Nous ne savons plus dans quelle société nous vivons, ou plus exactement quelle société découvrent nos enfants. Si nous croyons toujours que nous transmettons un certain acquis culturel à travers les canaux traditionnels, nous nous trompons. Le jeune esprit qui s’éveille dans le monde occidental est d’abord impressionné par les informations de l’environnement matériel et commercial. Il est instruit par les objets, les vitrines, les affiches, les annonces, les spots publicitaires bien plus que par les discours de ses parents ou de ses maîtres. Or ces supports disent tous la même chose, ils répètent à l’envi que nous vivons dans une société d’abondance, et que l’essentiel est de posséder les objets manufacturés.
La publicité, au sens le plus large, donne à croire que le seul problème est de choisir entre les biens trop nombreux qui sont offerts. Chacun étant supposé avoir les moyens d’acheter, il suffit d’éclairer son choix. Tout naturellement l’enfant en déduit que le bien-être est donné, qu’il existe comme l’air et le soleil et que point n’est besoin de le gagner. L’adolescent vit dans un monde d’assistance technique gratuite. Il attend de la société, ou plutôt de ses parents, qu’ils lui fournissent sa part d’assistance. Toute limitation dans ses désirs sera ressentie comme une brimade. Pourquoi lui refuser ce que tout le monde possède ? Pourquoi lutter pour se procurer ce qui est offert ?
Les adultes s’étonnent que les jeunes prétendent tout à la fois dépendre de leurs parents sur le plan matériel et s’en affranchir sur le plan moral. Mais quoi de plus naturel ? Ils ne font que se conformer au conditionnement culturel reçu dès l’enfance. On imagine aisément la somme de frustrations, de désillusions qu’ils ressentent quand ils découvrent que l’abondance des vitrines n’est qu’une illusion et qu’ils devront travailler constamment pour en jouir. Mais il sera trop tard pour rejeter le système. Habitués à l’assistance technique, appauvris sur le plan personnel, ils devront à leur tour, consacrer toute leur vie à poursuivre ce plaisir des choses qui fuit au fur et à mesure qu’on s’en approche.
Ainsi la publiculture est le ferment nourricier de l’illusion technique. Elle détourne l’homme de ses ressources intérieures pour le fixer sur les ressources matérielles, elle fait admettre la priorité des moyens sur les fins, la prédominance de l’avoir sur l’être.
François de Closets, Le bonheur en plus, Ed. Denoël, l974
1) RESUME : Résumez ce texte de 560 mots au 1/4 de sa longueur. (Avec une tolérance de + ou – 10%).
2) DISCUSSION : « La publiculture détourne l’homme de ses ressources intérieures pour le fixer sur les ressources matérielles, elle fait admettre la priorité des moyens sur les fins, la prédominance de l’avoir sur l’être. »
Commentez et discutez ce point de vue.
Corrigé
Proportions : entre 126 et 154 mots
- Analyse du texte
- Idée générale : L’impact de la publicité chez les jeunes
- Plan détaillé
1- Début…manufacturés » : La publicité : frein à l’éducation
– Incapacité à éduquer les enfants car les enfants sont des cibles privilégiées des publicitaires qui les connaissent mieux au grand désarroi des parents
– Engouement des jeunes pour les spots publicitaires
– Emergence d’une nouvelle société avec l’obsolescence des canaux traditionnels de transmission de la culture
– L’instruction passe aujourd’hui par d’autres canaux
– Or il y a une similitude dans le discours publicitaire (primat à la consommation des produits)
– La publicité trompe en ce qu’elle fait penser qu’il y a un trop plein de produits gratuits. L’objectif est d’aiguillonner le consommateur
– Mirage chez l’enfant ; il devient paresseux à cause de cette publicité mensongère
2- « La publicité…la fin » : Les conséquences de la publicité mensongère
– Mentalité d’assisté chez l’adolescent
– Rébellion contre toute privation qui entraîne une boulimie de désir
– Refus de dépendance morale vis-à-vis des parents
– A la découverte de la supercherie, c’est la grande désillusion
– Mais retard dans cette découverte entraînant l’aliénation et la frustration
– En conséquence, la technique vit de la publicité qui prône le matérialisme
Sujet Discussion : « La publiculture détourne l’homme de ses ressources intérieures pour le fixer sur les ressources matérielles, elle fait admettre la priorité des moyens sur les fins, la prédominance de l’avoir sur l’être. » Commentez et discutez ce point de vue.
Thème abordé : Publicité et adolescence
Problématique : La publicité a-t-elle toujours un impact négatif sur la société ?
Plan du développement
Thèse : Les inconvénients de la publicité
– Promotion d’une consommation sans limite
– Imposer le matérialisme exacerbé au détriment des qualités humaines
– Illusion : impression de rêver la vie au lieu de la vivre
Antithèse : La publicité n’est pas toujours négative
– Effet de concurrence favorise la qualité de la consommation
– Le message peut avoir d’autres fonctions positives morales (la sexualité responsable), sociales (le danger que représentent les armes), comportementales (le tabac, l’alcool…)
– Malgré les reproches sur son penchant matérialiste, la pub a des apports dans l’économie d’un pays