Café du savoir du mardi 28 février 2023

Je ne suis vraiment libre que lorsque les êtres humains qui m’entourent, hommes ou femmes, sont également libres. La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens vraiment libre que par la liberté des autres, de sorte que, plus nombreux sont les hommes
libres qui m’entourent, et plus étendue et plus large est leur liberté, plus étendue et plus profonde devient ma liberté. C’est au contraire l’esclavage des hommes qui pose une
barrière à ma liberté ou, ce qui revient au même, c’est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire vraiment libre que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d’homme, mon droit humain qui consiste à n’obéir à aucun autre homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchis par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l’assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle, ainsi confirmée par la liberté de tous, s’étend à l’infini.
M. Bakounine.

Explication :

Dans ce texte, Bakounine soutient que sa propre liberté ne peut être réalisée que si les autres sont également libres. Il affirme que la liberté d’autrui est non seulement une condition nécessaire à sa propre liberté, mais aussi sa confirmation. En d’autres termes, plus il y a de personnes libres autour de lui, plus sa liberté est étendue et profonde.

Bakounine souligne également que l’esclavage des autres constitue une barrière à sa propre liberté. Il considère que l’assujettissement des autres à la domination d’un homme ou d’un groupe d’hommes nie sa dignité et son humanité. Bakounine insiste sur le fait que la véritable liberté ne peut être réalisée que si chaque individu a le droit de ne pas obéir à un autre homme et de déterminer ses actes conformément à ses propres convictions, en étant guidé par une conscience libre.

Le point de vue de Bakounine met en lumière l’importance de la liberté pour chaque individu et la nécessité de respecter la liberté des autres. Il est également important de souligner que sa conception de la liberté est basée sur la responsabilité personnelle et la conscience libre plutôt que sur l’obéissance aux règles imposées par une autorité.

Cependant, on peut également critiquer la vision de Bakounine. En effet, bien que la liberté soit une valeur fondamentale, elle ne peut pas être considérée comme une fin en soi. La liberté individuelle ne peut pas être absolue et doit être encadrée par des règles sociales nécessaires à la vie en communauté. De plus, la liberté de chaque individu ne peut être garantie que dans la mesure où elle ne menace pas la liberté des autres.

Cette idée de liberté est liée à une conception communautaire et solidaire de la société, dans laquelle les individus sont interdépendants et où la liberté de chacun est garantie par la liberté de tous. Cette interdépendance et cette solidarité sont nécessaires pour assurer la cohésion de la société et éviter les conflits entre les individus.

Cependant, cette conception de la liberté est-elle réaliste ? Peut-on réellement garantir la liberté de tous, sachant que les intérêts et les convictions des individus peuvent parfois entrer en conflit ? De plus, la notion de liberté est-elle vraiment compatible avec la notion de conformité aux convictions propres ?

En fin de compte, la notion de liberté est un concept complexe qui peut être interprété de différentes manières selon les contextes et les points de vue. Le texte de Bakounine souligne l’importance de la liberté pour tous, mais la mise en pratique de cette idée peut être difficile dans la réalité.