I. TROUBLES DE LA MOTILITÉ
Les troubles de la motilité peuvent être classés en trois catégories principales :
- Diminution de la force musculaire
- Modification du tonus musculaire
- Existence de mouvements anormaux
1.1 Diminution de la force musculaire
La diminution de la force musculaire est fréquemment synonyme de paralysie. Pour évaluer cette paralysie, il est essentiel de préciser son existence, son degré et sa topographie en examinant chaque segment des membres, en évaluant la force des groupes musculaires.
Méthodologie d’évaluation
- Au niveau de la cuisse :
- Paralysie des fléchisseurs : Évaluer en s’opposant à la flexion de l’extension.
- Paralysie des extenseurs : Évaluer en s’opposant à l’extension de la jambe.
Types de paralysie
- Selon le degré :
- Paralysies incomplètes (légères ou parésies) : Capacité de contraction partielle.
- Paralysies complètes : Absence totale de contraction volontaire.
- Selon le territoire atteint :
- Hémiplégique : Affecte un côté du corps.
- Paraplégique : Implique les deux membres inférieurs.
- Radiculaire : Concerne les muscles innervés par une même racine nerveuse.
1.2 Modification du tonus musculaire
Le tonus musculaire désigne l’état de contraction musculaire permanente qui persiste au repos. L’évaluation du tonus repose sur l’épreuve de mobilisation passive. La résistance ressentie lors de la flexion ou de l’extension de la jambe renseigne sur le tonus musculaire.
Anomalies du tonus
- Hypotonie : Tonus anormalement diminué.
- Hypertonie : Tonus anormalement augmenté.
Associations avec les paralysies
- Hypotonie avec paralysie : Donne une paralysie flasque.
- Hypertonie avec paralysie : Donne une paralysie spasmodique.
Troubles du tonus sans paralysie
- Hypotonie isolée : Souvent observée dans le tabès.
- Hypertonie isolée : Typique de la maladie de Parkinson.
1.3 Étude de la marche
L’analyse de la marche fournit des informations précieuses sur la force et le tonus musculaire des membres inférieurs, ainsi que sur le fonctionnement du système de coordination des mouvements (cervelet, noyaux gris centraux, cortex).
Types de démarches
- Démarche de gallinacé : Observée chez les paraplégiques.
- Démarche en fauchant : Caractéristique des hémiplégiques.
- Steppage : Typique des polynévritiques.
- Démarche soudée : Associée à la maladie de Parkinson.
1.4 Mouvements anormaux
Les mouvements anormaux comprennent plusieurs variétés :
a. Tremblements
- Définition : Mouvements involontaires, souvent rythmiques.
- Causes : Présents dans des affections neurologiques (maladie de Parkinson, sclérose en plaques), certaines intoxications, chez le vieillard ou en réponse à une émotion.
Caractéristiques des tremblements
- Amplitude : Faible ou grande.
- Type : Permanents ou intentionnels (lors d’un geste).
- Localisation : Généralisés ou localisés (par exemple, aux mains).
b. Convulsions
- Définition : Mouvements involontaires, brusques et intenses, de grande amplitude.
c. Mouvements choréiques
- Définition : Mouvements involontaires, rapides et illogiques, observés dans la chorée (maladie de Saint-Guy).
Autres mouvements anormaux
- Mouvements athétosiques : Rappellent les mouvements des tentacules de pieuvre.
- Fibrillations : Contractions musculaires involontaires.
- Spasmes : Contractions musculaires soudaines et intenses.
- Tics : Mouvements répétés et involontaires, souvent observés chez les enfants.
- Myoclonies : Contractions musculaires brusques et sporadiques.
II. TROUBLES DE LA SENSIBILITÉ
Les troubles de la sensibilité peuvent être classés en deux catégories :
2.1 Sensibilité subjective
La sensibilité subjective désigne les sensations anormales perçues par le patient, souvent sous forme de douleurs.
Caractéristiques à évaluer
- Siège : Localisation précise des sensations.
- Durée : Évaluation continue, intermittente, paroxystique ou en éclair.
- Types de sensations : Paresthésies (fourmillements, déchirements) et autres douleurs.
- Douleurs viscérales : Un type spécifique de troubles, comme les crises gastriques dans le tabès, caractérisées par leur début et leur fin brusques, leur intensité et les vomissements associés.
2.2 Sensibilité objective
La sensibilité objective comprend les troubles détectables par le médecin lors de l’examen clinique. La précision de cette évaluation dépend de la coopération du patient.
Évaluation de la sensibilité
- Sensibilité superficielle :
- Tact : Distinction entre une piqûre et un contact.
- Douleur : Provocation de douleur avec une épingle.
- Chaleur : Test des deux tubes (un chaud, un froid).
Types de troubles
- Anesthésie : Sensibilité abolie.
- Hyperesthésie : Sensibilité exagérée.
- Sensibilité profonde :
- Évaluation par pression sur les muscles du mollet.
- Sensibilité osseuse testée par un diapason.
- Reconnaissance des positions du gros orteil.
- Étude de la sensibilité viscérale et de la notion de poids.
III. TROUBLES DES RÉFLEXES
3.1 Généralités
Un mouvement réflexe est une contraction musculaire involontaire, déclenchée par une stimulation. L’influx nerveux suit un trajet spécifique, contournant la conscience et aboutissant à une réponse musculaire rapide.
3.2 Types de réflexes
1. Réflexes ostéo-tendineux
- Définition : Provoqués par la percussion d’un tendon ou d’un os.
- Exemple : Réflexe rotulien.
Importance clinique
- Abolition d’un réflexe : Indique une pathologie (tabès, poliomyélite, polynévrites).
- Exagération : Signe d’une lésion des centres nerveux.
2. Réflexes cutanés
- Définition : Provoqués par une stimulation cutanée.
- Exemple : Réflexe cutané plantaire, provoquant la flexion des orteils.
3. Réflexe pupillaire à la lumière
- Définition : Contraction de la pupille en réponse à un faisceau lumineux.
- Importance clinique : L’abolition de ce réflexe est un indicateur de syphilis nerveuse (syndrome d’Argyll-Robertson).
3.3 Troubles trophiques
Les troubles trophiques résultent de l’atteinte neurologique et sont des complications fréquentes. Ils affectent divers tissus :
- Peau : Mal perforant plantaire, escarres cutanées.
- Aponévroses et tendons : Rétractions entraînant des déformations (ex. pied en équin).
- Muscles : Atrophies musculaires.
- Articulations : Ankyloses et arthropathies spécifiques (ex. tabès).
Précautions cliniques
La prévention et la gestion de ces troubles doivent être une priorité pour les professionnels de santé, incluant des soins appropriés et une surveillance régulière des patients.
3.4 Troubles sphinctériens
Les troubles sphinctériens sont courants en cas de lésion cérébrale ou médullaire, affectant souvent les sphincters anal et vésical.
Types de troubles
- Rétention : Constipation et rétention d’urine.
- Incontinence : Souillures fréquentes, entraînant irritation cutanée.
Soins infirmiers
Maintenir la propreté des patients est crucial, et le rôle de l’infirmière est fondamental dans la gestion de ces troubles.