pas. Alors, tortillant sa moustache blanche, il a déclaré sans me regarder qu’il avait compris.
3. Indirect libre.
EXTRAIT : Emma Rouault jeune fille a la manie de prendre la réalité pour un rêve et le rêve pour une réalité. Cette confusion lui vient de ses souvenirs de lectures de romans à l’eau de rose.
Elle savait par cœur des chansons galantes du siècle passé, qu’elle chantait à demie-voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, […] et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman qu’elle avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne. Ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, dames persécutées, s’évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu’on tue à tous les relais, chevaux qu’on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l’est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle s’éprit de choses historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, connu ces châtelaines au long corsage qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir.
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857.
VIII. TYPES DE FOCALISATION.
A. FAIT DIVERS
1. FOCALISATION INTERNE.
– à la troisième personne. Un passant (témoin de la scène) au journaliste :
Elle sortait du supermarché et traversait la chaussée ; à mi-chemin, elle décida apparemment d’y retourner. C’est à ce moment précis que, venant dans le sens inverse, à mi-chemin, un taximan qui roulait à vive allure, a heurté cette dame avec sa voiture. Sur le coup, celle-ci tomba évanouie. Les condiments de son sac s’étaient éparpillés sur la chaussée. Le conducteur se sentit alors dans l’obligation d’immobiliser son véhicule.
– à la première personne. La dame à l’hôpital (retrouvant ses esprits) au médecin :
Au sortir du supermarché, j’ai traversé le boulevard Césaire ; mais j’ai remarqué avoir oublié d’acheter des tablettes d’œufs ; j’ai alors décidé de rebrousser chemin. Et c’est à ce moment que… Oh ! Désolé, docteur, mais à partir de ce moment, je ne me souviens plus de rien. C’est dans cet hôpital que j’ai retrouvé mes esprits.
2. FOCALISATION EXTERNE.
Une dame devant la télé (de retour de son travail) au téléphone :
Salut, cousine. As-tu suivi le journal télévisé de ce soir ? Les infos disent que, au boulevard De Césaire, âgée d’une trentaine d’années environ, une dame aurait été victime d’accident de voiture. J’ai aussitôt pensé à toi… J’en profite donc pour te dire d’être plus prudente quand tu traverses la chaussée.
3. FOCALISATION ZERO.
Un parfait inconnu (agent espion des services secrets à la solde d’un autre inconnu) :
Très furieux, un homme (M. Oumar Sarr) était sorti d’une maison après une houleuse altercation avec une jeune femme ; ensuite, il s’est engouffré dans son taxi et a démarré en trombe après avoir violemment fermé la portière. De l’autre côté, une dame, la dénommée Amy NDoye, célibataire de trente-cinq ans et vivant seule, s’était rendue au supermarché. Elle avait cependant oublié une tablette d’œufs que sa voisine de palier lui avait demandé d’acheter. Puisqu’elle n’était pas encore loin du supermarché, elle prit alors la résolution d’y retourner. C’est à ce moment que le drame s’est produit. Le sieur Oumar Sarr, encore sous le coup de la colère, fumant cigarette après cigarette, a heurté Amy Ndoye qui s’écroula. Toutes ses affaires (téléphone, condiments, effets de toilettes…) s’éparpillèrent sur la route. Pris de panique, le taximan immobilisa son véhicule et mit le moteur à l’arrêt. La dame gisait sous son pneu avant.
TEXTES LITTERAIRES.
1. FOCALISATION INTERNE
– Récit narré à la 3ème personne :
EXTRAIT DE TEXTE :
C’était terrible. Le nerf d’hippopotame labourait leur chair et chaque « han » me tenaillait les entrailles. M. Moreau, échevelé, les manches de chemise retroussées, s’acharnait sur mes pauvres compatriotes avec une telle violence que je me demandais avec angoisse s’ils sortiraient vivants de cette bastonnade. Mâchonnant son cigare, le gros Janopulos lançait son chien contre les suppliciés. L’animal mordillait leurs mollets et s’amusait à déchirer leur fond de pantalon.
Ferdinand OYONO, Une Vie de boy, 1956.
EXTRAIT DE TEXTE :
– Récit narré à la 1ère personne :
Elle me regardait d’un air étonné ; caressée, embrassée, dévorée de baisers et se laissant faire mais jetant de temps en temps un coup d’œil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin.
Enfin j’ai pu parler.
– Marie ! ai-je dit, ma petite Marie !
Je la serrais violemment contre ma poitrine enflée de sanglots. Elle a poussé un petit cri.
– Oh ! vous me faites du mal, monsieur m’a-t-elle dit.
Monsieur ! il y a bientôt un an qu’elle ne m’a vu, la pauvre enfant.
Victor HUGO, Le dernier jour d’un condamné, 1829.
2. FOCALISATION EXTERNE
EXTRAIT DE TEXTE :
Albe et Rome sont en conflit et se préparent à une guerre fratricide alors que des liens tous aussi sentimentaux unissent les deux peuples, à l’instar de Curiace et d’Horace pour Sabine (épouse d’Horace) et Camille (sœur d’Horace, fiancée à Curiace). Cette guerre aurait éclaté si, en raison de ces relations, les deux rois n’avaient pas l’idée d’éviter une effusion de sang : ils se résolurent de choisir dans chaque camp trois guerriers qui représenteront leur localité respective dans un combat plus singulier. Cette résolution est ici rapportée à Sabine par Julie, sa suivante.
Julie
Ces divers sentiments n’ont pourtant qu’une voix ;
Tous accusent leurs chefs, tous détestent leur choix ;
Et ne pouvant souffrir un combat si barbare,
On s’écrie, on s’avance, enfin on les sépare.
En vain d’un sort si triste on les veut garantir ;
Ces cruels généreux n’y peuvent consentir :
Le trouble des deux camps souille leur renommée ;
Ils combattront plutôt et l’une et l’autre armée,
Et mourront par les mains qui leur font d’autres lois.
Que pas un d’eux renonce aux honneurs d’un tel choix.
Sabine
Quoi ! dans leur dureté ces cœurs d’acier s’obstinent !
Julie
Oui ; mais d’autre côté les deux camps se mutinent,
Et leurs cris des deux parts poussés en même temps
Demandent la bataille, ou d’autres combattants.
La présence des chefs à peine est respectée,
Leur pouvoir est douteux, leur voix mal écoutée,
Le roi même s’étonne ; et pour dernier effort :
« Puisque chacun, dit-il, s’échauffe en ce discord,
Consultons des grands dieux la majesté sacrée,
Et voyons si ce change à leurs bontés agrée.
Quel impie osera se prendre à leur vouloir,
Lorsqu’en un sacrifice ils nous l’auront fait voir ? »
Il se tait, et ces mots semblent être des charmes ;
Même aux six combattants ils arrachent les armes ;
Le reste s’apprendra par la mort des victimes.
Sabine
Les dieux n’avoueront point un combat plein de crimes ;
J’en espère beaucoup, puisqu’il est différé,
Et je commence à voir ce que j’ai désiré.
Pierre Corneille, Horace, Acte 3, scène II, 1641.
3. FOCALISATION ZERO.
EXTRAIT DE TEXTE :
Depuis qu’il avait reconnu sa gauche de sa droite, Ngor Sène n’avait jamais voulu manger des haricots, quelle que fût la manière dont on les préparât, quelle que fût la sauce dont on les accommodât […], quelle que fût la viande qui les accompagnât. […] Jamais un grain de haricot n’avait franchi sa bouche.
Birago DIOP, Les Contes d’Amadou Koumba, 1961.
Issa Laye Diaw
Donneur universel
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