Après avoir lu cette production que nous sommes tenus d’appeler un livre, je n’ai pas pu m’empêcher de me poser la question de savoir en quoi le titre est lié au contenu.
L’on m’aurait demandé de lui proposer un autre titre, j’aurais donné: “CHEIKH YERIM SECK”, le nom de son auteur.
L’explication d’un tel choix ne serait pourtant pas aussi complexe et aussi bizarre que d’aucuns (notamment ceux qui n’ont pas pris le temps de le lire) pourraient le penser.
Au fil des, des lignes de chacun des vingt-deux (22) chapitres qui composent cette production que je peine à appeler un livre (il faut que je l’avoue), la prétention, le pédantisme, la condescendance, pour ne citer que ces tares, se lisent à fleur de peau. En lisant les lignes de ce “livre”, notre cerveau flirte avec les mots pour ne prendre aucun plaisir, même pas celui prôné par les parnassiens.
Victor Hugo et Théophile Gauthier auraient mis de côté leur divergence relativement à la conception de l’écriture, et auraient occasionnellement accordé leurs violons pour conjuguer leurs forces et démonter un “livre” qui ne satisfait ni aux exigences de fond ni à celle esthétiques.
Mutatis mutandis, un livre est avant tout une production intellectuelle qui doit être en mesure de contribuer au développement intellectuel de ceux qui auront la chance de le lire. Pour ce qui est de “Macky SALL face à L’HISTOIRE”, je m’attendais non seulement à une analyse descente, profonde et exhaustive, à bien des égards, du règne non encore achevée du Président Macky Sall, mais aussi et surtout d’une prise de position (de l’auteur) émaillée de propositions à même de mener notre pays à des lendemains meilleurs, surtout dans un contexte où l’horizon ne cesse de s’assombrir.
Le Professeur Oumar Sankharé (paix à son âme) a dit dans son très controversé livre, “LE CORAN ET LA CULTURE GRECQUE”: <<le sage doit remonter de bas en haut pour s’extirper de l’obscurantisme, des ténèbres, afin de parvenir à la lumière de la vérité située hors du monde sensible.>>
Je m’attendais à ce que le Cheikh, que dis-je?, Cheikh Yérim se hissât au-dessus de la masse et se démarquât du “nouveau type de Sénégalais bâti par Macky Sall” (selon ses propres mots utilisés dans le livre) pour faire jaillir toute la lumière dont il prétend en être dépositaire dans son esprit différent de celui borné de ceux dont ils parlent dans son livre avec mépris et véhémence. Presque chacun à reçu sa dose de condescendance, de remontrance et de mépris de la part du “Cheikh” qui dépeint ses compatriotes à sa guise.
Guides religieux
, hommes politiques, le Président de la République (qu’il a préféré désigner par “Macky Sall” tout court tout au long du livre), journalistes, activistes ont tous été visés (je ne sais pas s’il sont touchés ou pas) par le discours peu modeste et peu révérencieux du “Cheikh”.
Les qualificatifs y sont méticuleusement choisis pour produire les effets escomptés, toucher la fierté des uns et bafouiller l’honneur des autres.
En plus de ses leçons de morale, de citoyenneté, de patriotisme et de culture intellectuelle qu’il a adressées à tous ses compatriotes (à quelques exceptions près), le Cheikh a aussi voulu monter à ses lecteurs (dont je fais malheureusement partie, mené par mon amour pour la lecture) qu’il a un bon carnet d’adresses, que les portes les plus sécurisées lui sont ouvertes et que les cercles les plus restreints lui sont accessibles.
Hélas, il n’a pas su user de toutes les leçons de bonne conduite qu’il a étalées dans son “livre” pour ne pas y étaler des choses non seulement privées mais qui, aussi, n’apportent rien à ses lecteurs qui n’ont aucunement besoin de savoir ce qui se passe dans la vie privée des gens, fussent-ils Présidents de la République, première dame du Sénégal…
Ce serait tout de même malhonnête de nier à Cheikh (pas au Cheikh cette fois-ci), sur toute la ligne, toute tentative de passer au crible la gouvernance du Président Macky Sall (avec des dénonciations) et de proposer des pistes pour un Sénégal meilleur (notamment avec son dernier chapitre). Mais il faut signaler que ces velléités, plausibles à la base, ont été entamées par une pédanterie agaçante et une condescendance que l’auteur n’a jamais réussi à cacher par un quelconque euphémisme.
C’est pour ainsi dire que les fruits n’ont tenu ni la la promesse de l’arbre réputé pour sa grandeur ni celle des fleurs qui avaient réussi à attirer toute l’attention des férues de lecture et celle des séide d’un homme dont le mythe est dans une phase d’effrondrement très avancée depuis fort longtemps.
Amadou SOKHNA, enseignant, écrivain