La confiance est cette chose qui fonde les relations, consolide le vivre ensemble et garantit la sécurité collective. Elle est le socle de l’ordre. Toutes les institutions et tous les pouvoirs, n’exercent leurs prerogatives repressives ou coercitives que parce qu’elles bénéficient d’une presomption de confiance de la part de la collectivité. Aujourd’hui, la confiance souffre de plusieurs fleaux qui l’affaiblissent continuellement et qui semblent être insuffisamment considérés. Le premier fleau est le fruit de l’affaissement du discernement qui fait que de plus en plus, on confond une cause et sa conséquence. La meilleure illustration est la défiance exponentielle des nouvelles générations envers toute forme d’autorité. Ce glissement est intervenu selon mon analyse, parce que ceux qui détiennent l’autorité au nom de la confiance, pensent la détenir au nom d’ attributs qui leur sont propres. Ce fléau parasite l’exercice de tous les pouvoirs qui finissent par délaisser l’impératif de nourrir la confiance, préfèrant s’appuyer sur les instruments de la coercition à leur disposition. Un autre fléau, c’est le statut de la vérité, combiné à celui du secret. Ces deux éléments voisins sont en perdition à la faveur de la société de l’information qui fait que tout se filme et tout s’enregistre. Le mensonge s’organise plus facilement et la vérité se défend plus difficilement. Ce fléau affaiblit la confiance en ce qu’il fait de la crédibilité le seul critère pour valider une vérité. La Crédibilité est une notion très relative. Tout le monde la réclame mais très peu en sont investi. Ce qui se passe actuellement en France avec la mort d’un adolescent, ce qui se passe au Sénégal avec de nombreux morts dans les récents événements, ce qui s’est passé aux USA avec le Black live matters, ,…traduisent un monde en crise de confiance. Les forces de sécurité, les acteurs politiques et l’institution judiciaire compensent la perte de confiance qu’ils subissent de la part de la jeunesse, par un usage excessif de la force et en se barricadant derrière la notion que force doit rester à la loi. Resultat des courses, à défaut de crédibilité et de confiance, les pouvoirs cherchent à compenser cette lacune par la peur et par les menaces. Les nouvelles générations n’étant pas sensibles à ces intidimations, elles opposent une défiance sans limite face à toutes les exagérations de la force publique. La solution n’est donc pas dans la surenchère répressive mais plutôt dans le rétablissement de la confiance. J’espère que les États qui ont suffisamment de preuves dans l’histoire récente, auront la sagesse de reconstruire les ponts brisés de la confiance, plutôt que d’engager une spirale répressive qui n’apportera aucun résultat autre que d’enflammer davantage la défiance.
Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
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