PONCTION D’ASCITE
OBJECTIF GÉNÉRAL Appréhender le rôle de l’infirmier dans la ponction d’ascite.
OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
- Définir la ponction d’ascite.
- Citer les indications de la ponction d’ascite.
- Énumérer les buts.
- Citer le matériel spécifique de la ponction d’ascite.
- Décrire le rôle de l’infirmier avant et après la ponction d’ascite.
- Décrire les différentes étapes de la réaction de Rivalta.
- Citer les incidents et accidents liés à la ponction d’ascite.
- Énumérer les critères d’efficacité.
I. DÉFINITION La ponction d’ascite est l’introduction d’une aiguille ou d’un cathéter dans la cavité péritonéale pour en prélever le contenu ou injecter un produit médicamenteux.
II. INDICATIONS
- Cirrhoses (maladies chimiques du foie)
- Péritonites tuberculeuses
- Cancers (comme le cancer du foie)
- Syndromes œdémateux
- Tumeurs ovariennes
III. BUTS
- But évacuateur : L’évacuation du liquide d’ascite est nécessaire en cas de dyspnée importante, de cyanose, de tachycardie.
- But diagnostic ou explorateur : a) Examens physiques : Vérification de l’existence et de la nature de l’épanchement (aspect sérofibrineux ou hémorragique). b) Examens bactériologiques : Recherche de germes comme le bacille de Koch, par exemple. c) Examens cytologiques : Recherche de cellules altérées ou de cellules cancéreuses en cas de liquide hémorragique. d) Examens chimiques : Recherche et dosage de l’albumine en cas d’aspect sérofibrineux.
- But thérapeutique : Injection de produits anticancéreux ou d’antibiotiques dans les ascites d’origines cancéreuses.
IV. MATÉRIEL
- Propreté : BESS
- Asepsie : alcool, coton, compresses, gants stériles
- Protection : alèze, paravent
- Spécifiques :
- Deux (02) seringues de 20 ml
- Sparadrap
- Matériel d’anesthésie locale : xylocaïne 2%, seringue, aiguille sous-cutanée (ponction exploratrice)
- Trocart : aiguille à mandrin de Tuffier à biseau court ou trocart de Potain (ponction exploratrice)
- Tube de prélèvement : 03 tubes à essai stériles pour ECB et chimique (ponction exploratrice)
- Cathéter court de gros calibre 18 G à la place du trocart (ponction évacuatrice)
- Tubulures stériles : de 1,5 à 2 m de long et munies d’un robinet à 3 voies ou d’une pince de Mohr pour un clampage éventuel (ponction évacuatrice)
- Bocal gradué de 2 à 3 L
- Matériels nécessaires : collecteur à aiguille et objets tranchants, haricot et poubelle
- Autres matériels : nécessaire en cas de choc (plasmion, par exemple), nécessaire pour la réaction de Rivalta
V. TECHNIQUE
- Préparation psychologique du patient
- Lavage antiseptique des mains
- Passer les mains à l’alcool à 70°
- Porter des gants stériles
- Asepsie rigoureuse de la zone
- Demander au patient de tousser
- Introduire l’aiguille dans la FIG (ligne joignant l’épine iliaque antéro-supérieure gauche à l’ombilic)
- Retirer le mandrin : le liquide doit s’écouler spontanément
- Ponction exploratrice :
- Recueillir le liquide dans les tubes pour les examens de laboratoire.
- Ponction évacuatrice :
- Adapter la tubulure au cathéter, la fixer au sparadrap
- Mettre l’autre extrémité de la tubulure dans le bocal stérile
- Entourer l’embout de l’aiguille d’une compresse stérile et fixer le tout à la peau avec du sparadrap
- À la fin de la ponction, retirer rapidement l’aiguille et la placer dans le cathéter
- Désinfecter l’orifice avec un tampon de compresse imbibé d’alcool iodé
- Faire un pansement compressif avec une compresse sèche
- Faire coucher le patient sur le côté droit (pour éviter l’écoulement)
- Désinfecter, nettoyer, rincer, sécher, conditionner, stériliser, ranger le matériel
- Ponction exploratrice :
VI. ACCIDENTS ET INCIDENTS
- Incidents :
- Piqûre d’un vaisseau de la paroi : sans gravité, sauf s’il y a un trouble de la coagulation
- Arrêt de l’écoulement : le plus souvent à l’obturation de l’aiguille par un caillot d’albumine. Solution : remuer l’aiguille ; si la manœuvre est infructueuse, enlever et recommencer la ponction avec une autre aiguille.
- Accidents :
- Collapsus cardiovasculaire
- Hémorragie intra-péritonéale à vacuo
- Liés à une décompression brutale provoquée par un écoulement trop rapide : prévoir un écoulement contrôlé.
- Rapidité : 20 à 40 ml/min
- Abondance maximum : 2 L
VII. RÔLE DE L’INFIRMIER
- Avant la technique :
- Faire la préparation psychologique du patient, le rassurer et lui expliquer le soin.
- Réaliser un temps de saignement et un temps de coagulation pour dépister un trouble de la coagulation.
- Faire uriner le patient et/ou, au besoin, le sonder pour éviter de piquer sur la vessie distendue et par le déplacement du patient.
- Peser le patient et prendre ses constantes (pouls, température, TA, FR, …).
- Mesurer le périmètre abdominal avec un ruban métré en cas de ponction évacuatrice.
- Installer le patient confortablement : deux positions sont possibles/ Décubitus semi-latéral gauche au bord du lit, Décubitus dorsal : le thorax soulevé par une oreillette pour assurer une bonne déclivité abdominale.
- Nettoyer la région avec de l’eau et du savon si nécessaire, badigeonner avec de la Bétadine ou de l’alcool iodé après rinçage.
- Placer une voie veineuse de sécurité en cas de drainage.
- Pendant la technique :
- Assister l’opérateur en servant le matériel au moment opportun et en respectant les règles d’asepsie.
- Recueillir le liquide dans les différents tubes pour les examens au laboratoire.
- Fixer la tubulure au bocal évacuateur.
- Surveiller l’apparition des symptômes de choc (pâleur, sueurs abondantes, tachycardie).
- Surveiller le débit de l’écoulement (20 à 40 ml/min).
- Après la technique :
- Faire un pansement protecteur.
- Faire coucher le patient sur le côté droit pour éviter la fuite sur l’orifice de la ponction.
- Continuer la surveillance des constantes et des réactions du patient pour la prévention des chocs tardifs.
- Envoyer le prélèvement au laboratoire après étiquetage.
- Noter le soin sur la feuille de traitement ou de surveillance, la couleur et la consistance du liquide, le nom de l’opérateur, la quantité de liquide prélevé ou drainé.
- Vérifier le poids et le périmètre abdominal.
- Demander au patient de rester allongé pendant au moins 1h après la ponction, le réinstaller si nécessaire.
- Désinfecter, nettoyer, rincer, sécher, conditionner, stériliser, ranger le matériel.
VIII. RÉACTION DE RIVALTA
- But : Elle est utilisée pour déterminer l’origine de l’épanchement. Son principe est basé sur la coagulation des albumines par un acide faible, acide acétique.
- Matériel :
- Verre à pied contenant 500 cc d’eau stérile.
- Pipette
- Acide acétique
- Liquide de prélèvement de la ponction
- Agitateur
- Manière de procéder :
- Verser dans le verre à pied contenant 500 cc d’eau distillée 03 gouttes d’acide acétique et mélanger avec l’agitateur.
- Faire tomber une goutte du prélèvement dans ce mélange à l’aide d’une pipette. Mélanger à nouveau avec l’agitateur.
- Résultat :
- Si un léger trouble se produit (fumée de cigarette), la réaction est positive. L’épanchement est d’origine inflammatoire, un exsudat comme dans la tuberculose pulmonaire, qui se rencontre dans les péritonites tuberculeuses. On peut demander le dosage des protéines.
- Si aucun trouble ne se produit, la réaction est négative. L’épanchement est d’origine mécanique, un transsudat (liquide pauvre en protéines) que l’on rencontre dans les cirrhoses, les maladies cardiaques et rénales.
IX. CRITÈRES D’EFFICACITÉ
- Respect des précautions d’asepsie.
- Dépistage des complications lors de la ponction et pendant l’évacuation du liquide.
- Coopération du patient.
- Soulagement du patient après évacuation du liquide.
- Diminution du périmètre abdominal et perte de poids après évacuation du liquide.
- Diminution de l’essoufflement et de la fatigue après évacuation du liquide.
- Absence de signes d’infection locale ou générale après évacuation du liquide.
- Rapidité d’acheminement des examens au laboratoire.
- Évacuation correcte des déchets biomédicaux.