Sujet : Michel Leiris affirme : « Toute poésie vraie est inséparable de la révolution »
Vous montrerez d’abord que la poésie peut être une arme de combat ; ensuite qu’elle éduque et instruit ; et enfin qu’elle est avant tout le travail sur les mots.
I- Compréhension
1- Contextualisation
Ce sujet, à l’instar des autres sujets précédents, a pour contexte le nom de l’auteur Michel Leiris. Qui est-il ? Il est un écrivain français né à Paris en 1901 ; fait des études scientifiques et fréquente les surréalistes. Cette dernière information concernant les surréalistes nous donne une lueur d’espoir par rapport à sa position sur la littérature, car pour eux la littérature en général et la poésie en particulier doit être engagée en révolutionnant le monde ; et selon l’expression de Rimbaud reprise par André Breton « Changer le monde ». Donc le seul fait d’appartenir à ce courant de pensée nous donne une idée claire sur la proposition d’autant plus qu’elle nous parle du problème de la révolution poétique pour le bien-être de la société ; alors que les surréalistes prônent aussi pour la révolution poétique. Par conséquent cette congruence d’informations prouve que la contextualisation est nécessaire, car connaître l’auteur nous a permis de replacer sa proposition dans son contexte.
2- Opinion
Comme nous avons l’habitude de vous le signaler, l’opinion n’est que cette proposition de l’auteur Michel Leiris qui dit : « Toute poésie vraie est inséparable de la révolution ».
3-Consigne
La consigne proposée est les nouvelles consignes avec une structure tripartite. Donc nous aurons trois parties comme on peut le constater.
II- Lecture analyse ou analyse des mots clés
Poésie : création poétique, œuvres poétiques,
Inespérable : consubstantielle, liée, qu’on ne peut pas distinguer,
Révolution : changement, bouleversement, mutation,
1-Reformulation : la véritable création poétique est consubstantielle au changement
2-Problématique : le poète n’assume-t-il pas de grandes mutations ?
3-Plan possible :
- Première partie : la poésie est une arme de combat ;
- Deuxième partie : la poésie comme un outil didactique
- Troisième partie : la poésie esthétique
III- Lecture contrôle/évaluation
Thème : Poésie. Donc il est interdit d’évoquer d’autres genres littéraires
Prédicat : « …est inséparable de la révolution »
IV- Rédaction finale
1- Introduction
Un débat houleux divise les poètes sur la question de l’utilité de la poésie dans la vie des hommes. Ainsi, aux défenseurs de l’art pour l’art s’opposent les révolutionnaires qui pensent que la création poétique doit toujours prendre en compte les maux de la société. C’est dans cette même dynamique que s’inscrit l’assertion de Michel Leiris qui stipule que la vraie création littéraire est consubstantielle aux mutations. Dès lors, les poètes n’assument-ils pas les grands changements ? Pour une meilleure prise en charge cette problématique nous prouverons, d’abord, que la poésie est une arme de combat ; ensuite, nous expliquerons que la création poétique est consubstantielle à la pédagogie ; et enfin, nous montrerons que la recherche de la perfection formelle est la véritable fonction de la poésie.
2- Développement
NB:
*Première partie tronquée et pour plus d’informations retrouver ça dans notre fascicule avec la rigueur de la méthodologie*
En somme, l’analyse que nous venons de faire dans cette partie nous a permis de comprendre le fonctionnement réel de la poésie dans la société d’autant plus qu’elle se donnait pour mission d’éveiller les consciences tout en dénonçant toutes les formes d’injustices. Cependant, force est nous de prouver que les œuvres poétiques sont parfois considérées comme des outils instructifs.
Toute œuvre poétique transmet des messages instructions. Cela d’autant plus vrai que certains lecteurs peuvent d’une part les apercevoir comme des outils pédagogiques et d’autre ils les voient comme des moyens qui s’érigent en donneur de leçon.
Une lecture d’un texte poétique ou d’un recueil de poème offre parfois aux lecteurs des messages très intrusifs qui leur permettent de prendre conscience sur leur sort. En effet, nombreux sont les poètes qui pensent que l’instruction et la recherche de la connaissance sont les clés de toute entreprise humaine. C’est la raison pour laquelle nous assistons dans la littérature en général et la poésie en particulier une certaine orientation des messages pour mieux sensibiliser les populations. Une telle approche est visible chez les poètes de la négro-renaissance qui, ayant eu comme objectif premier la valorisation la culture noire afin de restaurer la dignité de l’homme, font appel à tous les créateurs noirs tout en les invitant à la sensibilisation et l’instruction des trous noirs afin de se départir des certaines mentalités occidentales. D’ailleurs, c’est ce qui a poussé Langston Hughes à déclarer : « Nous créateurs de la nouvelle génération nègre, nous voulons exprimer notre personnalité noire sans honte ni crainte. Si cela plaît aux Blancs, nous en sommes fort heureux. Si cela ne leur plait pas peu importe… ». Cette apostrophe vient confirmer l’idée selon laquelle que les poètes ont cette lourde responsabilité et le devoir d’apporter des réponses à toutes les interrogations de leur peuple en assumant avec fierté leur culture, leur histoire et leur civilisation. C’est à partir de-là que les poètes ont eu du mérite d’autant plus qu’ils se prennent comme des modèles instructifs qui sensibilisent leur peuple. On le voit aussi chez les symbolistes qui nous apprennent aux lecteurs à déchiffrer les mystères de la nature et de l’homme comme on peut le constater chez Rimbaud qui nous dit : « La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il inspecte, il la tente, l’apprend ». Ainsi cette connaissance permet non seulement de se connaître mais aussi d’être dans la recherche pour la connaissance de l’homme toute entière. La poésie est donc une voie efficace qui permet au lecteur ou au poète de s’initier aux mystères de la nature.
Par ailleurs, certains poètes ont pu comprendre l’urgence de venir en aide leur communauté en mettant tout simplement dans leurs œuvres des leçons de morale. Avec la mise en place de certaines formes poétiques, nous avons assisté une certaine dynamique des poètes qui pensent que la poésie est lieu par excellence qui leur permet d’enseigner le public par le truchement des leçons de morale. Ainsi, pour s’en convaincre par exemple la mise en scène des histoires instructives dans les œuvres poétiques est manifeste. Du coup, pour caractériser cette affirmation, il suffit de faire appel à la fable qui demeure une forme poétique spécifique. Ainsi, considérée comme un petit récit en vers ou en prose, destiné à illustrer un précepte, une vérité morale, la fable a été très prisée au XVIIe siècle pour l’instruction de la société. C’est pourquoi, beaucoup de lecteurs et de poètes saluent à, cet effet, Jean de La Fontaine qui, avec son œuvre poétique Les Fables, a su mettre tout son talent de fabuliste pour apporter des leçons d’enseignement. En témoigne la morale très célèbre de la fable « Le Corbeau et le Renard » : « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». On voit donc que cette mise en scène est un moyen efficace pour instruire la société. D’où la devise des classiques qui nous disent en toute circonstance que l’écrivain doit « plaire et instruire ». Toujours dans cette même dynamique, La Fontaine nous apporte d’autres moralités comme celle « Le Lion et le Rat » ; une fable dans laquelle, nous pouvons tirer cette leçon de morale : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ». Donc avec les vertus de la patience, on aura toujours ce que nous voulons atteindre.
Bref, cette analyse nous a permis de comprendre que la poésie est étroitement liée à l’instruction grâce à la prise de conscience des lecteurs mais aussi grâce à la mise en scène des leçons de morale comme dans les fables. Toutefois, la poésie se montre désintéressée à la vie en préservant les principes de l’art pour l’art.
La notion d’esthétique peut être perçue comme la science du beau. Ainsi, cette beauté est relativement appréciée dans le champ d’application de la poésie.
D’abord, il faut souligner que la plupart des poètes estiment que le respect des règles classiques de la versification constitue un principe véritable de la poésie. En effet, avec l’avènement des poèmes à forme fixe, la poésie était considérée comme le modèle qui révèle une certaine musicalité du texte. Cela est mise en valeur par le respect strict des techniques versifiées présentées comme des ressources nécessitant une quête de la perfection formelle. Les défenseurs de cette thèse stipulent que la création poétique doit toujours respecter les conventions formelles qui régissent tout poème fixe. Cela a été considéré comme un défi majeur d’autant plus que plusieurs d’entre eux ont su se montrer très habiles en mobilisant toutes les ressources du langage afin de rendre le texte poétique sa beauté éclatante. Un tel travail se fait sentir chez les poètes humanistes et parnassiens qui ont pu mettre toutes les dispositions possibles, nécessaires et les ressources versifiées rien que pour attribuer le poème une beauté ineffable. C’est la raison pour laquelle Théophile Gautier nous dit : « Oui, l’œuvre sort plus belle/ D’une forme au travail/ Rebelle ». Ainsi, c’est grâce au travail dur sur les rimes, le rythme, les vers et d’autres motifs poétiques de la poésie versifiée que le poète artiste parvient à perfectionner son art poétique en lui attribuant une certaine splendeur éternelle. D’où la position très importante de Théodore de Banville qui nous dit « La rime est tout le vers ». Cette structure poétique attribue au poème une certaine harmonie grâce à un travail dur dans le respect des conventions formelles de la création poétique.
Par ailleurs, disons que la poésie peut trouver sa beauté à travers une certaine perfection sur la forme surtout avec la poésie libre. Ainsi, pour certains, l’esthétique de toute forme poétique peut se mesurer à partir de l’affranchissement de certaines conventions poétiques. C’est ce qui fait que les poètes de la Négritude ont bien pu remettre en cause l’esthétique occidentale qui favorisait la poésie versifiée. Il faut comprendre par-là que cette forme poétique n’est rien d’autre qu’une mise en scène des réalités de la vie des Africains. Cela est visible chez Damas qui, dans son recueil poétique Pigments (1937), se donne une certaine liberté dans l’écriture en refusant de mettre en majuscule les initiales des vers comme on pouvait auparavant le voir avec la poésie versifiée. Il est allé même jusqu’à remettre en question l’aspect grammatical de la poésie en faisant fi à la ponctuation. Une telle position témoigne une fois de plus de la volonté de poètes de la Négritude à se départir des carcans de la poésie fixe qui bloque toute forme d’épanouissement. En plus, ils défendent l’idée selon laquelle la poésie doit rimée avec les aspirations et les exigences d’une communauté. C’est ce qui leur motive d’orienter leur forme d’écriture dans une nouvelle perspective différente de la poésie versifiée. Ce non-respect des principes de la forme canonique de la poésie classique est mis en exergue par les symbolistes qui ont inauguré le mariage entre la poésie et la prose. Cet élan est vivement apprécié par Charles Baudelaire qui, parlant de ses contemporains, nous dit : « Quel est celui d’entre nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? » Cette interrogation stipule l’idée selon laquelle cette quête perpétuelle de l’esthétique poétique. D’où sa mise scène de quelques poèmes en prose notamment « Enivrez-vous » ; « Le port » ; et « Les fenêtres ». Tous ces poèmes témoignent l’épanouissement de la poésie dans sa quête récurrente du beau.
Au demeurant, force est nous de constater que cette analyse ci-dessus nous plonge dans une exploration perpétuelle du beau. C’est ce qui fait qu’on peut comprendre que la poésie épouse d’une part les formes fixes et d’autre part des formes livres rien que pour produire le beau.
3- Conclusion générale
En définitive, nous pouvons retenir que la poésie est aussi importante que nécessaire dans la société. Ainsi, cette nécessité est saluée par les défenseurs de la poésie engagée qui pensent que la création poétique doit toujours être une arme de combat d’une part et d’autre part ils soutiennent que la création poétique doit instruire les hommes pour plus d’humanité. Toutefois, ces positions sont battues en brèche par les puristes qui ont pu démontrer la valeur de l’art poétique. A notre avis personnel, nous pensons que la poésie doit toujours rechercher la perfection formelle en se désintéressant de toutes les activités politiques, sociales, et morales. Mais peut-on dire que la poésie a d’autres objets différents de ces derniers ?
M. BADJI.
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