Des jeunes Sénégalais inscrits dans l’établissement marocain Air Form pour une formation dans le domaine de l’aviation civile sont dans la tourmente. Après des sessions de formations de 3 mois, Ils peinent à trouver une insertion professionnelle avec des diplômes non reconnus par l’État du Sénégal. Aujourd’hui, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) est en en train de trouver des solutions pour régler le problème afin que le rêve de ces jeunes ne soit pas à jamais brisé.
Air Form ! Un nom sorti du néant, qui ne renseigne à priori sur rien. Pourtant, c’est une école de formation qui fait rêver, depuis 2019, des jeunes sénégalais souhaitant évoluer dans les métiers de l’aviation civile. L’établissement en question, niché sur l’avenue Cheikh Anta Diop, est hébergé par une autre structure.
Ce qui ne facilite pas, du reste, sa localisation. Une fois Sur place, on se retrouve dans un espace désert, avec un préposé à la sécurité qui informe sur l’absence des responsables. Les multiples appels téléphoniques pour les joindre ne trouveront, non plus, aucune réponse.
«300 000 FCFA pour réserver une place»
En effet cette institut marocain aurait dit-on, arrêté ses activités. Ce, suite aux multiples complaintes sur la légalité du « Cabin Crew Attestation (CCA) », diplôme européen d’hôtesse de l’air/steward reconnu à l’international » qu’elle délivre. En attendant, des jeunes Sénégalais, qui ont investi entre 1,350 million et 1,650 million pour des sessions de formation de trois mois sont, aujourd’hui, dans la tourmente.
Ndèye Coumba, nom d’emprunt, en est une victime. La fille à la taille svelte á vu son désir de devenir hôtesse de l’air fondre comme du beurre au soleil. Pour la jeune fille, tout a commencé sur les réseaux sociaux, où il y avait une forte publicité en faveur d’Air Form. Mieux, renseigne la demoiselle, une hôtesse de Pair travaillant pour Air Señégal faisait regulièrement des lives pour inciter les jeunes à venir s’inscrire dans cette école où elle aurait fait sa formation.
Ndêye Coumba, animée par la passion, venait de découvrir ce qu’elle voulait faire. Elle fonce alors la tête baissée. Sans aucune arrière-pensée. Ainsi, aprés avoir rempli les formalités d’usage, la jeune fille indique qu’elle a au préalable versé une somme de 300 000 FCFA aux responsables d’Air Form afin de e réserver sa place ».
Sérieux doutes sur la crédibilité
« Nous avons commencé les cours le 17 janvier 2022 par une réunion d’entrée et le directeur commercial est passé récupérer encore une somme et le reste des 1,650 millions devait être soldé à la veille des examens. L’argent devait être payé en trois tranches pour une formation de trois mois avec des visites à l’aéroport et des séances de natation, ce qui n’a pas été respecté. Les cours se faisaient le plus souvent en anglais. Pour l’aviation, le professeur ne venait qu’une fois dans la semaine, de 9h à 13h. Tout le contraire de l’Institut de formation du personnel navigant cabine (IFPNC) où les cours se passent toute la journée de 8h a 18h. Ils sont reconnus par l’État et ont droit à des stages à la fin de leur formation. Ce qu’on ne pouvait pas faire sous prétexte que nos diplômes ne sont pas reconnus », relate Ndèye Coumba.
En fait, les problèmes ont démarré quand nos interlocuteurs ont commencé à avoir de sérieux doutes sur la crédibilité de leur école. IIs ont exigé des éclairages sur certains points et sont allés jusqu’à se comparer à d’autres instituts de la place. « On nous a toujours dit que le CCA est reconnu en Europe et au Maroc, mais après vérification on s’est rendu compte qu’il n’en était rien. Notre examinateur, un Irlandais, nous a fait savoir qué le diplôme était reconnu dans son pays, mais pour y travailler, il faut d’abord parler la langue locale. Je me suis renseigné pour voir s’il n’y avait pas la possibilité d’aller travailler en France, mais on m’a dit que je serais obligée de refaire la formation une fois là-bas, car les modules ne sont pas les mêmes », se désole Ndèye Coumba.
Le mal est plus profond
D’après les propos de ces étudiants, « le mal est plus profond -». En effet, dit-on, le problème se situe entre Air Form et l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim). Selon Abdoulaye Ba, un autre étudiant , le directeur de l’école a fait savoir qu’il est depuis 2016 dans des procédures pour être accepté par l’Anacim mais sans succès. Au même moment, Ndèye Coumba relève que, d’après Mme Tall, la représentante d’Air Form au Sénégal, c’est l’Anacim qui leur a mis des bâtons dans les roues. En effet, indique-t-elle, l’établissement marocain serait concurrent de l’institut de formation du personnel navigant cabine (IFPNC) dont la scolarité s’élève à 3 millions pour une formation de 18 mois. « L’Anacim dit qu’il n’a jamais entendu parler d’Air Form. On leur a dit que l’école nous a certifié qu’ils sont en train de faire des démarches afin que leur diplôme soit reconnu. lIs nous ont montré les écoles qu’ils ont reconnues et Air form ne fait pas partie du lot. Air Form dit qu’il a envoyé des mails auxquels l’Anacim n’a pas répondu et cette dernière dit n’avoir pas reçu ses mails ».
Une négociation tripartite annoncée.
Malgré, tout une négociation tripartite est menée pour une issue heureuse à ce problème. Ainsi, d’après Ndèye Coumba, l’Anacim leur propose de passer le diplôme de Brevet de sauvetage. « Et pour le valider, dit-elle, il faut passer par (l’IFPNC). Air Form se chargera d’assurer, les frais d’examen alors que nous compléterons pour tous ce qui est relatif aux visites médicales qui s’élèvent à 150 mille. Il s’agira, par la suite, de faire des stages auprès de Trans Air ou Air Sénégal pour pouvoir valider le diplôme ». Une opportunité qui peinent à être saisie, car d’après Ndèye Coumba, les étrangers de la classe ont rejoint leur pays d’origine alors que les autres n’ont plus le courage de consentir encore des investissements. « On veut bien aller en justice mais il faut qu’il y ait beaucoup d’adhérents alors que certains ont peur de s’engager ». Une proposition de sortie de crise qui ne concerne cependant que les hôtesses de l’air, alors que Abdoulaye Ba et ses camarades de promotion cherchent toujours le bout du tunnel.
Article Rédigé par Habibatou Traoré du journal Yoor Yoor