Le Sénégal est le pays le plus en vue en Afrique de l’Ouest en matière de conception, de rédaction de documents stratégiques, quel que soit le domaine d’intervention (santé, agriculture, technologie), de signature de décrets… pour être au-devant de la scène, dans son développement économique.
Ce voyeurisme national cachant un essor dynamique du pays, n’est malheureusement que de la poudre aux yeux dans la concrétisation de certains projets d’une extrême urgence.
Entre la conception et la réalisation des projets, le temps n’a pas de limite. Manque de suivi, latence dans la mise en œuvre, bref, une panoplie de dysfonctionnements imposée sans risque ni pression.
Au moment où des pays africains lèvent des fonds, boostent leur écosystème à travers des mesures simples et adaptées pouvant augmenter le taux de croissance économique, au Sénégal, on reste encore dans la mise en œuvre des stratégies notamment celles de la création et à la promotion de la startup dont l’objectif est de «mettre en place un cadre incitatif pour la création et le développement des startups au Sénégal basé sur la créativité, l’innovation, l’utilisation des nouvelles technologies, la réalisation d’une forte valeur ajoutée ainsi qu’une compétitivité au niveau national et international.
Pour rappel cette loi porte notamment sur :
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- La création d’un cadre spécifique d’appui et de gouvernance des start-ups de droit sénégalais
- La mise en place d’un régime juridique adapté pour l’enregistrement et la labellisation des start-ups sénégalaises
- La création d’un centre de ressources dédiées aux start-ups sénégalaises, en vue notamment de faciliter les procédures de labellisation ainsi que l’effectivité des mécanismes d’appui
- La consécration d’un paquet de mesures incitatives pertinentes qui s’alignent à l’impératif de promotion et d’appui au développement de la start-up sénégalaise.
Adoptée à l’Assemblée nationale depuis le 06 Janvier 2020 (loi 2020-01), cette nouvelle mesure devant faciliter la croissance aux Entrepreneurs sénégalais est toujours en stand By.
Pourtant, le Sénégal, avec cette adoption, est le deuxième pays en Afrique à avoir franchi toutes les étapes de la concrétisation d’une loi pour les startups après la Tunisie dont les startups déjà labellisées ont réalisé un chiffre d’affaires de 120 millions de Dinars en 2021. Un CA accaparé par le eCommerce, les secteurs Edtech, Business Software et IA.
Ce qui prouve que la Tunisie est un exemple de réussite dans le déploiement de la startup act qui tarde à se concrétiser dans notre pays. Au Ghana également, l’Etat a appliqué des exonérations d’impôts sur le revenu et des allégements fiscaux personnels pour les particuliers afin d’alléger les charges fiscales des personnes qualifiées. Des initiatives qui ont pour objectif d’encourager les investissements dans plusieurs secteurs stratégiques du pays. En Algérie, les startups sont déjà exonérées pour une durée de 3 ans à compter de la date de début d’activité de la startup selon un Projet de Loi de Finances Complémentaire pour 2020 (PLFC 2020).
Qu’est-ce qui bloque au Sénégal ?
Depuis la signature du décret d’application par le Président Macky Sall en 2021, la startup act a pris place dans la communication trompeuse et non fonctionnelle utilisée par certaines autorités pour jeter de la poudre aux yeux à l’écosystème à l’instar du Conseil National du Numérique.
Pendant ce temps, les charges restent extrêmement lourdes pour les startups sans compter l’accès non encore disponible du fonds de garantie créé par cette loi. Pourquoi la commission chargée de l’opérationnalisation de la Startup Act n’est-elle pas en mesure de dérouler les activités qui y sont affairées ?
Tout ce mécanisme d’appui, de suivi et de l’évaluation des startups reste sans suite 10 mois après la signature du décret d’application.
Il ne s’agit pas de dénigrer les initiatives et autres projets d’envergure, c’est plutôt une envie de secouer et de faire avancer les choses dans la bonne direction. Il faudrait dès lors, huiler davantage le mécanisme “Do and action” dans les initiatives numériques et casser ce noyau de groupuscule d’acteurs particuliers qui contrôlent depuis des années, une mafia numérique allant du plus petit au plus grand deal coloré par une grosse corruption insoupçonnée.
Le Sénégal ne manque ni de ressources humaines, ni d’experts dans les projets d’envergures touchant l’écosystème. La preuve, en 2021, plus de 222 millions de dollars ont été levés au Sénégal par des startups en pleine croissance ; 16 startups ont levé pas moins de 100 000 $ ou plus. Parmi elles, 7 ont levé plus de 1 million de dollars.
Ce qui constitue un facteur de créativité, d’innovation et d’adoption des nouvelles technologies, pouvant réaliser une forte valeur ajoutée et une compétitivité au niveau national et international.
Basile NIANE
Directeur Général de Social Net Link